Dans le cadre des
élections municipales de 2023, un changement significatif semble se profiler
dans le paysage politique de Yopougon, autrefois un bastion du Parti démocratique de Côte d'Ivoire - Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) devenu
un fief du Front populaire ivoirien (FPI) au fil des années. Cette transition
politique complexe est marquée par plusieurs étapes clés et événements
marquants.
Historique
politique de Yopougon
Jusqu'en 1999, la mairie
de Yopougon est exclusivement aux mains du PDCI-RDA incarné par son
emblématique maire Doukouré Moustapha. Après l’accession du Président Laurent
Gbagbo à la magistrature suprême, en octobre 2000, la plus grande commune de
Côte d’Ivoire tombe dans l’escarcelle de son parti le Front populaire ivoirien à
l’issue des élections municipales de 2001. C’est historique ! Ce règne,
renforcé par des luttes patriotiques pro-Gbagbo inhérentes à la crise
militaro-politique, dure toute une décennie (2000-2011). La présidentielle de
2010 confirme cette tendance avec Laurent Gbagbo remportant 51,4% des voix au
premier tour et 58,5% au second tour.
Fluctuations
politiques et léthargie ultérieure
La décennie suivante
(2011-2020) est caractérisée par une absence notable du FPI pro-Gbagbo sur le
terrain politique avec le boycott systématique des différentes élections. Le
Rassemblement des Républicains (RDR) fondu aujourd’hui dans le Rassemblement
des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), profite pour s’emparer
de la mairie. Les partisans du FPI espèrent néanmoins le retour de Gbagbo pour
raviver leur flamme militante pour reconquérir « la cité de la
joie ». Cet espoir fait plutôt place à la désillusion après son retour. Attendu
comme un messie, celui qu’on surnomme le Woody de Mama signe son retour avec
des scènes de ménage qui aboutit au divorce conjugal et politique d’avec sa
compagne et compagnonne de lutte Simone Ehivet. Il rompt également avec son
ancien Premier ministre Affi N’guessan à qui il laisse le FPI pour créer le
Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPACI).
Législatives
2021, municipales 2023 et déclin de l’influence du PPACI
Malgré une alliance
entre le PDCI et la plateforme EDS dissoute aujourd’hui dans le PPACI, le
résultat des élections législatives de mars 2021 ne montre qu'une victoire
modérée, avec seulement une mince marge de voix en faveur du PPACI par rapport
au RHDP. Ces élections municipales de 2023 sont marquées par des contradictions
au sein de l’alliance PDCI-PPACI, ainsi que par le déclin de l'imaginaire
populaire associé à Laurent Gbagbo. Les messages divergents de Simone Gbagbo éclipsent
également en partie l’aura de son ex-époux sur Yopougon. Tout ceci mis ensemble
rend mathématiquement improbable une victoire de son candidat Michel Gbagbo.
En revanche, les
chances de victoire du candidat du RHDP, Adama Bictogo, sont de plus en plus
élevées. Son activisme et son engagement contribue à raviver les bases du RHDP.
Avec une stratégie axée sur la proximité et la séduction des populations, la
campagne terrain est dynamique et influence le basculement des populations, des
associations, d'autres partis et candidats indépendants dans le camp RHDP.
Projections
pour les élections municipales
À la lumière de cette
réalité, l’élection municipale penche en faveur d'Adama Bictogo et du RHDP. Le
réveil des bases du parti au pouvoir, la séduction au-delà des partisans
traditionnels et la mobilisation des associations et des communautés créent un
environnement favorable pour la victoire. La division persistante au sein de
l'opposition renforce également la position du RHDP, signe d’un imminent
basculement de Yopougon dans son giron. Autrement dit, les élections
municipales de 2023 à Yopougon semblent marquer un tournant politique majeur
avec Adama Bictogo.
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