Suite à l’organisation de votre premier congrès ordinaire, vous aviez été réélu pour conduire les destinées de la plateforme nationale. Quels sont vos priorités ?
Je veux avant tout faire remarquer que je suis un homme heureux et déterminé à continuer le combat du bien être des travailleurs et de la préservation de la paix sociale. Ce sont deux leviers sur lesquels la plateforme joue, parce que pour nous, sans la paix, rien ne peut se faire. Pour les cinq années à venir, il s’agit pour le secteur public de nous battre pour que les primes trimestrielles soient généralisées aux ministères où ces primes sont inexistantes. La deuxième chose, c’est de faire en sorte que la prime exceptionnelle de fin d’année devienne le treizième mois que nous réclamons depuis des années pour que nous atteignions les 100% du salaire de décembre qui est payé début janvier. Nous nous battrons également pour que les retraités bénéficient aussi de la prime exceptionnelle de la fin d’année et que leur pension soit améliorée de façon continue. Quant au secteur privé, nous estimons que le SMIG est déjà à un bon niveau, mais peut être amélioré à 120 000Fcfa dans les 5 ans à venir.
Cela est aussi valable pour le SMAG. Nous souhaitons qu’il soit aligné sur le SMIG. Ensuite, en ce qui concerne notre statut de centrale syndicale, nous nous battrons afin que nous soignons pleinement reconnu par l’Etat de Côte d’Ivoire, qui nous a déjà reconnu techniquement. Au niveau professionnel, nous ferons en sorte qu’il y ait un maximum d’adhésion des fédérations etc.
Vous parliez de reconnaissance de votre centrale par l’Etat. Est-ce à dire que vous ne seriez pas encore invité à la fête du travail aux côtés des autres centrales syndicales ?
Pour l’instant, nous n’avons pas encore reçu d’invitation pour aller au palais le 1er mai. Je profite de l’occasion pour lancer un appel au gouvernement pour qu’il ajuste les choses. Le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale nous a rassurés qu’il y travaille. Nous l’encourageons à continuer à aller plus loin. Les premiers pas qu’il a posés sont déjà intéressants. Il est grand temps que tous les travailleurs qui se reconnaissent à notre centrale et qui vivent cette mise à l’écart comme une grosse injustice puissent être reconnus dans leur droit.
Depuis votre réélection, vous êtes l’objet de critiques sur les réseaux sociaux. Il vous est reproché d’être devenu amorphe dans la lutte syndicale, parce que vous pactisez désormais avec le gouvernement. Que répondez-vous ?
Vous savez, personne ne fait l’unanimité. Leur réaction est donc normale. Cela dit, je voudrais faire observer que toutes les revendications que nous avons portées, elles ont été toutes amenées aux résultats. Qu’on me donne la seule revendication que nous avons prise et qui n’a pas connu un aboutissement. Beaucoup de camarades ne savent même pas comment les revendications se formulent. Nous travaillons, nous organisons, nous structurons et ensuite nous allons au débat. Il y avait cinq points de revendications pendant les cinq premières années. Tout a été réalisé. Le gouvernement a tout payé. Le stock des arriérés qui était le plus lourd a été entièrement payé par le gouvernement, mais personne n’en parle aujourd’hui. Des fonctionnaires ont même perçu 24 millions FCFA. Quel est le syndicaliste qui a permis d’enrichir autant ces camarades travailleurs ? Les indemnités de logement ont été améliorées et attribuées à tous les fonctionnaires. C’est grâce à notre plateforme nationale. Et cerise sur le gâteau, nous sommes parvenus à obtenir une prime exceptionnelle payée en janvier pour permettre aux fonctionnaires de ne plus être angoissés à l’approche des fêtes de fin d’année. Nous continuons de travailler dans la droite ligne de notre feuille de route.
Soit, mais pour vos détracteurs, ils estiment que la nouvelle signature de la trêve sociale est une preuve !
Après les acquis énoncés, nous sommes en train de préparer les nouvelles revendications pour les cinq années à venir. Des camarades veulent peut-être me voir dans un pugilat, en train de lancer des coups de poing seul dans la rue. Mais on ne se bat pas lorsque la table de négociation est dressée. Hier, nous étions en grève parce que le gouvernement ne voulait pas discuter et le seul moyen pour nous faire entendre, était la grève. En matière de grève, personne ne peut nous faire des leçons, puisque nous avons démontré que nous sommes capables de faire une grève pendant trois semaines et tenir jusqu’au bout. Si aujourd’hui, les autorités ont une oreille attentive, et qu’elles sont prêtes à la négociation, vous voulez que j’aille donner des coups de poing, ce n’est pas possible. Ceux qui souhaitent autre chose ne me verront pas là-bas. Ils me trouveront plutôt du côté des travailleurs en me battant pour l’amélioration de leur condition de vie par la négociation. Pour gagner, il faut être patient, pour gagner, il faut inscrire la lutte dans le temps et c’est ce que certains ne veulent pas. Le syndicaliste demande, c’est l’Etat qui donne.
Pour les employés du secteur privé, comment envisagez-vous mener la lutte face aux employeurs qui déchirent le code du travail ?
Il faut indiquer que contrairement au secteur public où nous avons un seul employeur qui est l’Etat, il est plus facile d’adresser les revendications. Au niveau du secteur privé, nous avons des employeurs disparates, même s’ils sont organisés en confédération. L’autre problème, c’est que les employés du privé sont fragilisés par le fait qu’ils refusent de se syndiquer sous prétexte de protéger leur pain. Or, c’est par la syndicalisation qu’on peut défendre ses intérêts. Mais de façon générale, nous nous battons auprès du ministère de l’Emploi pour qu’il veille à ce que les employés soient déclarés à la CNPS.
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