Fils d’un patriarche non voyant connu pour son habilité à voir la lune lors des différentes célébrations religieuses, El hadj Ba – Sibou Touré, marque son empreinte dans la localité de Bondoukou par son adresse légendaire dans la perception des croissants lunaires, notamment avant les jeunes et les célébrations de la fête de Ramadam à Bondoukou.
Rencontré par l’ AIP, le voyant a livré avec ferveur la source de son don et fait des révélations sur cette habilité hors du commun. Cette aisance lui voue l’admiration sans pareille des populations de la ville aux mille mosquées, pour qui sa perception unique de la lune sort de l’ordinaire, pour le bien de la communauté musulmane.
M. Touré a l’art de percevoir la lune naissante. Mieux, à l’approche de la première lune, le spécialiste ressent des fourmillements, des gènes, qui signalent la présence du croissant lunaire.
Ce sens aigu lui a été légué par son père. Porteur de ce don ancestral, il se targue de sentir, de ressentir une intuition forte, à l’apparition naissante de la lune, qui annonce des jeunes ou la fin du jeune. Hormis ces faits religieux, il dit être sollicité pour des consultations dans l’année sur les appariations des astres;
Grand érudit, il porte ce don avec fierté, l’ayant hérité, dès l’ âge de 7 ans. Le chef Bassiebou, pour les amis proches, de la famille Touré, est toujours entouré de sa fratrie, lors de cet instant fatidique de vision .
» Tous les fils de cette famille sont appelés à participer au rituel et partager les informations qu’ils ont reçues, avant l’information rendue au Grand imam de Bondoukou, par des canaux désignés. Notre papa était un non voyant et avait cette forte perception. Le pouvoir que notre père avait, il me l’a transmis. J’ai la lourde tâche de l’annoncer », a-t-il dit.
Ce jour, du 8 avril 2024, présent à son domicile, nous avons regagné la place de la célèbre mosquée de Samory Touré, accompagné des membres de sa famille. A l’heure indiquée, avant 18h25, le regard fixé en direction du ciel, il tentait de voir, le regard ferme, le croissant lunaire. Peine perdue. La lune ne se laissera pas voir. Chose normale, puisque l’éclipse solaire, un évènement unique, ne permettait pas sa sortie, selon des spécialistes. La fête aura lieu, le surlendemain, au grand dam de ces adeptes venus pour avoir l’exclusivité.
Ce maitre coranique, porte avec fierté plus de 40 années de pratiques.
» Quand tu veux voir la lune, tu regardes en direction du Nord, l’Est et du Sud. La lune n’a pas une seule position. Cela rend difficile notre travail. Mais grâce à Dieu, nous arrivons à percer ce mystère », a-t-il révélé.
Pour y arriver, avoue -t-il, » nous sommes près de 20 enfants, nous sortons et nous faisons le tour de la maison de Samory Touré, à temps voulu. C’est là-bas, que notre père nous positionnait. J’ai commencé à voir la lune à 7 ans », a-t-il fait savoir.
Selon Bouraima Ouattara Touré, son frère est le dépositaire de cette activité particulière.
» Nous lui avons confié la tâche d’annoncer. Nous voyons toutes les lunes de l’année. Nous tous nous regardons la lune. Il est le porte-parole. « , a-t-il reconnu.
Intègre et fervent pratiquant dans sa foi musulmane, le voyant de Bondoukou porte le respect et l’admiration des érudits de cette localité. Malgré tout, son don ne l’exempte pas des travaux manuels, en sa qualité de bijoutier et d’apprenant des principes coraniques.
Pour confirmer ces affirmations, le directeur du musée de Bondoukou, un sachant, Bema Ouattara, est certain. Il croit que ce fait unique ne peut s’expliquer que par l’angle du spirituel.
» Il est le garant d’un travail exceptionnel, un travail ancestral, qui se transmet de générations à générations. Il a dit que son père, un non voyant et bijoutier, leur disait de voir la lune », a-t-il ajouté.
Selon lui, cette activité d’ordre spirituel donne à Bondoukou, une perception nouvelle et rejaillit sur la grandeur de cette localité pleine de mystères.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article