Le spécialiste anglais Matthew Landrus estime que l'élève du maître italien, Bernardino Luini, aurait réalisé 80% des œuvres attribuées à Vinci. Le tableau représentant le Christ, acheté par un prince saoudien pour le compte du Louvre Abu Dhabi, avait battu tous les records de vente en novembre chez Christie's.
La Joconde, La Dame à l'hermine, le Saint Jean-Baptiste n'auraient rien à craindre du Salvator Mundi, dernier tableau attribué à Leonard de Vinci. Selon l'historien d'art anglais Matthew Landrus, la représentation du Christ, vendue un prix astronomique en novembre, ne serait pas - ou très marginalement - de la main du génie de la Renaissance. Il l'attribue à l'assistant du maître italien, Bernardino Luini.
La peinture, datée entre 1506 et 1513, a été vendue le 15 novembre 2017 pour la somme historique de 450 millions de dollars par un prince saoudien pour le compte du tout nouveau musée du Louvre Abu Dhabi. Attribuée à Léonard de Vinci, elle sera exposée dans les galeries du musée conçu par Jean Nouvel, dès septembre, avant d'être présentée au public au Louvre de Paris, dans le cadre d'une rétrospective qui s'annonce déjà comme historique. «C'est un tableau de Luini, affirme Matthew Landrus au Guardian. En regardant les différentes réalisations des élèves de Léonard de Vinci, on peut voir la patte de Luini dans le Salvator Mundi.»
Le style de Luini dans le Salvator Mundi
Le spécialiste explique qu'il peut prouver sa théorie en comparant le tableau Le Christ entouré de médecins de Bernardino Luini avec le Salvator Mundi. Il reconnaît notamment le style du peintre dans les coutures dorées des robes drapées. «Le visage du Christ est également très similaire à ses autres tableaux, ajoute-t-il. Même si le style de la coupe de cheveux est différent, l'approche est la même.»
L'historien anglais certifie que seulement 5 à 20 % des œuvres attribuées à Leonard de Vinci sont réellement de lui. Bernardino Luini en aurait réalisé l'immense majorité. Un autre assistant, Giovanni Antonio Boltraffio, aurait également participé à la réalisation de l'œuvre.
Dans le catalogue d'une exposition organisée à Londres, le conservateur du Met Luke Syson avait attribué le Salvator Mundi à Leonard de Vinci. Certains étaient déjà réticents à cette idée. Charles Hope, autre spécialiste de la Renaissance italienne, estimait en 2012 que le Salvator Mundi était «bien différent» de ses autres peintures du maître. «On peut l'appeler une création du Studio Leonard», confie aujourd'hui Matthew Landrus.
«On peut l'appeler une création du Studio Leonard»
Le Salvator Mundi avait été attribué à Bernardino Luini en 1900 lorsqu'il a été acquis par Charles Robinson. Un choix «bien plus raisonnable» selon le professeur au Wolfson College d'Oxford. Il a publié plusieurs livres sur Léonard de Vinci. Son ouvrage Les Trésors de Léonard de Vinci, publié en 2006 à 200.000 exemplaires, sera réédité en septembre.
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