Dans certaines images de vidéosurveillance de la prison de Denver au Colorado, on a pu apercevoir une femme nommée Diana Sanchez, appeler à l’aide sans que personne ne réponde. Aujourd’hui elle porte plainte contre la ville et le personnel de la prison, pour le traitement carcéral inhumain dont elle a été victime. Cette histoire sordide a largement relayée par plusieurs médias dont CBS News.
La jeune femme « a immédiatement appelé les surveillants et une infirmière, leur disant qu’elle avait des contractions et qu’elle saignait », raconte son avocate à la presse locale. Selon elle, la détenue a été isolée pendant cinq heures avant de donner naissance à son enfant en prison. Ce sont des faits qui justifient complètement la plainte déposée par la détenue de 26 ans contre la ville et 6 autres personnes.
Un accouchement en prison
Un surveillant et une infirmière faisaient des allers retours pendant que Diana Sanchez se plaignait de ses contractions. Ils lui donnent alors une serviette absorbante sur laquelle s’allonger, sans proposer une assistance ou un transfert à l’hôpital.
« Si Denver pense que c’est une assistance médicale appropriée et qu’ils n’ont rien fait de mal, le problème est plus grave que ce que je n’imagine », annonce l’avocate chargée de l’affaire. Face à de telles accusations, le shérif de la ville a été le seul à se défendre en affirmant que la politique a changé et que chaque détenue sur le point d’accoucher, sera désormais immédiatement envoyée à l’hôpital.
Les faits
A 5 heures du matin, Diana Sanchez aurait répété au moins huit fois ce matin-làà l’officier qui lui a déposé son petit déjeuner, ainsi qu’aux infirmiers, qu’elle avait des contractions, sans que personne ne daigne bouger.
Elle finit alors par accoucher seule dans sa cellule, alors que les caméras de la prison filmaient toute la scène. Pour elle, le centre de détention aurait privilégié « la facilité plutôt que la compassion » tant il est difficile de ne pas réagir en voyant une mère souffrir pour donner la vie.
Fort heureusement, après plus de peur que de mal, le bébé vint au monde sans complications. Diana Sanchez finit par confier : « Ils ont mis la vie de mon fils en danger. Quand je suis arrivée à l’hôpital, on m’a dit que j’aurais pu me vider de mon sang. » en ressentant tout de même le besoin de se justifier « Je sais que j’étais là-bas parce que j’avais fait quelque chose de mal. Mais je ne méritais pas ça, et mon bébé non plus. ».
Etre maman en prison
La maternité en prison est à l’origine de plusieurs débats, car elle joue un rôle social très important. C’est un facteur favorisant les interactions entre les détenues, et l’opinion publique est facilement touchée par les drames des mères incarcérées, peu importeles accusations.
Très sensibles à la maternité, les détenues se font souvent violence entre elles, lorsqu’elles sont confrontées à d’autres femmes condamnées pour infanticides ou pédophilie. En effet, pour elles, le statut de mère est le statut suprême.
Selon Myriam Lauf-Joël, doctorante en sociologie à Paris Ouest (Nanterre) engagée dans la recherche sur la sexualité des femmes en prison, la maternité joue également un rôle dans la relation avec les surveillantes.
Dès lors que la grossesse est déclarée, les détenues sont isolées des autres par les surveillants, ce qui peut même les dissuader de tomber enceintes. La doctorante déclare dans ce sens qu’après l’accouchement, elles sont beaucoup plus surveillées.
Néanmoins, tout le monde ne réagit pas de la même façon face à ces observations. Les personnes qui sont confrontées à l’observation d’une mère en prison ont le choix de déplorer la situation en estimant qu’un enfant n’a rien à faire en milieu carcéral, ou de se rendre à l’évidence qu’une mère reste une mère. Des campagnes de sensibilisation doivent tout de même être menées pour standardiser les attitudes et éviter les dérives.
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