Le 17 mai marque chaque année la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. En France, l’association SOS Homophobie a publié cette semaine son rapport annuel, avec des résultats alarmants : pour la troisième année consécutive, les actes « LGBTphobes » sont en augmentation : +15 %. La hausse la plus inquiétante est celle des actes lesbophobes, qui ont crû de 42%. Et le milieu médical n’y échappe pas, mettant en péril la santé des trans et des femmes lesbiennes.
Médecin généraliste, laborantin, urgences… les témoignages dénonçant du personnel médical sont nombreux. Agathe, jeune femme trans de 22 ans, relate sa première rencontre avec un psychiatre au début de sa transition : « Il faisait tout pour me renvoyer à mon identité de garçon, alors qu’il savait très bien pourquoi j’étais là. Il m’appelait 'jeune homme', me disait que mon visage était de toute façon très masculin ». Rebelote quelques années plus tard chez un médecin généraliste : « Je me suis mise en sous-vêtements. Et là, la femme qui m’auscultait a commencé à se moquer de moi. Je prenais des hormones depuis peu de temps alors elle s’est moquée de ma petite poitrine. Elle m’a aussi dit que je devais me sentir serrée dans mes sous-vêtements féminins. » Des remarques dévastatrices pour les patients trans : ils se voient reniés dans leur identité, renvoyés à une apparence physique qui ne reflète pas ce qu’ils sont.
Les patientes lesbiennes, elles aussi, souffrent de l’incompréhension – volontaire ou non – du personnel médical. Ainsi de Joséphine, âgée de 31 ans : « Je parlais à mon généraliste de mes troubles du sommeil. Ils avaient empiré depuis que ma petite amie s’était installée à Boston. Il m’a rétorqué : ‘attendez, il faut voir la source de vos problèmes. Vous êtes lesbienne par dégoût ou bien par peur des hommes ?’ », rapporte-t-elle. Après cette consultation, Joséphine cesse de voir ce docteur ou tout autre. « Pendant longtemps, même si j’étais malade je n’allais plus voir le médecin. Je n’avais plus confiance. »
Plusieurs patients LGBT renoncent ainsi à leur santé afin de s’éviter des expériences désagréables, voire humiliantes. « Certains patients gay, lesbiennes, bi, trans… sortent du parcours de soin pour ne pas être confrontés à des soignants LGBTphobes, regrette Baptiste Beaulieu, médecin généraliste. Forcément, ça retarde le diagnostic. Donc pour certaines pathologies, il y a une chance de guérison moindre… et une perte d’espérance de vie. »
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