La première surprise est venue au milieu du discours. Donald Trumpaffirme que les succès économiques de l’Amérique profitent surtout aux femmes, lesquelles ont «pourvu 58% des nouveaux postes créés depuis un an». Hilarité chez les nouvelles députées démocrates, qui ont été élues... contre lui, en novembre dernier aux élections de mi-mandat. Certaines se lèvent, moquant ouvertement le président, mais ce dernier sourit et retourne la situation à son avantage. «Vous n’étiez pas censées faire ça», leur lance-t-il, avant de louer le nombre record de femmes siégeant au Congrès depuis les «midterms», comme s’il était le responsable de cette bonne nouvelle... Cette fois tout le monde rit, à gauche comme à droite. Pas pour les mêmes raisons certes, mais c’est du jamais vu.Puis, vers la fin de son discours, Trump évoque Judah Samet, qu’il a invité dans la salle. Ce survivant de l’Holocauste a échappé par miracle à la fusillade de la synagogue de Pittsburgh (11 morts), le 27 octobre dernier. «Il fête aujourd’hui ses 81 ans», félicite Trump. Et toute l’assemblée de chanter «happy birthday», provoquant l’hilarité de l’octogénaire... Trump rit à son tour ouvertement... L’espace d’un instant, l’atmosphère dans le Capitole devient légère. Comme si le rire était le seul remède contre la tension qui règne dans cette Amérique plus divisée que jamais.
Trump a provoqué des hauts le cœur sur les bancs l’opposition
Hier soir, pour son premier discours de L’Etat de l’Union en période de «cohabitation» avec une majorité démocrate à la chambre des représentants, on attendait un bain de sang. Deux heures avant le discours, le «New York Times» annonçait que Trump n’était pas content du discours «trop gentil avec les démocrates» que ses conseillers lui avaient préparé. Il faut croire qu’il s’est finalement laissé convaincre car il a délivré un discours plutôt bipartisan, «au-dessus des partis». A plusieurs reprises, il en a appelé à «l’unité» et â la «conciliation» , rappelant les grandes heures de l’Amérique quand elle sut surmonter ses divisions pour, par exemple, voter la fin de l’esclavage.Mais Trump a aussi provoqué des hauts le cœur sur les bancs l’opposition. Il a affirmé notamment que le «miracle économique» américain était menacé par les «investigations ridicules et partisanes», visant sans la citer l’enquête russe menée par Robert Mueller. Derrière lui, Nancy Pelosi, la «speaker» (présidente) démocrate de la chambre des représentants, se retenait à peine de lever les yeux au ciel. Quand il est passé à l’un de ses sujets préférés, l’immigration, il a évoqué les «assauts» des caravanes de migrants contre l’Amerique, suscitant des grognements sur les bancs démocrates. Mais la même Nancy Pelosi a fait un petit signe de la main pour calmer ses troupes . Juste avant le discours, elle avait prévenu : «l’ordre régnera dans la chambre». Elle avait pris soin de briefer les nouveaux élus pour éviter les débordements qui auraient pu se retourner contre les démocrates.Pour Trump l’exercice était difficile et il s’en est plutôt bien tiré, sans jamais oublier sa base. Pour soigner ses soutiens évangéliques, il a demandé au Congrès de voter une loi contre «l’avortement tardif» qui n’a aucune chance de passer tant que les démocrates ont la majorité. Il a aussi fait la promotion du congé parental en lançant un sourire appuyé à sa fille Ivanka dont c’est le sujet fétiche. Il a martelé qu’il fera «construire le mur», coûte que coûte. Et il a affirmé que «l’Amérique ne sera jamais socialiste», visant sans la nommer la jeune élue Alexandria Ocasio-Cortez, 29 ans, nouvelle star du parti démocrate qui préconise une taxation des riches jusqu’à 70% de leurs revenus... C’est probablement le moment où Trump a été le plus applaudi sur les bancs républicains.
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