Pour la première fois, le Conseil de sécurité à l'ONU a sanctionné, jeudi, six chefs de réseaux de trafics d'êtres humains actifs en Libye. Des sanctions essentiellement dissuasives -gels des comptes bancaires et interdictions de voyager- mais qui s'appliquent immédiatement.
Un arrêté du ministère français de l'Economie et des Finances a d'ailleurs annoncé leur mise en application ce vendredi 8 juin. Ces sanctions sont une première pour l'ONU, qui considère désormais le trafic d'êtres humains comme un crime international.
« Sur le plan de l’action des Nations unies et de leur compétence, on a franchi un pas, puisque c’est l’ONU qui décide de sanctions à l’égard de personnes, explique Delphine Perrin, chercheur au LPED, le Laboratoire Population Environnement Développement de l'IRD, l'Institut de recherche pour le développement.
Pour cela, il faut que le Conseil de sécurité ait reconnu une menace à la paix internationale et agir sur la base du chapitre 7. Ce qui n’avait jamais été fait pour le trafic de migrants, pointe la chercheur. Là, on a la confirmation que le trafic de migrants est considéré non seulement comme un crime – ce qui était déjà le cas depuis des protocoles adoptés en 2000 – mais comme un crime international, au même titre que le terrorisme et la piraterie. »
Delphine Perrin souligne qu’en trois ans, la situation a bien évolué. « En 2015, l’UE avait voulu faire reconnaître ce trafic de migrants comme une menace à la paix internationale et obtenir l’autorisation du Conseil de sécurité pour mener une opération militaire navale dans les eaux territoriales libyennes et lutter contre le trafic de migrants. Et cela lui avait été refusé. Donc on voit qu’il y a eu une évolution importante. Probablement liée à la diffusion de la vidéo de CNN de novembre 2017, montrant une vente aux enchères. »
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