L’offensive russe en Ukraine pourrait provoquer une « augmentation mondiale de la malnutrition et de la famine », alors que les taux mondiaux de faim et de famine ont augmenté au cours des trois dernières années, a alerté l’Organisation des Nations Unies.
Dans un communiqué publié vendredi 18 mars 2022, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, Michael Fakhri a fustigé ce fait. « Avec l’invasion russe, nous sommes maintenant confrontés au risque d’une famine et d’une famine imminentes dans davantage d’endroits dans le monde », a-t-il noté. Il a exhorté Moscou à « arrêter immédiatement les attaques militaires contre l’Ukraine, avant qu’il n’y ait de profondes conséquences mondiales et à long terme sur la sécurité alimentaire de chacun ».
L’Ukraine et la Russie sont deux des cinq premiers exportateurs de céréales au monde. « Selon certaines estimations, c’est la sécurité alimentaire mondiale qui est en jeu, puisque le commerce agricole mondial concerné représente près de 1.800 milliards de dollars », a fait valoir le rapporteur spécial.
D’ores et déjà, les effets immédiats du conflit sur l’alimentation se font sentir en Égypte, en Turquie, au Bangladesh et en Iran, qui achètent plus de 60% de leur blé à la Russie et à l’Ukraine. De leur côté, le Liban, la Tunisie, le Yémen, la Libye et le Pakistan dépendent aussi fortement de ces deux pays pour leur approvisionnement en blé.
Avec des prix alimentaires mondiaux qui n’ont jamais été aussi élevés, le Programme alimentaire mondial (PAM) est également préoccupé par l’impact de la crise ukrainienne sur la sécurité alimentaire dans le monde, en particulier dans les points chauds de la faim.
Respectivement, premier et quatrième exportateurs mondiaux de blé, la Fédération de Russie et l’Ukraine sont des acteurs essentiels pour assurer la sécurité alimentaire de nombreux pays dans le monde. Ensemble, « les deux pays sont responsables de 29% du commerce mondial du blé », a rappelé le coordinateur d’urgence du PAM pour la crise en Ukraine, Jakob Kern.
Selon l’indice des prix alimentaires de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix mondiaux des aliments et des carburants ont fortement augmenté depuis le début du conflit – atteignant un niveau record en février 2022. Le prix du blé a augmenté de 24% du 21 février au 15 mars.
“En 2021, la Russie était le premier exportateur d’engrais azotés et le deuxième fournisseur d’engrais potassiques et phosphorés”, rappelle également la FAO. Quelque “40% de l’approvisionnement européen en gaz provient actuellement de Russie”, qui fournit “25% de l’approvisionnement européen” en azote, potasse et phosphate, alertait le 1er mars, Svein Tore Holsether, patron du Norvégien Yara, le premier producteur mondial d’engrais azotés minéraux.
L’Union européenne consomme chaque année “plus de 11 millions de tonnes d’azote de synthèse”, selon un récent rapport de députés européens écologistes. Elle dépend donc de la Russie à la fois pour son gaz et ses importations directes de fertilisants, le Brésil restant le premier importateur d’engrais azotés russes.
L’invasion russe en Ukraine a déjà pour conséquence la flambée continuelle des prix du gaz naturel, des engrais minéraux, des céréales et de bien d’autres denrées alimentaires.
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