Un journaliste et écrivain russe virulent critique du Kremlin, Arkadi Babtchenko, a été tué par balle mardi soir à Kiev où il s'était exilé, se disant menacé après avoir dénoncé le rôle de la Russie dans le conflit dans l'est de l'Ukraine. La police de Kiev a aussitôt déclaré privilégier la piste d'un crime lié à la profession. Son meurtre, qui a provoqué un choc dans la profession en Russie et en Ukraine, est le deuxième en moins de deux ans d'un journaliste contestant la politique du gouvernement russe habitant dans la capitale ukrainienne. Le 20 juillet 2016, le Russo-Bélarusse Pavel Cheremet avait péri dans l'explosion de la bombe placée sous la voiture qu'il conduisait en plein centre de Kiev, une affaire qui n'est toujours pas élucidée.
Arkadi Babtchenko a été retrouvé chez lui dans la périphérie de Kiev, selon le porte-parole de la police nationale Iaroslav Trakalo : «Sa femme était dans la salle de bains, elle a entendu un coup sec. Quand elle est sortie, elle a vu son mari ensanglanté», qui est par la suite «mort dans l'ambulance» le transportant. «La première piste et la plus évidente est celle de ses activités professionnelles», a déclaré peu après le chef de la police de Kiev Andriï Krychtchenko à l'agence de presse Interfax-Ukraine.
Un ancien soldat devenu journaliste critique vis-à-vis du Kremlin
Arkadi Babtchenko, 41 ans, a participé en Russie aux deux guerres en Tchétchénie en tant que soldat avant de devenir un journaliste extrêmement critique vis-à-vis du Kremlin. Il avait raconté les guerres dans cette république russe du Caucase dans un livre édité en France par Gallimard sous le nom de «La couleur de la guerre». Avant son départ de Moscou, il a notamment coopéré avec le journal d'opposition russe «Novaïa Gazeta» et la radio russe Echo de Moscou.
Arkadi Babtchenko s'était rendu dans l'est de l'Ukraine, où le conflit entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses a fait plus de 10 000 morts en quatre ans. Il avait dénoncé le rôle de la Russie, appuyant la thèse de Kiev et des Occidentaux selon laquelle elle soutient militairement les rebelles, ce que Moscou a toujours démenti. Le journaliste avait quitté la Russie en février 2017 en dénonçant une «campagne effroyable» de «harcèlement» à son égard après une publication sur les réseaux sociaux concernant le crash d'un avion militaire russe en route pour la Syrie fin 2016. Le journaliste, qui disait avoir alors reçu des «milliers» de menaces, a d'abord vécu en République tchèque et en Israël, avant de s'installer à Kiev.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article