Dans un communiqué paru dimanche 10 avril 2022 sur la page Facebook de la Présidence, le chef d’Etat guinéen, le Colonel Mamadi Doumbouya, ordonne aux compagnies minières étrangères qu’elles ont jusqu’à fin mai pour construire des raffineries de bauxite dans le pays pour un partage équitable des revenus.
La Guinée, avec une estimation de 7,4 milliards de tonnes, possède les plus importantes réserves mondiales de bauxite, un minerai entrant dans la fabrication d’aluminium, essentiel dans les industries automobile ou alimentaire. Le pays en est le deuxième producteur mondial.
Aussi, les retombées en Guinée concernant l’extraction de la bauxite ou autres ressources naturelles telles que le fer, l’or et le diamant, restent disproportionnées. Les experts évoquent l’insuffisance des investissements dans l’économie locale, le manque d’infrastructures comme les routes, les lacunes des textes en vigueur.
« En dépit du boom minier du secteur bauxitique, nous constatons que les revenus escomptés sont en-deçà des attentes, vous et nous ne pouvons plus continuer à ce jeu qui perpétue une grande inégalité dans nos relations », a indiqué le colonel Doumbouya aux industriels.
Des compagnies comme la Société minière de Boké (SMB, consortium formé par l’armateur singapourien Winning Shipping, le producteur chinois d’aluminium Shandong Weiqiao, le groupe Yantaï Port), la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG, détenu à 49% par l’État guinéen et à 51% par Halco Mining Inc, un consortium formé par l’Américain Alcoa, l’anglo-australien Tio Tinto-Alcan et dadco Investments et le Russe Rusal, opèrent dans le secteur.
« Toutes des compagnies étaient tenues par les conventions avec l’État guinéen, depuis 1983 pour l’une d’elles (CBG), de construire des raffineries. Le Chinois TBEA est même censé construire une fonderie d’aluminium. Certaines de ces compagnies n’ont même pas produit d’étude de faisabilité », a expliqué le ministre des Mines, Moussa Magassouba.
« Le non-respect de ces conventions est une cause de nullité et leur application est non-négociable pour le gouvernement. La transformation sur place du minerai devient incontournable, c’est un impératif et sans délais », a martelé le chef de l’État, rassurant aussi les opérateurs étrangers quand il avait pris le pouvoir par la force en septembre 2021. Il avait assuré que la Guinée tiendrait les engagements qu’elle avait pris.
En mars 2022, il avait ordonné la cessation de toute activité sur le site de l’immense gisement de fer de Simandou, pour réclamer que les intérêts nationaux soient préservés par ses exploitants étrangers, dont la SMB et Rio Tinto. Un accord-cadre de 15 milliards de dollars a depuis été signé fin mars entre l’Etat guinéen et les exploitants pour un co-développement du gisement.
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