Une page sponsorisée sur Facebook affiche, depuis le 11 avril 2022, une photo d’un profil attribué à un supposé médecin urologue ivoirien, tantôt nommé Bassirou Sanogo, tantôt nommé Bassirou Arkhurst. Il serait le chef du département d’andrologie et d’urologie à la faculté de médecine de Yamoussoukro, professeur, urologue praticien, médecin honoraire de Côte d’ivoire”.
Voir le lien en question: https://ciecafipe.com/?acc=%7B%7Bcampaign.name%7D%7D&adset=%7B%7Badset.id%7D%7D&ad=%7B%7Bad.id%7D%7D&placement=%7B%7Bplacement%7D%7D&ev=Lead&pxl=284938347142401&fbclid=IwAR3uFuhwM_K73YIAql85LJ1iJDuTlmyXfoiWpruVzje4z5hNodBvKp4md6I
D’où provient cette publication ?
La publication provient d’une page Facebook sponsorisée par une certaine “Anastasia” depuis le 1 mars 2022 et ciblant des personnes dont l’âge varie entre 40 et 90 ans. L’objectif de cette page est de vendre “aux personnes souffrant d’impuissance sexuelle et de prostatite” , “un produit révolutionnaire” , dénommé Prostonic Ultra”. Ce qui devrait les amener à renoncer à l’usage du célèbre “Viagra” (viagra en français). Nous avons constaté que l’initiateur de cette page a procédé à la fermeture de la page.
La publication a suscité 179 commentaires et a été partagée 264 fois avec deux profils aux noms différents mais ayant la même fonction.
Pourquoi ça buzze? La publication buzze pour la simple que la dysfonction érectile est et a toujours été une réalité chez la gente masculine. Une telle publication ne peut laisser indifférent les internautes en panne de virilité. La preuve, selon les statistiques, l’impuissance touche majoritairement les hommes à partir de 40 ans. La dysfonction érectile totale concerne ainsi environ 5 % des hommes de plus de 40 ans, 10 % des hommes ayant atteint la soixantaine,15 % des hommes de 70 ans et plus, et 30 à 40 % des hommes âgés de 80 ans et plus. Toutefois, les jeunes hommes peuvent aussi être concernés. Chez eux, la cause majeure d’impuissance sera davantage d’origine psychogène. La dysfonction érectile pourrait, d’après les projections, toucher jusqu’à 322 millions d’hommes à travers le monde aux alentours de 2025.
En Côte d’Ivoire, selon Dr Justin N’Guessan, urologue ivoirien, intervenant sur le thème “La dysfonction érectile: un sujet encore tabou” au cours d’une émission de la Rti le 7 mars 2019, les causes de l’impuissance masculine sont multifactorielles. L’impuissance masculine peut ainsi être une conséquence d’un stress chronique, d’une anxiété de performance, d’une angoisse personnelle, de problèmes relationnels ou de tout autre état de fragilité psychologique. D’où la recherche tous azimuts de solutions des personnes souffrant de cette dysfonction érectile chez “des spécialistes vrais ou faux” sur la toile à l’image de ces internautes:
Le fait que cette publication use de l’identité d’un médecin praticien ivoirien, inventeur de “ce produit révolutionnaire à même de soigner durablement les dysfonctionnements érectiles masculins, contribue à crédibiliser et à renforcer l’offre, aux yeux des internautes.
Les quatre (4) raisons de douter de cette publication et du produit promu (l’intox)
Premièrement, la photo n’est pas celle du professeur Bassirou Sanogo. Les recherches par image inversée sur différents moteurs de recherche, concordent vers l’identité d’un certain Dr Gregory McGriff. ll s’agit d’un médecin américain, vivant dans le Maryland. Il est médecin interniste à Rutherfordton, en Caroline du Nord et est affilié au Rutherford Regional Health System-Rutherfordton . Il a obtenu son diplôme de médecine de la Wake Forest School of Medicine du Wake Forest Baptist Medical Center et pratique la médecine depuis plus de 20 ans. Ci-dessous une photo moins récente de Dr Grégory Mc Griff:
Deuxièmement, il n’existe par ailleurs pas de faculté de médecine à Yamoussoukro. La ville de Yamoussoukro ne dispose pas de centre hospitalier universitaire (Chu) mais plutôt de trois hôpitaux de service public, à savoir : le centre hospitalier régional (Chr), l’hôpital catholique Saint Joseph Moscati et l’hôpital psychiatrique Saint Vincent de Paul.
Troisièmement, le supposé “article scientifique” qui met en relief les qualités du produit “Prostonic Ultra” est signé de Elsa Biagne Negbre. C’est le nom d’une athlète professionnelle de jeu de dames, 5 fois championne de Côte d’Ivoire. Rien à voir donc avec une experte sur les questions de santé, si tant est-il qu’il s’agit de la même. Jointe au téléphone, Elsa Biagne a marqué son étonnement de signer un document à caractère scientifique et médical, de surcroît dans un journal médical. “Je ne suis pas la rédactrice de ce document. Je ne sais même pas de quoi il est question”, nous a-t-elle signifié.
Quatrièmement, “Prostonic Ultra” se vendrait sous le manteau. L’AIP a requis, à cet effet, l’avis d’un professionnel de la santé, Dr Nabil Mamadou Fofana, un pharmacien d’officine,en fonction à San-Pedro, qui s’était déjà empressé d’alerter les internautes. “Normalement tout médicament commercialisé dans notre pays doit d’abord avoir une autorisation officielle (AMM). Je ne sais pas si le produit existe vraiment. Je ne connais pas non plus le médecin urologue qui le présente. Voilà pourquoi, j’ai voulu attirer l’attention des personnes sur ce médicament qui, à ma connaissance, n’est vendu dans aucune pharmacie ivoirienne”. Extrait de sa réaction à la publication sponsorisée de “Anastasia”.
Conclusion : nous sommes en face d’une publicité usant de faux sur l’identité de l’inventeur de son produit. Attention à l’intox!
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