Près de trois mois
après le début du mouvement de contestation, suite à la mort de Mahsa Amini en
septembre dernier, cette jeune Kurde iranienne lors de sa détention par la
police des mœurs, le procureur général iranien a annoncé la disparition de
cette police.
« Ceux-là même qui ont créé la police des
mœurs l’ont démantelée », a annoncé laconiquement le procureur général du pays,
l’hodjatolislam Mohammad Jafar Montazari. Ces dernières années, l’action de la
police des mœurs était dénoncée pour des arrestations violentes de jeunes
femmes mal voilées.
Connue sous le nom de
Gasht-e Ershad qui signifie « patrouilles d’orientation » en persan, la police
des moeurs a été créée en 2005 sous l’ancien président ultraconservateur
Mahmoud Ahmadinejad. Elle est formée d’hommes en uniforme vert et de femmes
portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps. Cette unité a
commencé ses premières patrouilles en 2006.
Durant toutes ces
années, son action a été critiquée par les réformateurs et les modérés,
notamment lors du mandat du président Hassan Rohani. Cet été, le président
Raissi a annoncé de nouvelles restrictions vestimentaires et donc un
renforcement de l’action de cette police. Mais hier, samedi, il a évoqué un
possible infléchissement dans la mise en application des lois.
Les manifestations
ont commencé en septembre pour protester contre la mort de Mahsa Amini arrêtée
par cette même police des mœurs pour mauvais respect du port du voile
islamique. Ensuite, elles ont pris une tournure politique avec des slogans
beaucoup plus durs contre les dirigeants iraniens et le pouvoir islamique,
faisant des centaines de morts. Hier samedi, le ministère de l'Intérieur a fait
état de plus de 200 morts depuis le début des manifestations, en incluant les
membres des forces de sécurité, les manifestants, mais aussi des membres des
groupes armés qualifiés de contre-révolutionnaires
même temps, le
procureur général a annoncé que le Parlement et une autre instance, dirigée par
le président Ebrahim Raissi, travaillaient sur une modification de la loi sur
le port obligatoire du voile islamique sans toutefois préciser dans quel sens
le texte sera modifié. Le résultat sera annoncé d’ici quinze jours.
Selon un député, la
police pourrait cesser toute arrestation et mettre en place des amendes pour
non-respect du voile. De fait, ces dernières semaines, on voit de plus en plus
d’Iraniennes, en particulier des jeunes, non voilées sans que les forces de
l’ordre interviennent. Certaines femmes se promènent dans la rue en pantalon et
avec une simple veste, sans même avoir sur elles un simple foulard au cas où la
police leur ferait des remarques.
Appels à manifester à
partir de demain lundi
Ces annonces
interviennent alors que des appels ont été lancés pour trois journées de
manifestations et de grève à partir de lundi. Ces appels ont été partagés sur
les réseaux sociaux par des activistes et des groupes inconnus pour trois jours
de manifestations et de grève entre lundi et mercredi. Certains de ces appels
invitent les protestataires à s'armer et attaquer les centres vitaux du pouvoir.
Autre annonce ce
dimanche, celle de l'exécution de quatre personnes, qualifiées de « voyous » et
exécutées par pendaison pour destruction de biens publics et enlèvement. Selon
les médias iraniens, ces quatre individus ont également été reconnus coupables
de liens avec les services de renseignements israéliens.
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