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Transport au gaz butane : quand l’atteinte à l’intégrité physique ou à la sécurité ne préoccupe guère

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Transport au gaz butane : quand l’atteinte à l’intégrité physique ou à la sécurité ne préoccupe guère

Le phénomène des taxis à gaz, qui avait commencé dans la ville de Man (Ouest de la Côte d’Ivoire), il y a 11 ans (à la fin 2013 – début 2014) avec quelques taxis, s’est peu à peu étendu à l’ensemble de la corporation pour devenir aujourd’hui un casse-tête que les autorités sécuritaires locales, administratives et politiques ont du mal à résoudre, mettant en mal l’intégrité physique ou sécuritaire des personnes et leurs biens dans la capitale montagneuse.


Un casse-tête alimenté par plusieurs incidents comme celui qui s’est produit, mercredi 1er mai 2024, jour de la fête du travail, dans un lavage auto au quartier Libreville à Man.


Le jour des faits, des jeunes parmi lesquels des élèves de collèges, ont été victimes de l’explosion d’une bonbonne de gaz d’un taxi. Ces jeunes, pour des difficultés financières, s’adonnent à de petits jobs comme le lavage auto pour disposer de l’argent afin de subvenir à quelques besoins le long de l’année scolaire.


« Le mercredi 1er mai 2024, comme on a l’habitude de faire avec les amis, on était au lavage ce jour-là pour le travail. C’est ce qu’on fait pour avoir un peu d’argent sur nous. Moi je ne savais pas qu’après que le taxi a été lavé, pour des difficultés de démarrage, les amis avaient enlevé la bouteille de gaz et la déposer dans le magasin. Quand j’ai fini de laver la voiture sur laquelle j’étais, je suis rentré dans le magasin pour mettre en marche la machine à pression pour rincer le véhicule. C’est quand j’ai actionné le bouton contact que tout d’un coup, ça explosé », a expliqué, Dosso M., élève en classe de 2nd C au lycée moderne Dion Robert (ou lycée 1) de Man.


Gravement blessé, avec lui, trois de ses compères, DM va se retrouver au CHR de Man, puis dans une clinique et afin retour à domicile pour poursuivre son traitement, les moyens ne permettant pas un long séjour dans un centre de santé.


Approché le 10 mai pour savoir davantage sur l’incident qui s’est produit, la famille de la victime, pour éviter toute répression selon elle (on se sait de la part de qui), a souhaité ne pas collaborer avec la presse et préféré plutôt un règlement à l’amiable avec le propriétaire du taxi.


« On a peur que ce problème aille plus loin et que pour des implications quelconques on puisse être objet de réprimandes », a fait savoir le père de la victime.


« Man c’est comme un village, tout le monde se connait (…). Nous seul, on ne peut pas arrêter ce fléau de gaz à Bouaké, à Man et dans toute la Côte d’Ivoire. Pourtant on sait tous que ça vient de quelque part », a-t-il ajouté.


Le phénomène malheureusement met la vie des populations et leurs biens en danger partout où il se pratique. Mais les différents incidents provoqués çà et là, n’ont toujours pas fait évoluer la situation du butane comme carburant dans les véhicules, particulièrement, les taxis.


Un phénomène dangereux qui a la peau dure …

L’utilisation du butane comme carburant dans les véhicules a été à plusieurs occasions présentée comme très dangereux. Une multitude d’accidents impliquant cette pratique avec des dégâts énormes allant jusqu’à la perte des vies humaines, devait pourtant amener à contraindre au non usage de cette matière dans les


M. D a manqué de peu de perdre la vie.

Que nenni, l’intégrité physique et la sécurité des biens importent peu. Tout se passe comme si, c’est ce qui devait être.  Les différentes tentatives, pour rentrer en contact avec les responsables de la direction régionale de l’énergie pour spéculer sur le sujet, sont restées lettres mortes.

Et pourtant, qui ne se souvient pas encore des victimes de Locodjro (dans la commune d’Attécoubé) toutes brulées vives dans un taxi communal en avril 2021 ? A Duekoué en septembre 2023, un taxi-brousse avec à son bord cinq personnes ont été grièvement brulées suite à une fuite du gaz. Les exemples sont légions dans plusieurs localités du pays.


La dangerosité du fléau, outre les explosions, se présente comme un risque sanitaire pour les populations.


Une pratique aux conséquences graves sur la santé…


L’utilisation du gaz butane comme carburant pour les taxis à Man, bien qu’elle puisse sembler une solution économique pour les chauffeurs, pose de sérieux problèmes de santé publique. Les vapeurs de butane, lorsqu’elles sont inhalées et de façon chronique, peuvent provoquer des maux de tête, des nausées, des étourdissements et, à long terme, des problèmes respiratoires chroniques.


« Il est vrai qu’en cardio, je n’ai pas encore rencontré, sinon, on rencontre moins ce genre d’affection, mais les pneumopathies c’est vraiment fréquent quand tu respires trop le butane », a confié Dr Brou Lionel du Centre hospitalier régional (CHR) de Man.

Les fuites de gaz dans les véhicules, surtout mal entretenus augmentent l’exposition de la population à ces vapeurs toxiques qui, respirées de façon chronique, affectent particulièrement les enfants et les personnes âgées, plus vulnérables aux maladies

 respiratoires.

Untaxi en plein ravitaillement de butane à Man

Les explosions de bonbonnes de gaz, comme celle qui s’est produite à Man, ajoutent une dimension traumatique aux risques sanitaires. Les brûlures graves nécessitent des soins intensifs et prolongés, souvent hors de portée financière des victimes.

Les séquelles psychologiques ne sont pas négligeables non plus, les survivants restants marqués par la peur de nouvelles explosions.






Le silence coupable des autorités…



Malgré les risques évidents et documentés, les autorités locales et nationales restent étrangement silencieuses. Ce mutisme peut être attribué à divers facteurs, notamment la corruption, le manque de ressources et la complexité politique.

Pourtant, la Côte d’Ivoire interdit l’usage du gaz butane comme carburant. Selon la loi N°92-470 du 30 juillet 1992, « toute commercialisation ou livraison de produits pétroliers destinés à la consommation du public ou des entreprises particulières en dehors des installations pétrolières, spécialement agréées à ces fins », constitue une infraction, selon l’article 3 alinéa 4. Cette loi, en son article 4 fixe des sanctions aux contrevenants à ces dispositions, notamment une peine d’emprisonnement de 15 jours à un an, et une amende de 100 000 à 500 000 FCFA.


Les tentatives de régulation ou d’interdiction de l’utilisation du butane comme carburant sont souvent contrecarrées par des intérêts économiques puissants. Les chauffeurs de taxi, organisés en syndicats influents, exercent une pression considérable pour maintenir cette pratique, vue comme économiquement indispensable.


La ville de Man…

Sami, chauffeur de Taxi à Man, affirme être conscient de l’interdiction du gaz comme carburant, mais, se désole de ne pouvoir s’en passer parce qu’encore moins cher, plus économique et profitable.


« Le carburant est cher, on a essayé auparavant ça ne nous arrange pas, or avec le gaz, la seule bouteille t’assure la journée et tu arrives à faire recette », a-t-il justifié.

Les contrôles de véhicules sont quotidiens par ici, malheureusement les normes de sécurité sont laxistes, les campagnes de sensibilisation au danger du butane sont quasiment inexistantes. Les autorités semblent adopter une politique de l’autruche, espérant que le problème se résolve de lui-même, au prix de vies humaines et de la sécurité publique.


L’appel à l’action…


Face à ce constat alarmant, un appel urgent à l’action est nécessaire. Les autorités doivent impérativement prendre des mesures drastiques, déjà qu’existent des dispositions légales pour y faire face.


Une réglementation stricte, accompagnée de contrôles rigoureux et de sanctions sévères pour les contrevenants, est indispensable pour éliminer ce fléau. Parallèlement, des alternatives plus sûres et viables doivent être proposées aux chauffeurs de taxi, telles que la conversion vers des carburants moins dangereux ou des incitations à l’utilisation de véhicules électriques comme les bus à l’Université Felix Houphouët Boigny d’Abidjan.


Les organisations de la société civile, les médias et les citoyens doivent intensifier leurs efforts de sensibilisation et de plaidoyer. Des campagnes d’information sur les dangers du butane et des actions de pression sur les décideurs politiques sont cruciales pour provoquer le changement.


Par ailleurs, les autorités pourront solliciter l’aide de pays ayant réussi à éliminer l’utilisation de carburants dangereux pour partager leur expertise et leurs technologies.

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