Un couple originaire de Limoges a été interpellé début octobre après avoir écoulé des billets provenant du pillage d'une banque de Benghazi en Libye où Mouammar Kadhafi avait déposé une partie de sa fortune, raconte Le Parisien.
Placés en garde à vue, l'homme et la femme âgés respectivement de 39 et 42 ans ont ensuite été placés sous contrôle judiciaire.
Des rebelles avaient attaqué et pillé cette banque de la deuxième ville du pays en 2017, six ans après la mort Mouammar Kadhafi, alors que le pays était déjà en pleine guerre civile.
Les 160 millions d'euros étaient répartis en coupures de 100 et 200 euros, imprimées en Allemagne en 2010 sur demande du dictateur. Mais les enquêteurs ne sont toujours pas parvenus à identifier la raison de cette opération.
L'armée nationale libyenne dirigée par le maréchal Khalifa Haftar se servira d'une partie de la somme pour « acheter des armes, du matériel. Cet argent a aussi été vite dilapidé ou placé dans d'autres banques en sécurité », précise une source proche de l'enquête au Parisien.
Mais sur les 160 millions d'euros, la moitié s'est retrouvée immergée sous l'eau par le système de défense des coffres, touchés par des bombardements.
Pendant de longs mois, les billets sont restés trempés, faisant apparaître des traces de moisissures et se retrouvent de fait beaucoup plus compliqués à écouler.
« En plus d'être un peu effacés ou noircis, certains sont comme du parchemin, car pour les nettoyer ou les décoller, des produits abrasifs ont été utilisés », poursuit la source. Mais une filière parallèle se met en place. Les grosses coupures en très mauvais état sont vendues au rabais à la mafia turque, « entre 20 et 40 % de leur valeur faciale ».
En quelques mois, les billets sont aperçus en Allemagne dans un premier temps, avant de faire leur chemin en Europe.
« Ils étaient écoulés en très petites quantités, mais par de très nombreuses personnes dans un laps de temps très court. La plupart du temps par des ressortissants turcs », précise la source.
Par la suite, les billets seront aussi revendus par d'autres filières, cette fois-ci entre 50 et 75 % de leur valeur faciale.
Après une enquête de l'ONU et de la banque centrale européenne, ces billets sont interdits et les banques ont pour ordre de ne plus les accepter. Mais des personnes parviennent tout de même à tromper la vigilance de certains banquiers avec des petits dépôts.
En janvier 2020, un habitant de Limoges est contrôlé en Belgique avec 15 000 euros de grosses coupures moisies et le lien avec le pillage de Benghazi est rapidement établi. Les enquêteurs finissent par remonter jusqu'à sa maîtresse.
Travaillant sur un marché, cette dernière réussit à déposer régulièrement les billets abîmés à la banque, invoquant des accidents avec les produits qu'elle manipule au quotidien. 20 000 euros sont retrouvés chez elle et les enquêteurs découvrent que 40 000 euros avaient déjà été blanchis au cours de l'année.
Son compagnon, lui, avait pour mission de se rendre dans des pays où les banques sont moins strictes.
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