Ce joyau situé en face du village guinéen de Gouela, sur l’autre rive du fleuve Goué servant de frontière naturelle entre les deux pays, n’est pas connecté au réseau électrique. Il fonctionne à l’aide d’un groupe électrogène. De plus, le réseau de téléphonie mobile est défaillant, de sorte que les éléments des forces ivoiriennes sur place sont obligés d’utiliser les réseaux guinéens.
A ce point de passage officiel entre la Côte d’Ivoire et la Guinée, situé à 48 kilomètres de Danané, règne, ces derniers temps, un silence inhabituel. Les trottoirs d’ordinaire occupés par des vendeurs ambulants et des camions sont quasiment vides. Il n’y a que les éléments des forces ivoiriennes qui sont présents sous des hangars, pour se mettre à l’abri de la fine pluie qui nous accueille ce 4 septembre 2021.
Certains sont aux différents postes de contrôle, quand d’autres sont devant une boutique qui distille de la musique du pays. Trois d’entre eux échangent juste à côté des sanitaires préfabriqués hermétiquement fermés et opérationnels. Ces locaux sont destinés à accueillir des cas suspects de personnes infectées par le virus d’Ebola ou celui de la Covid-19. Jusque-là, ils n’ont pas enregistré de cas, mais les équipes de l’Institut national d’hygiène publique restent sur le qui-vive et les agents que nous avons interrogés veillent au grain pour appliquer les mesures prises par le gouvernement.
Au poste de contrôle sanitaire, le seau pour le lavage des mains est bien en vue. Les bouteilles de savon liquide et de gel hydro-alcoolique sont pleines. Le seau de recueillement de l’eau usée est vide, signe que les usagers qui se présentent pour le lavage de main sont rares et cela est manifestement dû à la fermeture de la frontière. Nous nous lavons les mains avant d’engager des échanges avec les maîtres des lieux. ‘’ Bienvenue au poste de Gbapleu, merci de venir partager notre solitude !’’, nous lance un jeune gendarme.
Visiblement content de voir des visiteurs, il raconte qu’avant la décision de fermer la frontière, des centaines de personnes et de nombreux camions de marchandises faisaient chaque jour la traversée à cet endroit.
Sur la chaussée, non loin du pont, une barre de fer bloque le passage. ‘’C’est notre point de contrôle. Aujourd’hui, il n’y a que les habitants des deux villages frontaliers qui traversent ce poste pour aller dans leurs champs dans les deux sens ‘’, indique un jeune soldat. ‘’Nous ne sommes pas en vacances. Nous veillons au grain», affirme un autre. ‘’Il y a toujours quelque chose à faire, nous veillons sur la sécurité des Ivoiriens’’, ajoute-t-il. Il fait savoir qu’en plus des riverains, les convois humanitaires sont autorisés à traverser la frontière.
Les soldats, conscients du danger invisible qui peut venir de la Guinée voisine, se protègent comme ils peuvent. Après ces échanges, il est temps de passer la frontière... bien attendu avec leur incontournable appui.
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