Le guitariste guadeloupéen Jacob Desvarieux, mort vendredi 30 juillet à Pointe-à-Pitre des suites du Covid-19, était l’un des fondateurs du groupe Kassav’, monument aux Antilles qui a connu un énorme succès dans les années 1980 en mélangeant des musiques locales pour créer un style, le zouk.
Agé de 65 ans, Jacob Desvarieux avait été hospitalisé le 12 juillet après avoir été contaminé par le coronavirus. De santé fragile depuis une greffe rénale, il avait été placé en coma artificiel, selon une récente déclaration de la production du groupe Kassav’, qui avait également annoncé l’annulation de tous les concerts prévus.
Hommages unanimes
Les hommages se succèdent depuis l’annonce de sa mort. « Une immense voix des Antilles », a écrit le judoka guadeloupéen Teddy Riner sur son compte Twitter. L’ancienne ministre Christiane Taubira, originaire de Guyane, disait sa tristesse, se remémorant « sa voix, sa dégaine, son talent, sa joie, ce sourire, cette inclinaison de la tête et même sa salopette des débuts ». « Les Antilles, l’Afrique et la musique viennent de perdre l’un de ses plus grands ambassadeurs. Jacob, grâce à ton art, tu as rapproché les Antilles à l’Afrique. Dakar, où tu as vécu, te pleure. Adieu l’ami », a tweeté le chanteur sénégalais Youssou N’Dour, figure majeure de la world music.
« Compositeur de talent, leader du groupe Kassav’, il était l’un des pères de la musique afro-antillaise, qu’il a permis de faire rayonner dans le monde entier », a tweeté la ministre de la culture Roselyne Bachelot. « Les Français perdent aujourd’hui un artiste de talent, et une voix connue de tous », a réagi sur Twitter Sébastien Lecornu, le ministre des outre-mer, tandis que, sur les réseaux sociaux, les hommages d’anonymes et de proches du chanteur et musicien, très connu aux Antilles, affluaient.
« Ce soir, la Guadeloupe tout entière pleure l’un de ses plus grands ambassadeurs, dont l’immense talent, les valeurs, la bonté d’âme et l’amour viscéral de son pays le faisaient rayonner bien au-delà de la sphère artistique », a réagi le président du conseil départemental de Guadeloupe, Guy Losbar.
Tubes festifs et dansants
« Au départ, c’était un laboratoire : nous cherchions à trouver une bande-son qui fasse la synthèse de toutes les traditions et sons antérieurs, mais qui soit exportable partout », avait raconté le musicien au journal Libération en 2016. Le cocktail donnera naissance à des tubes festifs et dansants chantés en créole, comme Zouk la sé sèl médikaman nou ni (1984, sur un album que Desvarieux cosigne avec un autre fondateur de Kassav’ mais qui ne sort pas sous le nom du groupe) ou Syé bwa (1987).
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