Facebook a fait de Brian Acton un multi-milliardaire (3,6 milliards, pour ceux qui comptent). Mais en vendant WhatsApp, qu’il a cofondé avec Jan Koum, à Mark Zuckerberg, l’ingénieur américain a visiblement l’impression d’avoir vendu son âme au diable. Il exprime ses regrets dans un long portrait publié par le magazine Forbes.
« Au bout du compte, j’ai vendu mon entreprise. J’ai vendu la vie privée de mes utilisateurs pour un plus grand profit. J’ai fait un choix et un compromis, et je dois vivre avec cette décision chaque jour », regrette-t-il.
« Coaché » pour obtenir le feu vert de Bruxelles
Un épisode semble être particulièrement resté en travers de la gorge de cet ancien de Yahoo : le processus pour obtenir le feu vert de l’Union européenne au rachat. « On m’a coaché pour que j’explique que ça serait très compliqué de fusionner les données entre les deux systèmes [de WhatsApp et de Facebook] ».
Son compère Jan Koum s’y oppose mais Facebook trouve une solution technique via un identifiant unique de chaque téléphone pour créer une passerelle entre les comptes Facebook et WhatsApp. En douce, l’entreprise modifie la charte d’utilisation et commence à collecter des données. Cela lui vaut, en mai 2017, une amende de 110 millions d’euros de Bruxelles.
Zuckerberg et le duo n’étaient pas sur la même longueur d’onde sur la façon de monétiser WhatsApp, racheté par Facebook pour 22 milliards de dollars. Acton et Koum militaient pour faire payer l’utilisateur au-delà d’un certain nombre de messages. Mark Zuckerberg, lui, voulait de la publicité. Et il a gagné : selon le Wall Street Journal, WhatsApp commencera à afficher des annonces en 2019.
« Manque total de classe », selon le patron de Messenger
Brian Acton a claqué la porte en septembre dernier, laissant au passage sur la table 850 millions de dollars en action Facebook. Jan Koum suivra quelques mois plus tard. Acton s’est vengé en investissant 50 millions de dollars dans la messagerie Signal, puis en tweetant « #DeleteFacebook » lors du scandale Cambridge Analytica.
Tout le monde n’apprécie pas ses remords. « Attaquer les personnes et l’entreprise qui ont fait de vous un milliardaire, et qui ont fait un effort sans précédent pour vous protéger et satisfaire à tous vos besoins, est un manque total de classe », riposte le patron français de Messenger, David Marcus. Après le départ des fondateurs d’Instagram, l’heure est visiblement aux règlements de comptes.
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