Suite à des déclarations de Guillaume Soro, ex-président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, laissant transparaître un acharnement contre sa personne et contre ses proches, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, a dit ce qu'en pense le gouvernement, à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a animée, jeudi 21 mars 2019, à la primature à Abidjan-Plateau.
A la question de savoir « est-ce qu'il serait dirigé contre Soro et ses proches un audit ?», le Premier ministre a indiqué que si l'ex-président de l'Assemblée nationale n'a rien à se reprocher, il n'y a pas de raison qu'il soit commandité à son encontre, un audit. «Un audit ne se déclenche que s'il y a des soupçons. S'il n'y a rien, il n'y aura pas d'audit. S'il y a quelque chose...», a laissé entendre Gon Coulibaly. Poursuivant sur la même question, il a indiqué qu'ils (parlant de Soro et ses camarades qui dirigeaient le bureau de l'Assemblée nationale, Ndlr) ne peuvent pas prôner la bonne gouvernance le matin et le soir, proposer autre chose. Soulignant par ailleurs « qu'il n'y a pas de décision de principe d'audit », Amadou Gon affirme néanmoins que s'il doit avoir un audit, ce sera sur la base « des données qui seront là ». Raison pour laquelle, il s'est permis de dire : «nous espérons simplement que l'institution aura été gérée normalement».
Le Premier ministre a pris Guillaume Soro au mot indiquant que lorsqu'il dit on «fouille les biens des gens», est-ce une manière pour lui de dire qu'il y eu problème qui mérite qu'on s'y attarde ? Auquel cas, «il ne faut pas qu'eux-mêmes anticipent». « Personne ne fouille rien du tout. S'il y a des éléments, les institutions de la République font leur job. Je ne vois pas de raison de s'acharner sur Guillaume Soro qui est un jeune frère. Ce qu'il s'est passé, c'est sa décision, ce sont ses choix ».
Cas Blé Goudé. Sur le cas Blé Goudé qui, depuis sa libération provisoire, a du mal à trouver un pays d'accueil, Amadou Gon Coulibaly s'est voulu moins bavard. A la question de savoir, est-ce que la Côte d'Ivoire serait prête à se proposer d'accueillir Charles Blé Goudé dans le cadre de la procédure en cours (libération sous conditions), le chef du gouvernement a déclaré que l’État de Côte d'Ivoire n'a pas reçu de requête spécifique de demande de retour de sa part. Toute chose qui le fonde à dire que le problème ne se pose nullement au niveau du gouvernement.
Cependant, a-t-il relevé, « une fois que les procédures seront achevées (au niveau de la Cpi), en ce moment seulement, le gouvernement ivoirien avisera, bien-entendu, s'il y a des questions qui relèvent de sa compétence ». En attendant, le pouvoir d'Abidjan se contente de prendre note des différentes décisions prises par la Cour pénale internationale. «Nous, nous avons pour principe de ne pas commenter les décisions de justice, qu'elles soient nationales ou internationales », a-t-il précisé.
Cei. Au titre de la Commission électorale indépendante (Cei), le chef du gouvernement a annoncé la reprise des discussions avec l'opposition politique et la société civile en ce mois de mars. Selon les informations livrées par M. Gon, le gouvernement a recueilli, à ce jour, des propositions, aussi bien de la société civile, que des partis d'opposition. « Nous avons ces propositions sur la table. Nous allons les examiner. Nous reprendrons les discussions au cours de ce mois de mars », a fait savoir Amadou Gon Coulibaly. Il ne s'est pas gardé de préciser que ne seront prises en compte que les contributions qui vont dans le sens des recommandations de la cour africaine des droits de l'Homme et des peuples. «Nous ne ferons pas plus, nous ne ferons pas moins», a-t-il précisé. Autant dire que ceux qui ont profité de l'occasion de ce dialogue [sur la Cei] pour introduire des requêtes portant sur des réformes au niveau du Conseil constitutionnel, ne verront pas leurs revendications être prises en compte. Et cela, le Premier ministre l'a dit ouvertement.
Rhdp. Amadou Gon s'est indigné de l'attitude de certains leaders politiques qui propagent des informations selon lesquelles, le pouvoir en place exercerait des pressions sur des personnalités du pays pour les contraindre à rejoindre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). « J'ai trop de respect pour les responsables politiques, les cadres de mon pays, pour accepter que l'on les accuse de subir des pressions pour effectuer des choix politiques. (...) », dira-t-il. Pour sa part, ce sont des gens de responsabilité qui croient en quelque chose dans lequel ils étaient engagés depuis 2005. Gon veut bien comprendre que ces personnes dévouées au Rhdp ne comprennent pas pourquoi ceux qui se sont retirés l'ont fait surtout que le Rhdp «vient répondre au besoin de consolider la paix, la stabilité et la cohésion nation, dans la diversité, mais avec une convergence vers l'idéal de paix et de prospérité prôné par Houphouët-Boigny». Mais de là, à parler de pressions que le pouvoir exercerait sur elles, c'est pour lui une «injure» qu'il trouve par ailleurs «inacceptable».
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