Lors d’un webinaire organisé mardi 05 avril 2022 par le Réseau africain des professionnels des médias, des arts et des sports engagés dans la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN), le président de la Fondation Magic System, par ailleurs lead vocal du groupe éponyme, Traoré Salif dit A’Salfo, a fait état du bilan mais surtout évoqué les défis et les perspectives de sa Fondation, qui agit de façon bénévole envers les populations défavorisées.
De la création du groupe Magic System… à la Fondation
Le groupe ivoirien “Magic System”, évoluant dans le style musical Zouglou, a été créé en 1996 dans le quartier précaire d’Anoumabo (Commune de Marcory, Abidjan Sud) avec les quatre garçons que sont Traoré Salif dit A’Salfo, Manadja, Goudé et Tino. Le top est parti de l’album « 1er gaou » qui a eu un succès mondial. « Le vécu quotidien dans ce genre de quartier est alarmant. Lorsqu’on se fait une place au soleil, il faut regarder en arrière pour aider ses frères à améliorer leur vie », a expliqué A’salfo.
Mais selon lui, le déclic est parti lors d’une visite du groupe dans un camp de réfugiés à Tabou (Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire). « Les gens avaient bien sûr besoin de s’égayer, mais nous avons constaté que c’était surtout les repas qui leur faisaient défaut. Alors nous avons acheté une grande quantité de pâtes alimentaires, sacs de riz, savons, etc. Ce genre d’actions a continué dans les orphelinats, à certaines familles démunies… Aussi, après réflexion, il a fallu inscrire tout cela dans un cadre formel, juridique. C’est ainsi que la Fondation Magic System, fondation bénévole, est née en 2014, avec quatre axes principaux, à savoir, l’éducation, la santé, l’environnement et la culture».
Le volet Education
« Bien évidemment, les premières actions ont été la construction d’un centre de santé et d’une école primaire à Anoumabo », se réjouit-il. La Fondation a déjà construit six écoles primaires et trois autres sont prévues d’ici la fin de l’année 2022. Ces écoles comprennent aussi des cycles de la maternelle.
« Sous nos tropiques, nous avons un problème infrastructurel au niveau de l’éducation, car il y a beaucoup de contrées qui n’ont pas d’établissements scolaires. Aussi, la qualité de l’éducation et le rapprochement de ce service est notre leitmotiv, d’où la construction d’écoles. Nous qui venons de milieux défavorisés, connaissons les réalités des classes bondées, la lassitude des enseignants à organiser des contrôles de niveau, d’aller à l’école souvent le ventre creux, l’abandon des classes par des jeunes par faute de moyens des parents… Il nous fallait faire quelque chose à notre humble niveau», explique-t-il. “Or, l’école ouvre mieux l’esprit. Moi-même, c’est tout en étant dans la musique que j’ai pu obtenir un master à HEC-Paris. L’apprentissage continu et cela nous aide aussi dans l’élaboration de nos projets”, a-t-il continué.
Le volet Santé
En plus du centre de santé d’Anoumabo, il nous avons réalisé une maternité à Guiglo et une autre à M’bengué (Région du Poro). L’accent est mis sur la santé de la mère et de l’enfant.
Pour ce qui concerne les actions de la Fondation lors de la crise de la Covid-19 qui a certes « secoué » l’économie mondiale, en particulier celui du secteur informel, il soutient que cela a aussi permis d’améliorer le plateau technique des hôpitaux. « Notre contribution au niveau de la gestion de la Covid a été surtout faite lors du confinement car c’était encore plus difficile pour les populations défavorisées. Nous avons collecté environ 1 million d’euros avec l’aide de partenaires +Fondation Didier Drogba, Total Energies, Addoha+ pour ne citer que ceux-là, pour offrir des kits hygiéniques et des aliments à près de 15.000 familles à Abidjan, épicentre de la pandémie ».
L’édition 2021 du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA) a aussi été l’occasion de faire vacciner plus de 6.000 festivaliers, contre la Covid et de distribuer au moins 20.000 masques.
Le Fondation assiste trois pouponnières à Yopougon dont la Maison d’accueil, la Maison du Potier et de Yopougon-attié (toutes ces pouponnières sont à Yopougon). Cette pouponnière et une autre à Bouaké ont été entièrement réhabilitées.
Le volet Culturel
Ce volet est plus visible avec l’organisation du FEMUA qui est à sa 14ème édition en 2022. Ce festival pluridisciplinaire qui réunit près d’une centaine d’artistes africains et de la diaspora, est composé de concerts, conférences-panels, exposition-vente, ateliers de lecture, de dessins et de théâtre pour les tout-petits… Le thème de cette année 2022 est « l’employabilité et l’entreprenariat chez les jeunes ».
Il est prévu de construire un centre de formation pour les métiers des arts vivants. « Un terrain nous a déjà été octroyé pour ce centre. Il y aura des formations en management, techniques évènementielles… Afin de permettre de former au minima nos artistes qui veulent se lancer dans une carrière internationale. Il faut qu’ils puissent négocier véritablement un contrat et ne pas se contenter seulement des montants qui y figurent et après venir se plaindre d’arnaques… Aussi, même en étant au-devant du micro, apprendre comment organiser un concert, c’est-à-dire, de la logistique, aux effets spéciaux, en passant par les instruments de l’orchestre… »
Le volet Environnement
Au cours du FEMUA, il y a une rubrique appelée « Carrefour Jeunesse », qui est un moment d’échanges, de partages de bonnes d’expériences et de bonnes pratiques avec les populations, surtout les jeunes.
C’est également au cours de cet espace qu’est ouvert une plateforme pour les projets des jeunes sur le recyclage durable de déchets. « C’est une manière pour la Fondation de créer un guichet financier qui pourrait booster la concrétisation des projets retenus, mais selon la disponibilité des fonds. Il faudra nous présenter des projets qui transformeront les déchets de manière durable pour créer une économie pour les populations. Nous en sommes à la 3ème édition en 2022 ».
Le président A’Salfo soutient que le dérèglement climatique et les inondations sont des préoccupations majeures car ils agissent sur la sécurité alimentaire et environnementale. Ainsi, la Fondation est impliquée dans l’organisation de la COP 15 qui sera organisée en mai 2022 à Abidjan et qui réunira 6.000 personnes issues de 197 pays. Elle partagera son expérience au cours de panels, en matière de couvert forestier puisque depuis deux ans, elle organise des séances de reboisement à travers le pays, en passant par les écoles et les jeunes.
Le volet Panafricain
Au cours de ce webinaire, A’Salfo a expliqué que la Fondation a prévu étendre ses activités humanitaires aux autres pays africains, en commençant par le Burkina Faso d’ici fin 2023, par la construction d’une école primaire. « Tous les projets afférant au bien-être des populations nous intéresse, mais nous marchons selon la volonté des pays. Les projets sont énormes et notre vision est grande. Notre participation à des festivals à travers l’Afrique et des signatures de convention avec des structures telles que le REMAPSEN, nous permettront de mieux faire connaitre nos activités, de tisser des relations et pourquoi d’attirer des partenariats qui concrétiseront nos actions sociales bénévoles à travers l’Afrique», soutient-il.
Le 24 avril 2016, l’icône de la musique congolaise Papa Wemba s’est s’effondré en plein concert, à Abidjan lors du FEMUA. Le président A’Salfo affirme avoir négocié avec le président en exercice de l’Union Africain, Macky Sall, que cette date soit la « Journée africaine de la musique » pour, non seulement rendre hommage au défunt, mais aussi célébrer la musique africaine dans toute sa dimension.
Le financement
Le financement des activités de la Fondation vient des dividendes de la musique, mais aussi de partenaires, de grosses entreprises citoyennes et d’institutions telles que l’Union Européenne. « Notre notoriété nous ouvre des portes et les investisseurs nous aident et nous accompagnent. Nous appelons donc aux personnes des bonnes volontés à nous rejoindre pour œuvrer ensemble ».
La solidité et la durabilité du groupe
« Nous avons débuté il y a 25 ans à quatre et nous le sommes toujours. Nous prenons les décisions de manière collégiale, que ce soit pour le Groupe musical que pour la Fondation. Nous sommes tous membres du Conseil d’administration de la Fondation et chacun à un rôle bien défini dans le Commissariat général du FEMUA. Bien vrai qu’il peut y avoir des dissensions, mais j’ai la chance d’être le plus âgé du groupe et nos valeurs africaines et familiales nous donne d’aller au-delà d’une simple relation amicale parce que que nous sommes une famille. Le leadership m’a été donné par les membres et c’était à moi de tirer l’ensemble des membres vers le haut, dans le respect et l’écoute. Aussi, en toute chose, il faut une bonne dose d’humanité, tout en sachant ce qu’on veut. Le respect, l’abnégation, la persévérance, la discipline et la vision, doivent être au cœur de tous nos projets ».
Le lancement du FEMUA 2022 est prévu le 12 avril 2022 et à sa suite, d’autres œuvres caritatives seront réalisées par la Fondation. Plus d’une trentaine de journalistes issus d’une quinzaine de pays participaient à ce webinaire organisé par le REMAPSEN.
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