Le couturier aux lunettes noires est mort ce mardi. Au long de sa carrière, l’Allemand, chantre d’un luxe démesuré à la limite du bon goût, a fait de son nom et de son look une marque, et dépoussiéré l’image de la maison Chanel.
Un confrère se souvient de ce 21 juin 2010 comme si c’était hier. Ce jour-là, Karl Lagerfeld était venu «redessiner Libération» en qualité d’invité spécial. Le couturier, lunettes fumées, catogan poudré, veste noire et chemise blanche à col cassé, observait la maquette du quotidien affichée au mur, suivi de près par un majordome en livrée muni d’un plateau en argent où trônait une bouteille de Coca-Cola light, le péché mignon du couturier (il en buvait alors des litres).
Ainsi était Karl Lagerfeld, outrancier dans ses manières et son allure, décalé en tout point, ostensiblement fortuné, chantre du no limit et dépensier assumé, lui qui n’avait jamais vécu que dans le luxe et ses attributs. Les extravagances de l’Allemand ont fait, en partie, sa légende.
Capable de saillies sanglantes, de déclarations polémiques, il a défrayé la chronique autant qu’il l’a amadouée, avec un débit mitraillette assorti d’un fort accent germanique. Sa longévité, jamais égalée à ce niveau dans l’industrie, lui a permis de rester maître jusqu’au dernier jour de la maison Chanel. Lagerfeld a marqué la mode de son empreinte, moins pour des pièces phares qui auraient révolutionné le vestiaire féminin que pour un système, une vision, une créativité jamais rassasiée et de multiples collaborations opérées sur tous les versants, parfois loin des sphères du luxe.
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