Face à la présence de jihadistes dans les régions
nord du pays, les autorités renforcent les
activités en faveur des populations et misent sur
le dialogue entre communautés.
« Sur le plan sécuritaire, je voudrais vous rassurer, la
situation est calme et sous contrôle sur toute l’étendue
du territoire national », a lancé Alassane Ouattara lors
de son discours sur l’État de la nation, devant le Congrès
réuni à Yamoussoukro, le 19 avril. Tout en rassurant ses
compatriotes, le président ivoirien a pris l’engagement
de poursuivre les efforts et les investissements en
matière de sécurité.
Depuis quelques mois, le nord de la Côte d’Ivoire, cible
d’attaques des hommes de la Katiba Macina depuis juin
2020, connaît un répit. La découverte, au début de
février, d’un engin explosif improvisé sur l’axe TéhiniKoïnta, près du parc de la Comoé dans le nord-est du
pays, est la dernière tentative d’attaque rendue
publique. « Le renforcement du renseignement a permis
de neutraliser des entreprises similaires », a souligné le
général de brigade Ouattara Zoumana, commandant
de la 4 région militaire et de la zone opérationnelle
Nord, interrogé au début de mai par des médias
internationaux.
La création de cette zone opérationnelle a pour but de
coordonner l’action des différentes forces de défense et
de sécurité dans la zone. « Malgré la relative accalmie,
nous n’avons pas le droit de nous endormir sur nos
lauriers. Nous connaissons le mode d’action de
l’ennemi, qui est fondé sur la per"die et utilise la
population. Nous devons rester vigilants », a-t-il ajouté,
plaidant pour un renforcement des effectifs.
Les forces
de défense et de sécurité portent une attention
particulière au parc de la Comoé, où, en plus de la
menace terroriste, se développe l’orpaillage clandestin.
Discriminations ethniques
Si la sérénité revient progressivement dans la région, le
terrorisme a fragilisé les relations intercommunautaires,
en créant un climat de suspicion, particulièrement
envers les peuls, accusés d’être des terroristes ou d’en
être les complices. Cette mé"ance intervient dans un
contexte de relations parfois tendues entre agriculteurs
et éleveurs.
Fin janvier, un chef de village con"ait à JA
l’importance de la collaboration avec les forces de
l’ordre pour lutter contre le terrorisme, en signalant
systématiquement tout passage de berger. Résultat, de
nombreuses associations locales ont dénoncé les
arrestations et le harcèlement des peuls, qui constituent
la majorité des éleveurs transhumants .
« C’est comme si le métier d’éleveur était un passeport
pour le jihad. Pourtant nos cheptels sont également
victimes des groupes jihadistes », déplore un membre
d’une association des éleveurs. Et d’ajouter : « Le vol de
bétail est un mode de "nancement de ces mouvements
terroristes. Ce n’est ni l’activité ni l’ethnie d’une
personne qui fait de lui un jihadiste : Amedy Coulibaly
[un des auteurs des attentats de janvier 2015 en
France] n’était pas peul. Beaucoup de stéréotypes
courent à l’encontre des peuls.
Cet amalgame est renforcé par le fait que les spécialistes
s’accordent à dire qu’il n’y pas encore de jihadisme
endogène en Côte d’Ivoire. Les bergers venant de pays
voisins pour la transhumance éveillent donc des
soupçons Lire la suite sur Jeune Afrique
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