Les autorités nigérianes luttent sans répit contre les raffineries de pétrole illégales qui se multiplient dans la région du delta du Niger. France 24 a suivi une patrouille de police qui traque les contrebandiers.
Au Nigeria, des raffineries illégales se montent un peu partout dans le pays pour contourner les prix exorbitants de l’essence fixés par le gouvernement. Le pays, qui couvre 70 % de son budget grâce à ses revenus pétroliers, s’est donc lancé dans une chasse sans relâche contre ce marché noir. France 24 a suivi la patrouille d'une organisation paramilitaire habilitée à traquer les contrebandiers. Reportage.
Un petit groupe paramilitaire est en alerte permanente. Il assure la protection d'installations pétrolières dans le Delta du Niger, au sud du Nigeria. Helen Amakiri est la commandante de l’unité "Civil Defense Corps". Avec son équipe, elle passe l’essentiel de son temps à fermer des raffineries illégales.
Devant une usine désaffectée dans laquelle du pétrole brut volé est transformé en carburant, la chef de patrouille ne cache pas son impuissance. L’équipe arrête les petites mains mais se montre incapable de mettre la main sur les propriétaires de ces établissements illégaux. "Les propriétaires sont des gens riches. Et je vais vous dire, si j'avais pu, j'aurais mis cet endroit sous scellés et j'aurais plaçé mes agents ici, assure-t-elle. Car les contrebandiers ont fait plusieurs tentatives pour revenir et redémarrer leurs affaires". Les raids de ce type sont quasiment quotidiens. Et ce sont à chaque fois des opérations dangereuses à mener.
La contrebande ne risque pas de s’arrêter de sitôt. Les propriétaires des raffineries illégales réalisent des chiffres d'affaires mensuels qui se comptent en millions d'euros. Et à chaque fois qu'une raffinerie est fermée dans un endroit, une autre se monte aussitôt ailleurs.
Pour venir à bout du phénomène, certains intellectuels militent pour la légalisation des raffineries illégales. "Cela permettra à court terme de générer plus d’un million d’emplois pour la jeunesse du pays, favorisera un autre boom pétrolier et le pays aura la chance d’exporter son pétrole raffiné excédentaire pour accumuler plus de devises", estime Godwin Igwe, directeur du centre du gaz, du raffinage et de la pétrochimie de l’Institut des ressources pétrolières à l’Université de Port-Harcourt, sur le site de l'agence Ecofin. Pour lui, "il revient donc au gouvernement de fournir aux communautés des régions pétrolifères de notre pays une source durable de revenus. C’est une belle manière de pallier la crise actuelle."
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article