Tout le gratin de l'industrie musicale américaine était réuni dimanche soir pour le grand show des Grammy Awards.
«This Is America» : les Grammy Awards ont fait dimanche la part belle à l'Amérique dans deux genres très différents, en célébrant le rap provocateur de Childish Gambino d'un côté mais en décernant de l'autre le titre d'«album de l'année» à la chanteuse country Kacey Musgraves. Même si les stars du rap Kendrick Lamar et Drake, en tête en nombre de nominations, sont reparties sans récompense majeure, l'industrie du disque américaine a tout de même mis cette année à l'honneur les artistes féminins ou issus de minorités ethniques. Elle avait fréquemment été accusée par le passé de négliger la diversité dans ses choix, et a mis en place une «task force» pour y remédier depuis l'an dernier.
Symbole de cette ouverture, l'ex Première dame Michelle Obama a fait une apparition surprise sur scène, vantant le rôle de la musique pour promouvoir cette diversité. «La musique nous montre que tout ça est important, chaque histoire et chaque voix, chaque note au sein de chaque chanson», a-t-elle déclaré dans une intervention résolument féministe aux côtés des grandes stars de la musique que sont Jennifer Lopez, Alicia Keys, Lady Gaga et Jada Pinkett Smith.
"Il était temps"
Diversité aussi pour le spectaculaire show d'ouverture bilingue anglais-espagnol, lancé à grands renforts de paillettes et de déhanchés par Camila Cabello et le rappeur Young Thug, bientôt rejoints par un très «caliente» et moustachu Ricky Martin. Childish Gambino, alter ego musical du comédien Donald Glover («Atlanta»), a quant à lui raflé la mise dimanche soir : «enregistrement de l'année» et «chanson de l'année» pour son hymne politiquement incorrect «This Is America». Hybride de gospel et de rap, truffé de pamphlets contre les excès qui secouent la société américaine, il a balayé les favoris Drake ou Lady Gaga.
C'est la première fois dans l'histoire des Grammy Awards que ces deux prestigieuses récompenses sont accordées à un morceau de rap. L'artiste militant avait toutefois boycotté la cérémonie et n'avait pas réagi à ses récompenses dimanche soir. «Il était temps que quelque chose comme ça se passe aux Grammys» a déclaré à la presse le compositeur suédois Ludwig Goransson qui a co-écrit le morceau avec Childish Gambino. Le clip accompagnant le tube a lui aussi été primé dimanche. Dans cette vidéo provocatrice, Childish Gambino dénonce le règne des armes à feu et du racisme dans le pays. Il a aussi eu la récompense de «la meilleure performance rap/chant».
Cardi B repart presque bredouille
Kacey Musgraves est l'autre grande gagnante d'une soirée qui rappelle que les Grammy Awards restent une cérémonie fondamentalement américaine même si elle voit défiler des stars d'envergure internationale. La jeune femme a obtenu quatre prix au total, dont celui très convoité «album de l'année» pour «Golden Hour». La frêle musicienne a devancé Cardi B, Janelle Monae et Brandi Carlile lors d'une édition des Grammys où les femmes avaient fait un retour en force après avoir été curieusement snobées l'an dernier, en plein mouvement #MeToo. «Les femmes doivent en avoir pour proposer des oeuvres qui ne sont pas toujours du goût de tous, mais il faut aussi que les gens qui se trouvent de l'autre côté leur tendent la main pour leur donner une chance d'être entendues», a déclaré Kacey Musgraves après le spectacle.
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