Les étudiants du Centre d’enseignement et de recherche en
communication (Cercom) de l’Unité de formation et de recherche en information,
communication et arts (Ufrica) de l’Université Félix Houphouët-Boigny sont
inconsolables en ce moment. Depuis hier jeudi 10 juin 2021, ils pleurent leur
professeur Alain Diassé, décédé des suites d’une longue maladie.
Ils sont ainsi nombreux à lui rendre hommage sur sa page
Facebook.
« Ce monsieur humble,
effacé, accessible et disponible pour ces étudiants. Ce monsieur méticuleux qui
aimait le travail bien fait. Et par-dessus tout ce monsieur qui a traumatisé
toute une génération avec son cours « Analyse du discours ». Rien qu’à penser à
vos différentes répliques pendant les cours ma tristesse se transforme en joie…
et ne peux que garder le meilleur de vous », se console Nassaire Kharann
Gahie.
« Je cherche encore
les mots... Tellement de choses me traversent l'esprit. Dès notre arrivée au
CERCOM en 2015, nos devanciers avaient pris la peine de nous informer de ta
sévérité et ta rigueur. Je me souviens encore de toutes ces fois où nous avions
cours, ces séances aux cours desquels je stressais à l'idée d'être interrogée.
Non pas par peur de donner une mauvaise réponse, mais pour la honte que j'avais
de m'exprimer devant une audience de surcroît dans un amphithéâtre plein à
craquer d'étudiants. Lorsque ce fut mon tour de parler, tétanisée par cette
foule je ne pus dire mot, comme si ma langue m'avait été arrachée. Après le
cours, tu m'as dit " prochainement cherche un visage qui t'est familier et
fixe le du regard, c'est l'un des secrets pour faire passer le trac".
Depuis ce jour nous n'avions cessé d'échanger. Lorsque j'avais des préoccupations
tu étais la première personne à qui je pensais », se souvient Imane Kamara.
Avant d’ajouter : « Dr
Alain Diasse était pour la plupart cet enseignant qui faisait pleurer, cet
enseignant qu'on retrouvait coûte que coûte en session de rattrapage. Pour moi
il était bien plus, c'était mon père. J'ai eu la chance de connaître cette
personne merveilleuse que tu étais, vraie, joviale. Tellement de choses à
dire...J'aurais jamais pensé devoir écrire ces quelques lignes, tout en parlant
de toi au passé. Papa j'ai fini la rédaction de mon mémoire, tu m'avais promis
être là pour ma soutenance, je t'avais expliqué que cette peur d'échouer
m'effrayait encore malgré toutes ces années passées. Mais voilà que tu me
laisses ainsi... sans avoir vu mes progrès. J'arrive même à fermer l'œil.
Repose en paix Papa, que Dieu te fasse miséricorde. »
Olivier Aie pour sa part s’interroge : « Qui va nous enseigner le dialogisme ? De mon parcours scolaire et
universitaire, je n'ai jamais vu un enseignant aussi disponible pour ces
étudiants. Un homme d'une t'elle simplicité, empreint d'une telle humilité que
discuter avec lui avait l'allure d'un dialogue entre amis ou promotionnels,
alors que tu avais en face de toi le titulaire d'un Doctorat, le Graal
majestueux des enseignants de l'université. Ce n'est pas le Marshall encore
étudiant qui me dira le contraire. Humaniste à tel point que dans le répertoire
de la plupart des étudiants du département son numéro était enregistré avec
l'expression "Papa Diasse ". Sans distinction de niveau, demander le
numéro du professeur enseignant d'analyse de discours, c'est se voir transférer
un numéro avec l'identifiant "Papa Diassé ". A la fin je trouvais que
Andréa-Laude et Karmelle abusaient de leur affaire de papa Diassé, mais
personne ne pouvait le leur arracher de la bouche. Anastasie Tea vantant les
mérites de son encadreur, tu pouvais en pâlir de jalousie. »
Pour Olivier Aie, Diassé était le bon ami de tous.
« À tout enseignants
non présent à qui tu devais remettre un colis, le concerné te faisait
simplement savoir "remet au Dr Diassé". Combien de fois pour atteindre
un autre enseignant, il fallait passer par le Dr Diassé. Courroie de
transmission par excellence des Prof. Adhepeau, Kra, Goa...Enfin qui pouvait
vendre le rêve occidental à Diassé l'Africain? Presque cinq ans passé au
Cercom, je ne l'avais jamais vu dans un costume, chemise tissue même j'en
doute. Toujours dans ces tenues tradi-moderne, pagnes tissés, pagne bété...
Etonnant pour quelqu'un qui avait passé un pan de sa vie dans l'hexagone… Le
condisciple Vanhié avait fini par le surnommer Diassé l’Africain. La
confirmation de ce surnom est vite venue avec le livre "Pauvres Noirs de
France " ». Adieu magistère.
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