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Journalisme : faut-il relire Albert Londres??

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Référence fondamentale de tous les reporters français, Albert Londres fit plusieurs séjours en Afrique et porta un regard sans concession sur la colonisation. Sans pour autant éviter tous les a priori d’une époque.

Albert Londres est une référence du journalisme français. Passé à la postérité depuis sa mort en 1932 à l’âge de 47 ans au large de l’océan Indien, son nom est associé à un prix récompensant chaque année les meilleurs reporters de la presse écrite et de l’audiovisuel. La parution de Grands Reportages à l’étranger permet de confronter le mythe à la réalité.

En Chine, à Buenos Aires, en Afrique-Occidentale française (AOF) et en Afrique-Équatoriale française (AEF), à la rencontre des communautés juives d’Europe centrale et de Palestine, dans la Corne de l’Afrique, dans les Balkans, ces séries de reportages publiés entre 1922 et 1932 font écho à l’actualité. Ils ont valeur de témoignages à double titre : en tant que regard sur le passé et regard sur le regard d’une époque.

Auteur, dans sa jeunesse, de plusieurs recueils de poèmes et d’une pièce de théâtre, Albert Londres se situe à la lisière du reportage et du roman. Ainsi se plaît-il à se mettre en scène dans le rôle du « Français moyen », râleur et candide, aux prises avec des climats, des coutumes, des organisations sociales dont il portraiture l’exotisme. Une façon de transporter les lecteurs, encore vierges des images de la télévision, dans des mondes lointains et inconnus.

L’art d’Albert Londres de jouer avec les codes de son temps est aussi une de ses limites. On le constate dans Terre d’ébène, reportage sur l’Afrique colonisée, à laquelle on s’intéressera particulièrement. D’abord paru en 1928 sous forme de feuilleton dans le quotidien Le Petit Parisien, il porte la patte Albert Londres : sa façon de mêler information et anecdotes, son style alerte, son humour parfois déroutant et son engagement.

Paternalisme colonial

Dans la préface du livre collectant les articles et paru pour la première fois en 1929, Albert Londres édicte une profession de foi devenue un classique : « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Appliquons le précepte de Londres à Londres. Une des « plaies » de son point de vue journalistique se lit d’emblée dans le titre original de la chronique : « Quatre mois parmi nos Noirs d’Afrique ». « Nos » Noirs sont dépeints à coups de caricatures et de considérations portant le sceau du racisme d’une époque.

Outre des phrases essentialisantes et dévalorisantes (« quand le nègre est triste, il meurt », « est-il, sur terre, meilleur animal ? », etc.), son article consacré à son « boy », Birama, nous plonge dans une version bis de Tintin au Congo : la description qu’il en offre est tellement grossière qu’on hésite à y lire les traces d’un humour douteux. Selon Londres, il n’y a « pas plus nègre que lui. Sa face semblait résumer si bien toutes les races de Noirs qu’à la fin je l’appelai le Nègre-Réuni ».

Tout dans cet article à l’intérêt journalistique discutable nous donne à voir un grand enfant sous le regard mi-condescendant, mi-amusé de son maître. De la même manière, l’ombre du paternalisme colonial se propage à des degrés divers dans sa vision des pays que le reporter traverse et des populations qu’il rencontre.

Travaux forcés

Albert Londres n’est pas en avance sur son temps. C’est paradoxalement ce qui rend son texte d’autant plus puissant. Ce n’est pas un militant qui s’exprime, c’est un homme choqué par la violence du système colonial en branle devant lui. Que voit-il ? « L’esclavage, en Afrique, n’est aboli que dans les déclarations ministérielles d’Europe », écrit-il. Le nouveau nom des esclaves : les captifs, ou ouolosos. Ce qui conduit Londres à poursuivre : « L’Afrique est encore captive. Pour un homme libre, il est quinze ouolosos. » Si la condition des Noirs en Afrique est contrastée, elle est toujours inférieure, inféodée au pouvoir blanc.

Lire la suite sur  http://www.jeuneafrique.com/mag/457329/culture/journalisme-faut-relire-albert-londres%E2%80%89/?utm_source=Facebook&utm_medium=JeuneAfrique&utm_campaign=PostFB_21072017 

 

 
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