Situé à 7 km du centre-ville de Grand Bassam (30 km au sud-ouest d’Abidjan), sur un terrain agricole de 24 hectares, au bord de la lagune, le Centre Abel est un centre éducatif et de formation professionnelle dans les secteurs de l’élevage, de l’agriculture et de la menuiserie au profit des enfants en conflits avec la loi ou orphelins.
Le Centre Abel créé en 1982 de la première expérience de coopération internationale en Afrique de l’ONG italienne Gruppo Abele, en partenariat avec le ministère de la justice et le Diocèse de Grand-Bassam vise à donner la dignité aux personnes faibles, notamment, les enfants (filles et garçons) en conflit avec la loi ayant connu l’univers carcéral ou orphelins partiels ou totaux et issus de familles défavorisées.
Pour atteindre cet objectif, la Communauté Abel mène des activités d’alphabétisation, de formation et réinsertion professionnelle, de recherche, d’écoute et soutien éducatif, de soutien alimentaire et sanitaire, d’animation et de sensibilisation.
Selon De Vita Leone, le responsable, le centre d’une capacité d’accueil de 80 pensionnaires (40 garçons et 40 filles) a un régime d’internat avec trois repas par jour. Ces pensionnaires sont soignés aux frais de la Communauté Abel.
En dehors des enfants en conflits avec la loi, recrutés sur la base d’une sélection rigoureuse avec le Service de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (SPEJ) du ministère de la justice, le Centre prend en charge des jeunes, ‘’ les enfants qui abandonnent l'école juste parce que ils n'ont plus les parents, ou les moyens pour poursuivre les études’’, selon des critères bien définis.
‘’Selon les aptitudes de l’enfant, nous l’orientons vers une formation en mécanique, menuiserie, maçonnerie, agriculture, électricité, couture… Après sa formation, le Centre l’aide à acquérir un atelier pour son installation afin de se prendre en charge’’, souligne De Vita Leone précisant que le principal critère est celui de la ‘’vulnérabilité’’ de l’individu.
En 2009, la Communauté Abel a obtenu l’accord d’établissement de la part du gouvernement de Côte d’Ivoire, placé sous la double convention du ministère des Affaires Sociales et du ministère de la Justice. La convention avec le ministère de la Justice porte notamment sur la prévention de la marginalité et de la délinquance juvéniles et la prise en charge et réinsertion socioprofessionnelle des jeunes à risque et ceux qui sont en conflit avec la loi.
La grosse difficulté du Carrefour Jeunesse est son site actuel. D’abord, le Carrefour jeunesse, un centre dynamique de rassemblement et d'animation sociale en milieu ouvert à Grand Bassam.
‘’Il s’est établi comme un point de référence pour la ville grâce à ses nombreuses initiatives culturelles, sociales, éducatives, ludiques et sportives, jouant un rôle crucial dans la prévention et la réponse aux problématiques juvéniles’’, explique De Vita Leone.
Chaque année, poursuit-il, environ 200 personnes sollicitent l’équipe éducative du carrefour Jeunesse pour des services d'écoute et d'orientation. Ces activités incluent des visites à domicile pour évaluer les besoins et diriger les bénéficiaires vers les services adaptés.
‘’Nos cours d’alphabétisation offerts dans divers quartiers et villages de Grand Bassam, bien qu'ils ne remplacent pas le niveau scolaire institutionnel, permettent à environ 150 personnes par an d'acquérir des compétences de base en lecture, écriture et calcul’’, indique le responsable du Centre Abel.
Le Centre de Documentation, Recherche et Formation (C.D.R.F), le deuxième volet d’intervention est le lieu d'observation et d'analyse permanente des besoins du milieu qui mène des recherches et organise des activités de sensibilisation et de prévention dans les quartiers précaires, tout en initiant des débats dans les écoles de Bassam et des villes avoisinantes.
Il est équipé d’une Bibliothèque offrant gratuitement l'accès à 9 000 ouvrages et 5 journaux et enregistre plus de 1 000 visites mensuelles. Depuis 2013, selon Leone, le CDRF propose une salle multimédia équipée de 12 ordinateurs pour l'alphabétisation numérique des élèves. Et une seconde salle ouvrira prochainement, proposant des cours avancés, de niveau 2 (programmation, PAO, création d’applications, …).
« Toutefois, Carrefour Jeunesse souffre de son site marécageux avec des inondations régulières en temps de pluie. Nous avons fait l’amère expérience à notre passage où les salles d’ateliers étaient inaccessibles pour les apprenants après une pluie qui est tombée la veille. D’où le cri de cœur de De Vita Leone.
‘’Il y a bien longtemps que nous avons prévu des travaux de réhabilitation de Carrefour Jeunesse avec un coût global de plusieurs dizaines de millions mais jusque-là, nous n’avons pas eu d’oreille attentive’’, se lamente-t-il.
Choco+, la première unité de production artisanale de chocolat noir produit par le centre Abel
L'atelier Choco+ a été fondé en 2018 à Grand-Bassam par le groupe italien Gruppo Abele de Turin, partenaire de la Communauté Abel et avec le soutien de l'Église Vaudoise et de la Confédération Italienne des Agriculteurs. La capacité de production est d'environ 500 kg de chocolat par mois. Le visiteur peut découvrir les procédés de transformation de la fève de cacao en chocolat au centre Abel.
L’unité de production propose une gamme de chocolats noirs de 60% à 100% de cacao et explore des saveurs aussi diversifiées que le gingembre et la noix de muscade, tout en honorant les goûts classiques. L'entreprise élargit, également, son horizon avec une production alimentaire comprenant de la poudre de cacao et des fèves de cacao torréfiées et développe une gamme de produits cosmétiques dont des crèmes hydratantes et baumes.
Elle est une entreprise à responsabilité sociale qui achète le cacao auprès des coopératives certifiées bio et qui respecte l’environnement et les droits des travailleurs. Choco+ intègre dans son équipe des jeunes sortis des couches sociales défavorisés et met en avant le cacao ivoirien en combinant savoir-faire artisanal et innovation durable.
Les axes stratégiques de la Communauté Abel
Les axes stratégiques de la Communauté Abel sont nombreux et se déclinent en plusieurs initiatives clés. D’abord, la lutte contre la traite des personnes. A ce titre, la Communauté Abel se positionne comme un centre d’accueil et de prise en charge des jeunes victimes de traite. Elle mène actuellement un projet spécifique axé sur la traite des jeunes (filles et garçons), visant à offrir soutien et réinsertion familiale.
Ensuite, la conception et la réalisation d'un centre éco-social. Ce projet, selon De Vita Leone, vise à promouvoir des pratiques durables à travers le développement d'activités en agro-écologie, agro-alimentaire, agro-foresterie et développement durable.
L'objectif est de créer un modèle intégratif qui valorise les ressources locales tout en protégeant l'environnement. Il y a, également, comme axe stratégique de la Communauté Abel, le développement des activités culturelles à Grand-Bassam, ville historique, classée au Patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).
La Communauté Abel organise divers événements culturels. Ce qui inclut la mise en place de l’espace ‘’Arbre à Palabres’’ où sont développés des conférences, débats et initiatives de promotion de la culture africaine. C’est d’ailleurs, en partenariat avec la Communauté Abel que s’est tenue la 8è édition du Meeting international du livre et arts associés (MILA) du 24 au 27 octobre 2024 à Grand-Bassam.
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