Les autorités maliennes ont fustigé, dimanche, la "posture néocoloniale, paternaliste et condescendante" d'Emmanuel Macron, réagissant à son discours en Guinée Bissau, le 28 juillet. Le président français avait critiqué les choix "inefficaces" de la junte pour lutter contre le terrorisme.
"Nul ne peut aimer le Mali mieux que les Maliens". Les autorités de transition maliennes se sont livrées, dimanche 31 juillet, à une attaque en règle contre le président français, Emmanuel Macron, dont ils ont exigé qu'il en finisse avec "sa posture néocoloniale" et taise ses critiques contre l'armée malienne.
"Le gouvernement de transition exige du président Macron d'abandonner définitivement sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante", a déclaré à la télévision publique le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, réagissant aux propos tenus, jeudi, à Bissau, par Emmanuel Macron.
Évoquant le Mali, confronté à une grave crise sécuritaire et théâtre de deux coups d'État militaires en 2020 et 2021, Emmanuel Macron a estimé que la responsabilité des États ouest-africains était d'œuvrer pour que "le peuple malien puisse (...) exprimer sa souveraineté populaire" et "bâtir le cadre de stabilité" permettant de "lutter efficacement contre les groupes terroristes".
"Puisque force est de constater que les choix faits par la junte malienne aujourd'hui et sa complicité de fait avec la milice Wagner sont particulièrement inefficaces pour lutter contre le terrorisme, ça n'est d'ailleurs plus leur objectif et c'est ce qui a présidé à notre choix de quitter le sol malien", a-t-il ajouté.
La force française Barkhane est en train de plier bagages au Mali.
Bamako, de son côté, a toujours réfuté avoir fait appel au groupe paramilitaire russe Wagner, présent au Mali sur une "base commerciale" selon la Russie.
Dimanche soir, Abdoulaye Maïga a aussi critiqué des "accusations erronées" de la part d'Emmanuel Macron "malgré les démentis" du Mali.
Bamako a également condamné "avec la dernière rigueur" les propos "haineux et diffamatoires" du président Macron alertant sur les exactions imputées à l'armée malienne contre des membres de la communauté peul lors de récentes opérations.
L'armée malienne et les paramilitaires russes ont été notamment accusés de s'être livrés à un massacre de civils dans la localité de Moura (centre) où, selon l'ONG Human Rights Watch, quelque 300 civils auraient été exécutés fin mars.
Ces "accusations graves" d'Emmanuel Macron sont de nature à "susciter la haine ethnique" au Mali où, reconnaît Bamako, "ces dernières années le tissu social a été dégradé à cause des conflits communautaires".
"Il est important que le président Macron se remémore constamment le rôle négatif et la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda", a dit le porte-parole Maïga.
Les relations entre Paris et Bamako se sont fortement dégradées depuis un an. Après neuf ans de présence militaire au Mali, via l'opération Serval puis Barkhane, la France a été poussée vers la sortie par les autorités militaires maliennes, six mois après l'arrivée des paramilitaires du groupe Wagner.
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