La Fourrière de Gesco est dans un piteux état. Un endroit pourtant fréquenté, mais qui semble être à l’abandon, en raison de la grande insalubrité qui y règne. C’est le constat fait par une équipe de reportage de pressecotedivoire.ci, le 30 avril 2024, lors d’une visite sur les lieux pour s'enquérir de la situation après plusieurs témoignages reçus.
Pour accéder à cet endroit servant de point de chute aux véhicules tombés en panne ou abandonnés sur la voie publique, ou encore qui se sont trouvés dans une situation gênant la situation sur le domaine public, il faut escalader des flaques d’eaux usées, la boue et biens d’autres déchets de toute nature.
L’entrée de la Fourrière annonce déjà la salubrité. Juste devant le portail d’accès, une énorme flaque d’eau provenant des habitations environnantes accueille le visiteur. Dans un article publié le 8 octobre 2023, pressecotedivoire.ci relatait déjà le calvaire quotidien des populations de Gesco-Ayakro, faisant part d’une sorte de mini-rivière d’eaux usées qui prenait sa source dans le quartier Micao, et qui traversait tout le quartier sur une distance de plus de 500 mètres. Notre constat était que c’est aux alentours de la clôture de la Fourrière de Gesco que cette eau usée terminait sa course. Ce triste décor est bien visible avant d’accéder à cet endroit.
Que dire de l’intérieur où les flaques d’eaux usées sont aussi présentes ? Des véhicules qui semblent hors d’usage sont positionnés de part et d’autres. Des touffes d’herbes assez hautes par certains endroits montrent clairement le manque d’entretien. Des véhicules en bon état sont également visibles dans l'enceinte même, au milieu de ces eaux stagnantes et de la boue. Pourquoi un endroit qui, dans son fonctionnement, génère des fonds importants, peut se retrouver dans un tel état de délabrement ?
Le vigile de la Fourrière, en raison d’une pluie qui a précédé notre arrivée, a dû se déplacer pour s’abriter sous un hangar positionné à une dizaine de mètres du portail. A peine franchissons-nous le portail qu’il nous interpelle. Nous nous dirigeons vers lui, non sans sautiller comme un lapin pour éviter les flaques d’eau. Une fois au niveau de ce dernier, nous déclinons notre identité et lui demandons de nous permettre de rencontrer l’un des responsables de la fourrière. Il nous conduit alors vers un certain Daoudji, assis à l’entrée d’une baraque, se préparant à prendre un thé. Les deux hommes nous invitent à prendre place. Nous nous exécutons.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles la Grande Fourrière de Yopougon-Gesco se trouve dans un tel état de délabrement avancé, Daoudji nous fait savoir très poliment qu’il n'est pas habilité à nous donner son avis sur cette question. Il nous conseille donc de nous référer au district autonome d’Abidjan, qui est l’organe chargé de gérer cette structure. « Franchement, nous-mêmes nous constatons que la Fourrière n’est pas belle à voir. Mais la tutelle, c'est le District autonome d’Abidjan et je pense que là-bas, on pourra vraiment vous donner plus d’informations... », nous dit-il.
La fourrière de Gesco, plus de 10 ans dans les ordures
Si l’état de la Fourrière semble ne pas intriguer ces personnes qui y travaillent, ou qui y vivent, ce n’est pas du tout le cas pour certains automobilistes et habitants du quartier.
« Franchement, je ne pensais que la Grande Fourrière de Gesco pouvait être dans un tel état, c’est très sale. J’y suis allé parce ma voiture avait été envoyée dans cet endroit, mais franchement ce que j’ai vu, c’est honteux. Je ne peux comprendre comment un endroit qui génère quand même de l’argent, puisse manquer autant d’entretien, c’est vraiment pitoyable », témoigne un automobiliste à notre micro.
Un riverain qui a bien voulu répondre à nos questions à ce sujet indique clairement que l’état de salubrité dans lequel baigne la Fourrière de Gesco est à l’image du quartier qui l’accueille : « La Fourrière de Gesco n’est pas propre. On dirait que c’est aujourd’hui que vous voyez cela. Ça fait plus de 10 ans que c’est comme ça. Ça ne dit rien à personne. C'est tout le quartier de Gesco même qui est comme ça. Il y a des ordures partout, mais ce n’est pas le problème de nos autorités. C'est quand il s’agit de casser les maisons des pauvres, qu'ils sont premiers », lancé-t-il, visiblement amer.
Que fait le District autonome d'Abidjan ?
Joint au téléphone, une source bien introduite au District autonome d’Abidjan, explique que la Fourrière de Gesco n’a pas été oubliée. Et que des travaux de réhabilitation sont prévus. Mais le Gouverneur du District est actuellement focalisé sur la lutte contre le désordre urbain et les actions de prévention contre les inondations. « Il y a des restructurations qui sont en cours actuellement. Il y a une série de réhabilitations qui sont en cours (…) je ne peux pas dire que les travaux de réhabilitation seront lancés très bientôt au niveau de la Fourrière de Gesco. Actuellement, nous sommes en saison des pluies. Donc le ministre-gouverneur se concentre sur les actions à mener pour éviter qu’il y ait des morts dans cette saison des pluies. Et il y a donc la lutte contre le désordre urbain et les actions de prévention contre les inondations. On ne peut pas être sur tous les fronts en même temps…On ne peut aller dans tous les sens. Pour le moment, le ministre-gouvernement est concentré sur ces deux aspects », indique notre interlocuteur.
Avec cette version des faits du District, on peut se réjouir de ce que des actions soient prévues à moyen ou court terme. Seulement, comme cela nous a été confirmé par un riverain, la Fourrière est dans ce piteux état depuis plus d'une décennie. Pourquoi depuis lors, rien n'a été fait pour sortir cet endroit qui génère pourtant de l'argent, de cet état de délabrement ? Une question qui mérite réponses.
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