La franc-maçonnerie reste encore, pour beaucoup de Français, auréolée de mystère. Alors que Jean-Luc Mélenchon, membre du Grand Orient de France, risque sa suspension, Wendy Bouchard et ses invités lèvent le voile sur cette organisation.
L'exécutif du Grand Orient de France, la plus ancienne obédience maçonnique, a demandé, vendredi 26 octobre, à sa justice interne "la suspension temporaire" de Jean-Luc Mélenchon en raison de son "comportement vis-à-vis des magistrats, des policiers et des journalistes". Le leader de La France insoumise en est membre depuis 1983. L'occasion pour Wendy Bouchard et ses invités de lever le voile sur cette organisation encore mystérieuse.
Qui constitue la franc-maçonnerie en France ?
Aujourd'hui en France, 180.000 personnes se répartissent dans une vingtaine d'obédiences maçonniques. "Les effectifs de la franc-maçonnerie ont quintuplé en cinquante ans", note le journaliste François Koch, spécialiste de la franc-maçonnerie à L'Express, à l'origine de la révélation sur Jean-Luc Mélenchon. Dès lors, on ne trouve plus dans les rangs des francs-maçons que des "VIP ou des politiques".
Avec une cotisation annuelle de l'ordre de "300 ou 400 euros", la franc-maçonnerie est "théoriquement ouverte à tous les milieux sociaux", considère le journaliste. Toutefois, on observe que la sociologie de la franc-maçonnerie est assez stable. "Il s'agit essentiellement de personnes issues des classes moyennes, avec une sur-représentation d'au moins trois professions : les médecins, les avocats et les enseignants. Et l'on pourrait rajouter les policiers et les militaires", précise Roger Dachez, président de l'Institut Maçonnique de France.
Pourquoi vouloir y entrer ?
"Il y a autant de buts que de francs-maçons", prévient d'abord Roger Dachez. Globalement, "c'est un besoin de perfectionnement de soi-même, c'est un chemin pour aller à la rencontre de soi-même. Ça s'appelle le processus initiatique. C'est une dimension fondamentale dans la franc-maçonnerie, qui la distingue d'un parti politique, d'un syndicat", indique-t-il.
S'il y a bien sûr "des motivations symboliques, humanistes", d'autres candidats à la franc-maçonnerie avancent des motivations plus triviales. "On cherche aussi parfois à entrer en franc-maçonnerie par intérêt, soit parce qu'on se dit que ça va favoriser sa carrière professionnelle, soit parce qu'on se dit que ça va permettre de faire sauter des PV ou d'obtenir un rendez-vous chez un spécialiste plus facilement", raconte François Koch.
Comment se déroule l'admission ?
"Quand on veut devenir franc-maçon, il ne suffit pas de signer un bulletin d'adhésion", avertissent les deux spécialistes. Plusieurs enquêtes sont menées sur le candidat. "Vous recevez des gens qui vous interrogent longuement. Ces entretiens font l'objet d'un rapport qui est discuté par la loge qui souhaite éventuellement vous recevoir. Un vote intervient. Vous pouvez être accepté, refusé, ajourné. On peut vous demander des précisions. Mais l'objet de ces enquêtes est de s'assurer que la franc-maçonnerie est bien ce qu'il vous faut", précise Roger Dachez.
Quid de la religion ?
En France, les francs-maçons peuvent être croyants et pratiquants. Mais ils n'en ont pas l'obligation - à de rares exceptions près - contrairement à "90% de la franc-maçonnerie mondiale", souligne le président de l'Institut Maçonnique de France.
Si les francs-maçons n'ont pas de problème avec l'Eglise catholique et les religions en général, "l'Eglise catholique a toujours un problème avec la franc-maçonnerie", indiquent les deux spécialistes, qui précisent que les curés ont l'interdit formelle de devenir francs-maçons, sous peine d'être démis de leurs fonctions.
À quoi ressemblent les réunions des francs-maçons ?
Roger Dachez raconte : "Une réunion maçonnique, qui s'appelle une 'tenue maçonnique', dure trois heures. Les gens arrivent dans un endroit qui est décoré d'une certaine manière, qui présente des symboles.
Le dress-code peut varier. Certaines obédiences peuvent exiger le costume-cravate, d'autres sont plus laxistes. Mais il y a des éléments constants : le tablier du franc-maçon que l'on met autour de la table, et un cordon, une écharpe voire un collier, en tissu avec des couleurs toutes plus belles les unes que les autres sur lesquelles pendent des bijoux. Ce ne sont que des signes d'identification symboliques, qui montrent que lors de ces réunions, on n'est plus dans une discussion banale autour d'un café, on n'est plus dans le monde profane.
On procède à l'ouverture des travaux au terme de ce que l'on appelle un rituel. Ce sont des questions et des réponses normées. La discussion qui va s'engager ne va pas être la même que celle que l'on peut engager au bistrot devant quelques verres de bière. Elle est différente par le sujet et par la méthode. On va prendre la parole d'une certaine manière, on ne va jamais interrompre celui qui est en train de parler, dans la plupart des cas on vous donne la parole une fois, éventuellement deux, mais pas plus. Quand vous êtes rôdé, votre parole est plus rare, plus réfléchie, plus maîtrisée.
Il y a deux grands types de sujets que les francs-maçons peuvent aborder dans leurs réunions : des sujets qui sont liés aux rituels de la franc-maçonnerie ('les sujets de symbolisme'), et des sujets philosophiques ou sociétaux (le suicide, la vie, le monde…)."
Europe1.fr
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