Chaque année, l’Etat thaïlandais fournit environ 110 millions d’euros aux temples bouddhiques du pays pour la maintenance ou la construction de bâtiments religieux et pour la promotion de l’éducation religieuse. C’est sur ces allocations d’argent public que les détournements ont eu lieu.
Des officiels du Bureau national du bouddhisme, un organisme administratif sous l’égide du gouvernement, viraient des sommes pour des projets proposés par les temples. Une fois l’argent arrivé sur les comptes des supérieurs des temples, ceux-ci transféraient une partie de la somme sur les comptes bancaires personnels de ces fonctionnaires. Ces détournements avaient lieu depuis de nombreuses années, mais ils n’ont été mis à jour que depuis quelques mois.
Des sanctions exemplaires
Des sanctions d'une ampleur sans précédent ont été prises par le gouvernement. Une dizaine de moines bouddhistes ont été arrêtés, y compris – et cela ne s’était jamais produit – trois moines membres du Conseil suprême du Sangha, l’organe dirigeant de la communauté monastique en Thaïlande.
Les membres du conseil, au nombre de vingt, sont un peu l’équivalent des cardinaux au sein de la hiérarchie catholique. C’est un choc au sein du pays, car ces moines de haut rang sont habituellement très respectés et pratiquement intouchables. La crédibilité de la communauté monastique en est très fortement affectée aux yeux de la population.
Des rapports opaques entre bouddhisme et argent
Ces scandales financiers reflètent un malaise plus profond dans les rapports entre bouddhisme et argent en Thaïlande. Le problème est qu’il n’y a aucune transparence, non seulement dans la façon dont les allocations budgétaires sont utilisées par les supérieurs des temples, mais aussi en ce qui concerne les donations des fidèles laïcs.
Or ces donations aux temples se montent à plus de 3 milliards d’euros par an. Les supérieurs des temples se comportent parfois comme s’ils étaient propriétaires des temples et comme si l’argent des donations leur appartenait personnellement. Des voix s’élèvent pour imposer des audits professionnels sur l’ensemble des temples du pays, mais la résistance de la communauté monastique est forte. Beaucoup de moines considèrent qu’exiger d’eux une certaine transparence financière est un manque de respect à leur égard.
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