En Jordanie, de nombreux syndicats appellent à la grève, ce mercredi 30 mai. Notamment les syndicats des ingénieurs, des avocats, des journalistes et des infirmiers. Les grévistes protestent contre la hausse des impôts.
Trop d’impôts tuent l’impôt. C’est ce que disent en substance les syndicats. D’après eux, la Jordanie est arrivée à un point où le niveau de prélèvement décourage les investisseurs et les entrepreneurs. Ils craignent donc un ralentissement de l’activité économique et une hausse du chômage.
Ces syndicats critiquent plus spécifiquement un projet de loi sur la fiscalité. Ce projet de loi a été présenté par le gouvernement la semaine dernière. Le texte prévoit notamment une hausse des impôts sur les profits des banques, des compagnies d’assurance et des industries minières. Il prévoit aussi d’augmenter le nombre de ménages qui contribueront à l’impôt sur le revenu et de punir plus sévèrement ceux qui fraudent le fisc.
Les classes populaires et moyennes en première ligne
Les syndicats critiquent le fait que le gouvernement cible en priorité les classes populaires et les classes moyennes dans ce projet de réformes. Ils estiment que le gouvernement devrait, en premier lieu, faire des efforts lui-même pour réduire les dépenses publiques inutiles et la gabegie.
« Les gens demandent des mesures pour lutter contre la corruption pour rendre le gouvernement plus efficace, pour avoir un gouvernement de taille correcte. Il y a tant de mesures à prendre, explique Mohammed Abu Afifeh, secrétaire général du syndicat des ingénieurs en Jordanie.Je pense qu’il y a du gâchis et la plupart des Jordaniens ne voient pas ce qui est fait pour combattre la corruption. Le gouvernement ne devrait pas se servir dans le porte-monnaie des Jordaniens. »
Une réforme injuste, selon les syndicats
Les syndicats estiment également que le projet de réforme fiscale est particulièrement injuste, parce que les Jordaniens ont déjà été mis à contribution à de nombreuses reprises ces derniers mois.
Les autorités ont cessé de subventionner le pain en janvier dernier. Les prix des galettes ont fortement augmenté, certaines ont même doublé. Les prix des carburants montent en flèche en Jordanie : +6% en avril, +2% en février. Amman est la ville la plus chère du monde arabe, d’après le rapport du groupe de recherche The Economist publié cette semaine et pourtant, les salaires ne sont pas très élevés. Près de 15% des Jordaniens vivent sous le seuil de pauvreté.
Fort endettement
Face aux syndicats qui organisent ce mouvement de grève ce mercredi, le gouvernement jordanien met en avant des chiffres. Il affirme que la dette publique s’élève aujourd’hui à 95% du produit intérieur brut et que 4 à 5% seulement des Jordaniens paient des impôts sur le revenu.
Le gouvernement veut donc demander à une frange plus large de la population de contribuer pour réduire le poids de la dette. Le Premier ministre a par ailleurs repoussé la session extraordinaire du Parlement pour donner plus de temps au débat avant l’examen du projet de loi à la chambre basse. Un examen qui aura donc lieu après le mois de ramadan.
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