Une enquête va être menée par le Commissaire canadien à l'éthique sur des allégations de pression du cabinet de Justin Trudeau sur l'ex-ministre de la Justice, afin d'éviter un procès à une société impliquée dans un scandale de corruption en Libye. Le Premier ministre libéral est dans le viseur de l'opposition depuis que le quotidien Globe and Mail a fait état jeudi de pressions présumées de son entourage sur l'ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould. Le cabinet du chef du gouvernement aurait pressé --en vain-- la ministre d'intervenir pour que les procureurs concluent un accord à l'amiable avec le géant canadien de l'ingénierie SNC-Lavalin, ce qui aurait évité un procès en échange d'une amende.
M. Trudeau s'est félicité lundi de l'ouverture de cette enquête, à la demande du parti néo-démocrate (opposition de gauche). Elle sera menée par le Commissaire à l'éthique, un haut-fonctionnaire du Parlement, indépendant, chargé d'enquêter sur d'éventuels conflits d'intérêt des élus. "J'accueille de façon très positive (l'annonce selon laquelle) le Commissaire à l'éthique va se pencher sur cette question", a déclaré M. Trudeau lors d'un point presse à Vancouver. "Je pense que c'est important, étant donné tout ce qui a été dit dans les derniers jours, que les Canadiens sachent qu'ils peuvent continuer à avoir confiance dans notre système" judiciaire.
L'opposition met la pression
L'opposition presse le Premier ministre de faire toute la lumière sur cette affaire, potentiellement gênante à quelques mois des élections législatives d'octobre. Le chef des Conservateurs Andrew Scheer exige notamment que M. Trudeau lève le secret professionnel qui protège l'ex-ministre de la Justice, afin qu'elle puisse donner sa version des faits. Interrogé sur ce point, M. Trudeau a indiqué lundi avoir demandé l'avis de l'actuel ministre de la Justice, David Lametti. Dès jeudi, le Premier ministre avait démenti toute pression directe sur son ancienne ministre pour qu'elle influe sur le cours de la justice.
La maison-mère du groupe SNC-Lavalin, ainsi que ses filiales de BTP et de développement international, sont poursuivies depuis quatre ans pour "corruption d'agents publics étrangers" et pour "fraude". Selon la police fédérale, SNC-Lavalin a remis à des fonctionnaires et dignitaires libyens 48 millions de dollars canadiens (32 millions d'euros) "pour convaincre ces derniers d'utiliser leurs positions pour influencer les actes ou les décisions" du gouvernement libyen. Les faits reprochés se seraient produits entre 2001 et 2011, soit jusqu'à la chute du dictateur libyen Mouammar Kadhafi.
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