Michael Cohen, l'ancien avocat personnel de Donald Trump, doit témoigner mercredi devant le Congrès. Un premier aperçu de ses déclarations peut faire craindre le pire au président américain.
«C'est un raciste. C'est un arnaqueur. C'est un tricheur.» Michael Cohen, l'ancien avocat personnel de Donald Trump, ne devrait pas mâcher ses mots devant le Congrès, ce mercredi. Le quinquagénaire, qui purge à partir du mois prochain une peine de trois ans de prison, devrait évoquer des «actes délictuels» commis par son ancien client alors qu'il était devenu le 45ème président américain. Dans la déclaration qu'il compte lire avant d'être interrogé par les membres de la commission de surveillance gouvernementale, obtenue par plusieurs médias américains dont Politico, Michael Cohen écrit qu'il veut que sa famille soit «protégée des menaces présidentielles», évoquées pour retarder son témoignage qui devait avoir lieu au début du mois.
Les républicains qui siègent au sein de cette commission tenteront de décrédibiliser Michael Cohen, notamment condamné pour des mensonges prononcés lors de sa dernière audition devant le Congrès. D'où sa volonté de prouver sa bonne foi. Parmi les preuves qu'il compte présenter pour appuyer ses déclarations, Michael Cohen compte montrer le chèque que Donald Trump a signé, «après qu'il est devenu président», pour le rembourser des 130 000 dollars versés à Stormy Daniels pour acheter son silence sur leur liaison mais aussi «des copies des lettres écrites à la demande de M. Trump pour menacer son lycée, ses universités de ne pas publier ses notes ou ses résultats d'examen».
"Il a menti car il ne pensait pas gagner l'élection"
Dans la lettre, il évoque également un sujet épineux : les affaires de la Trump Organization en Russie, qui se seraient poursuivies durant la campagne présidentielle, alors que les autorités russes tentaient d'interférer dans le scrutin. «J'ai menti au Congrès quand j'ai dit que M. Trump avait arrêté les négociations pour le projet de tour à Moscou. J'ai déclaré que nous avions arrêté les négociations en janvier 2016. C'était faux : nos négociations ont continué pendant des mois durant la campagne.» Il n'a pas de preuves indiquant que Donald Trump lui a sciemment demandé de mentir, «ce n'est pas comme ça qu'il fonctionne» : «Il me regardait dans les yeux et me disait qu'il n'y avait pas d'affaires en Russie puis allait publiquement mentir au peuple américain en disant la même chose. C'était sa façon de me dire de mentir.» «Il a menti à ce propos car il ne pensait pas gagner l'élection. Il a aussi menti à ce propos car il allait se faire des centaines de millions de dollars sur ce contrat immobilier à Moscou», accuse Michael Cohen. «M. Trump disait régulièrement que sa campagne serait "le plus grand publireportage de l'histoire politique". [...] La campagne, pour lui, a toujours été une opportunité marketing.» Selon Michael Cohen, les avocats de Donald Trump avaient «relu et corrigé» la déclaration qu'il a lue devant le Congrès, et qui lui vaut d'être condamné pour parjure.
Michael Cohen accuse également Roger Stone, un proche du milliardaire mis en examen par le procureur spécial Robert Mueller, d'avoir été en contact avec Julian Assange pour discuter de la publication de milliers de mails piratés de la direction du parti démocrate, assurant l'avoir entendu en parler lors d'un appel reçu et que Trump avait mis en haut-parleur. Pourtant, il le dit clairement : il n'a pas de preuve directe d'une collusion entre Trump ou son équipe de campagne avec la Russie. «Mais j'ai mes suspicions», ajoute-t-il, évoquant une scène remontant à juin 2016, mois au cours duquel Donald Trump Jr a rencontré Natalia Veselnitskaya, une avocate russe considérée comme proche du pouvoir, qui avait promis des informations compromettantes sur Hillary Clinton.
"Pathétique de lui donner une nouvelle occasion d'étaler ses mensonges"
Le président américain, qui a à plusieurs reprises attaqué publiquement son ancien avocat, est arrivé mardi à Hanoï, au Vietnam, où il doit retrouver Kim Jong-un pour leur deuxième rencontre. Il n'a pas évoqué sur son compte Twitter ce témoignage à venir mais Sarah Huckabee Sanders, la porte-parole de la Maison-Blanche, a déjà attaqué la crédibilité de Michael Cohen, avant même son audition : «C'est risible que quiconque puisse croire un menteur reconnu coupable comme Cohen, et pathétique de lui donner une nouvelle occasion d'étaler ses mensonges», a-t-elle écrit mardi dans un communiqué de presse.
Dans un tweet, l'élu républicain Matt Gaetz, un proche du président américain, a menacé mardi Michael Cohen : «Hey @MichaelCohen212. Ta femme et ton beau-père sont-ils au courant de tes petites amies? Ce soir pourrait être le bon moment pour avoir cette discussion. Je me demande si elle restera fidèle pendant que tu seras en prison. Elle va bientôt en apprendre beaucoup...» Face au tollé provoqué, le représentant de la Floride a effacé son tweet.
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