Il y a des faits divers qui font froid dans le dos. Et d’autres qui donnent carrément envie de vomir (et on reste sobre). L’histoire de Felix Verdejo entre sans discussion dans la seconde catégorie. Le boxeur portoricain est en détention sur son île – territoire non incorporé des Etats-Unis – depuis ce dimanche soir après s’être rendu à des agents fédéraux. Avec le statut de suspect dans le meurtre horrible de sa maîtresse, Keishla Marlen Rodriguez Ortiz, enceinte de leur futur enfant.
Rodriguez Ortiz avait été déclarée disparue jeudi dernier après ne pas s’être présentée au travail. Le lendemain, alors que la voiture de Rodriguez Ortiz était retrouvée à Canovanas où elle avait été abandonnée, Verdejo avait été convoqué par la police pour s’expliquer sur ses liens avec la disparue (il n'était pas encore suspect) mais avait refusé de s’exprimer sur le conseil de ses avocats. Les informations relatives aux communications sur son téléphone portable avaient par la suite été saisies. Samedi, le corps de Rodriguez Ortiz avait été retrouvé dans un lagon de San Juan, la capitale de Porto Rico, avant d’être identifié le lendemain via une analyse dentaire (son visage était trop défiguré pour permettre l’identification).
"Mettre fin à la grossesse"
Ce même jour, dimanche, le journal télévisé local montrait la police arriver dans la maison familiale de Verdejo pour inspecter un pickup qui aurait pu être celui capté par une caméra sur un pont duquel la victime aurait été jeté. D’autres informations faisaient été d’un complice prêt à coopérer avec les autorités. Quelques heures plus tard, les choses s’éclaircissaient. Un suspect était identifié. Et le boxeur se présentait aux autorités pour être mis en détention. Une plainte criminelle était déposée à l’U.S. District Court for the District of Puerto Rico pour "kidnapping ayant entraîné la mort", "car-jacking ayant entraîné la mort" et "meurtre intentionnel d’un enfant pas encore né", des charges pouvant entraîner jusqu’à la peine de mort.
La plainte criminelle, déposée via l’agent Lorenzo Vilanova Perez, se base sur le témoignage d’un "témoin" avec "une connaissance personnelle et de première main" des événements. Ce dernier livre des détails glaçants. "Autour du 27 avril" (mardi), Verdejo l’aurait contacté "pour mettre fin à la grossesse de la victime, qui lui avait dit être enceinte de lui". Le 29 avril (jeudi), "Verdejo a contacté la victime pour arranger une rencontre près de son domicile". Elle aura lieu dans la voiture du boxeur, où "Verdejo a mis un coup de poing dans la tête de la victime" qui a ensuite "reçu une injection avec une seringue remplie de substances", non spécifiées mais sans doute utilisées pour la droguer. Verdejo et le témoin du FBI, qui l’avait accompagné, ont alors "attaché les bras et les pieds de la victime avec du câble" avant de "l’attacher à un bloc".
"Verdejo a tiré sur la victime depuis le pont"
Le témoin a pris les clés de la victime pour monter dans sa voiture et les deux véhicules ont pris la direction du pont Teodoro Moscoso, qui surplombe le lagon entre San Juan et Carolina, et "la victime a été sortie de la voiture et jetée dans l’eau depuis le côté du pont". Avant le point final de l’horreur: "Verdejo a tiré sur la victime avec un pistolet depuis le pont". L’analyse des téléphones permettait de lier celui du boxeur et celui de Rodriguez Ortiz le matin du meurtre via les tours de communication cellulaires, notamment celles autour du pont Teodoro Moscoso. Les deux avaient en outre échangé appels et textos le mercredi puis le jeudi.
Une caméra de surveillance près du pont permettait également d’identifier "un SUV sombre, correspondant à l’apparence du véhicule de Verdejo, en train de se garer sur la bande d’arrêt d’urgence du pont" à environ 8h29 ce même jour puis "du mouvement visible d’au moins une personne sur le côté du véhicule". Après deux aller-retours, la voiture quittait les lieux une heure plus tard. Et la police retrouvait "une douille de pistolet près de l’endroit du pont représenté sur la vidéo".
La mère de Rodriguez Ortiz, Kaila Ortiz Rivera, a expliqué au journal El Nuevo Dia avoir parlé pour la dernière fois à sa fille jeudi matin vers 7h. Rodriguez Ortiz lui aurait alors indiqué que Verdejo, un homme marié et père de famille – ils ont une fille de deux ans avec l’influenceuse Eliz Marie Santiago – qui connaissait la victime depuis le collège et avait gardé contact avec elle, était en route pour la rencontrer pour voir les résultats de son test de grossesse. "Je lui ai dit de faire attention car il l’avait menacé pour ne pas avoir ce bébé, il lui avait dit qu’il avait sa famille, qu’il était un boxeur et une personne publique", a raconté la maman.
"Je lui ai dit qu'il me mentait"
Ortiz Rivera aurait en outre appelé Verdejo pour lui demander des nouvelles de sa fille et ce dernier aurait répondu ne pas savoir où elle était. "Je lui ai dit qu’il me mentait car je lui avais parlé peu avant et elle devait le retrouver", précise la mère. L’affaire fait grand bruit à Porto Rico, île très marquée par le récent meurtre d’une femme brûlée vive après avoir vu sa plainte pour violences domestiques être rejetée.
Après avoir participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012 sous les couleurs de Porto Rico, où il avait été éliminé en quarts par le futur vainqueur, un certain Vasiliy Lomachenko, Verdejo était passé pro en décembre de la même année sous l’égide du promoteur Top Rank. Vu comme un grand espoir de la catégorie des légers, il avait été ralenti dans son ascension sportive par un accident de moto en 2016 mais avait débuté sa carrière par vingt-trois victoires, remportant au passage la ceinture WBO Latino, avant une défaite surprise par TKO face à Antonio Lozada en mars 2018 qui avait mis des doutes sur ses capacités à atteindre les sommets.
Après s’être séparé de son entraîneur/manager Ricky Marquez, il avait signé quatre victoires de rangs et se rapprochait peu à peu d’une chance mondiale avant une nouvelle défaite par TKO face à Masayoshi Nakatani – qui sera le prochain adversaire de Lomachenko – en décembre à Las Vegas alors qu’il avait dominé le début du combat. Le Portoricain, vingt-sept ans tout comme la victime, affiche un bilan de 27-2 (17 KO) chez les pros.
Top Rank, qui a fait disparaître sa fiche sur son site internet, a publié un communiqué pour réagir ce dimanche: "Nos pensées et nos prières vont à la famille et aux amis de Keishla Marlen Rodriguez Ortiz et à tous ceux qui sont en deuil. Nous sommes profondément perturbés par les informations qui sortent et nous continuerons à suivre les développements de cette affaire." Verdejo devrait apparaître devant un juge dès ce lundi.
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