Au lycée, je ne suis pas un très bon élève et je passe plus de temps à m’amuser qu’à étudier. En 1999, mon grand-père, Nelson Mandela, lit une de mes frasques dans le journal.
J’ai 11 ans quand ma vie bascule. Mon grand-père, après être sorti de prison, offre à mon père la possibilité de reprendre ses études. Je pars donc m’installer dans la maison de mon grand-père et j’y reste pendant la majeure partie de mon adolescence. Sans surprise, il est très à cheval sur ma scolarité mais moi, pas vraiment. Après plusieurs changements d’établissement et des notes assez moyennes au collège, j’arrive au lycée, plus dissipé que jamais.
A quelques semaines de passer le matric, l’examen de fin d’études en Afrique du Sud, je décide avec deux copains d’aller fumer un pétard après les cours. Nous portons encore notre uniforme de lycéens et nous filons à quelques rues de l’école pour rouler notre joint à l’abri des regards. Personne ne nous surprendra, j’en suis persuadé. Manque de bol, un camarade de classe fâché depuis peu avec l’un de mes cousins passe par là et nous voit. Il s’empresse d’en informer le proviseur.
Le lendemain, je suis convoqué dans son bureau. Je tente de le convaincre que c’est une simple cigarette et non pas de la marijuana. En vain. Un de mes amis finit par cracher le morceau. Je suis renvoyé pendant une semaine. C’est le drame. Mon grand-père ne doit en aucun cas l’apprendre. Mon père, Makgatho Mandela, au courant de l’histoire, accepte de ne rien lui dire. Je vais m’en tirer. Je respire à nouveau.
Après tout ce que je t’ai enseigné, Ndaba, je n’arrive pas à croire que tu puisses agir de la sorte
Chaque matin, mon grand-père a pour habitude de lire soigneusement tous les journaux sud-africains. Le samedi suivant l’incident, l’histoire paraît dans un quotidien local. Le journaliste n’a pas cité mon nom, mais la description qu’il fait de moi est telle que mon grand-père me reconnaît sans l’ombre d’un doute. Il n’est pas du genre à se mettre en colère mais il m’appelle pour me faire part de sa déception. Le vieil homme me dit : « Après tout ce que je t’ai enseigné, Ndaba, je n’arrive pas à croire que tu puisses agir de la sorte. »
Son chagrin m’atteint bien plus que de la colère. Je suis dévasté. Pour la première fois, je prends conscience du poids de mon nom de famille. De la responsabilité qui pèse sur mes épaules. Il ne me suffit plus de profiter des privilèges avec lesquels je suis né, je dois aussi m’en montrer digne. Par l’exemple et par les actions. Et peut-être un jour entrer en politique et devenir président à mon tour. C’est le jour où je réalise que je suis un Mandela.
Ndaba Mandela est né le 19 décembre 1982 alors que son grand-père était encore en prison. Après des études en sciences politiques et en relations internationales à l’université de Pretoria, il crée la fondation Africa Rising. Son livre « Le courage de pardonner » est sorti en français aux éditions Marabout en janvier.
« L’un des avantages d’être le petit-fils de Nelson Mandela, c’est que toutes les stars voulaient rencontrer mon grand-père lorsqu’elles étaient en Afrique du Sud. Michael Jackson, Janet Jackson, Lennox Lewis et même Fidel Castro ! Du coup, je les ai tous vus moi aussi ! »
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