Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) dénonce, dans un communiqué, la détention préventive prolongée en Haïti, rapporte ONU Info.
Selon ce rapport de juin 2021, 82% des quelque 11.000 personnes dont des enfants, détenues dans le pays des Caraïbes appartenaient à cette catégorie.
Ce rapport indique que le Bureau d’assistance légale (BAL) qui est une initiative du PNUD, du BINUH et du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique d’Haïti, a en 2021, travaillé de concert avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) sur les cas de 121 personnes (112 hommes et 9 femmes) dont 67 ont retrouvé leur liberté. Parmi ces personnes libérées, se trouvait un adolescent haïtien du nom Renel, détenu sans jugement pendant trois ans après avoir été accusé à tort d’avoir volé deux canards à un commerçant local.
« Un jour, quand j’avais 15 ans, j’ai décidé d’assister à un festival dans ma ville après l’école pour m’amuser avec mes amis. Une fois là-bas, un commerçant local que je connaissais de vue est soudainement arrivé et il a commencé à me crier dessus très en colère. Quelqu’un lui avait volé deux canards et il pensait que c’était moi. J’ai essayé de lui expliquer qu’il s’agissait d’un malentendu, mais il m’a soudainement giflé au visage, me laissant complètement abasourdi. Par la suite, tout ce dont je me souviens c’est qu’il m’a traîné par le poignet jusqu’au commissariat des Cayes », raconte cet adolescent.
Il a ajouté qu’après avoir entendu les accusations de vol contre lui, un policier l’a violemment battu et l’a fait attendre tout seul dans une salle pendant des heures sans autre explication. Ensuite, il été transféré dans une cellule. « La porte s’est refermée derrière moi. Cela m’a rempli de terreur. Ils m’ont mis derrière les barreaux dans une cellule pleine d’hommes. C’était le début d’un séjour en prison qui a duré trois ans sans aucun jugement », explique Renel.
Pour le BINUH, Renel a été victime de ce que les Nations Unies dénomment « détention préventive excessive et arbitraire » parce que cette pratique est considérée comme une forme souvent négligée de violation des droits de l’homme qui affecte des millions de personnes dans le monde. Cette pratique cause et aggrave également la pauvreté, entrave le développement économique et entrave l’Etat de droit, souligne l’Onu.
« C’était facile de voir la gravité du cas de Renel. Il avait été emprisonné pour un délit mineur alors qu’il était encore enfant. Il s’apprêtait à passer sa jeunesse derrière les barreaux d’une cellule sans que personne ne s’occupe de sa défense légale », a déclaré Wegbert Chery, responsable d’évaluation au PNUD.
« Je savais par expérience que la détention provisoire prolongée existait en Haïti, mais cet enfant était si incroyablement vulnérable aux failles du système que j’ai décidé de porter immédiatement l’affaire à l’attention du Bureau d’assistance légale », a-t-il fait remarquer.
Après sa libération, Renel a fait savoir que les enfants ne devraient pas être en prison. « Après trois ans de prison, j’ai réalisé que j’avais oublié le chemin qui menait jusqu’à la maison de ma mère. Les enfants devraient être à l’école, pas en prison », a-t-il plaidé.
Mis en œuvre par le PNUD, ONU Femmes et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le BAL se focalise sur la réduction de la durée de la détention des suspects dans les commissariats et dans les centres de détention, ainsi que sur la décongestion des tribunaux et la protection et la préservation des droits des victimes et des témoins. Le BAL vise notamment à limiter le recours excessif aux mesures privatives de liberté.
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