Après la démission du président de l'Assemblée nationale: Macky Sall envoie un message à Ouattara sur le cas Soro, Kagamé sur le dossier

Guillaume Soro, à qui l'on prête des ambitions présidentielles pour le scrutin de 2020 en Côte d'Ivoire, a démissionné, vendredi 8 février 2019, de son poste de président de l'Assemblée nationale lors d'une session extraordinaire qu'il a convoquée.

«A cet instant précis, je rends ma démission», a-t-il annoncé, alors qu'il est en froid avec le chef de l'État, Alassane Ouattara. «Refuser de démissionner conduirait à une crise institutionnelle. On ne peut risquer de mettre en péril la paix fragile (...) pour conserver un poste», a-t-il ajouté. Guillaume Soro a été poussé à la démission par le président Ouattara, après avoir refusé de participer à la mutation fin janvier de la coalition au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), en un parti unifié.

La rupture entre le président Alassane Ouattara et le désormais ex-président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro, est sur toutes les lèvres. D'où l'immixtion de certains chefs d’État africains qui ont décidé de suivre de près le dossier. Il s'agit des présidents sénégalais, Macky Sall et rwandais Paul Kagamé. Dans son édition n°794 du 13 février 2019, la Lettre du continent (Lc) donne des détails sur ces ''interventions présidentielles'' qui alimentent l'actualité.

Concernant l'actuel président du Sénégal, Macky Sall, La Lc révèle que ce sont des conseils «avisés» qu'il a adressés au chef de l’État ivoirien. En privé, détaille la Lettre du continent, Macky Sall a envoyé un message au président ivoirien. Il aurait conseillé à Alassane Ouattara de ne pas trop précipiter sa lutte avec Guillaume Soro. «Macky Sall, sait de quoi il parle», écrit La lettre du continent. En 2008, il est entré en opposition frontale avec Abdoulaye Wade après avoir été démis de la présidence de l'Assemblée nationale sénégalaise. En 2012, Macky est sorti vainqueur de l'élection présidentielle face au même Abdoulaye Wade.

Pour rappel, c'est le 9 novembre 2008 que Macky Sall a démissionné de la présidence de l'Assemblée nationale sénégalaise. Il a été poussé vers la sortie du fait d'une modification de la Constitution qui a limité le mandat à un an renouvelable. Macky Sall était depuis quelques mois en disgrâce auprès du président Abdoulaye Wade. M. Sall avait immédiatement démissionné du Parti démocratique sénégalais (Pds), ainsi que de ses mandats de député-maire obtenus sous les couleurs du Pds. Par la suite, il avait officiellement lancé, à Dakar, son propre parti appelé l’Alliance pour la République (Apr-Yaakaar). En 2012, Macky Sall est le vainqueur de l'élection présidentielle du Sénégal avec 65,80% des suffrages, selon les résultats officiels annoncés par la Commission nationale de recensement des votes. Le président sortant Abdoulaye Wade obtenait, lui, 34,20% des voix.

De son côté, le président rwandais, Paul Kagamé, qui vient de céder le fauteuil de président de l'Union africaine à l’Égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, serait préoccupé par les tensions entre MM. Ouattara et Soro. Au point où, selon la lettre du continent, l'ancien président de l'Union africaine a mandaté son conseiller Jean-Paul Kimonyo, très connecté en Côte d'Ivoire, pour se tenir régulièrement informé de l'évolution des tensions entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro.

Âgé de 47 ans, Guillaume Soro présidait l'Assemblée nationale depuis 2013. Il avait été auparavant le premier chef du gouvernement du président Alassane Ouattara, après l’arrivée de celui-ci au pouvoir en 2011. De 2002 à 2011, il a été le chef de la rébellion armée qui a contrôlé la moitié nord de la Côte d'Ivoire, pendant la présidence de Laurent Gbagbo. Cette rébellion avait soutenu militairement Alassane Ouattara contre Laurent Gbagbo lors de la crise post-électorale meurtrière de 2010-2011, où les deux hommes revendiquaient la victoire à l'élection présidentielle. Guillaume Soro avait été élu président de l'Assemblée alors qu'il était vice-président du Rassemblement des républicains (Rdr), le parti au pouvoir, qui s'est ensuite transformé pour donner naissance au Rhdp.