Plus de traces des heurts de la veille dans la ville d’Abidjan. Au lendemain d’une journée tout aussi historique que chaotique, la vie quotidienne a repris son cours. Les automobilistes ont retrouvé les bouchons caractéristiques de la capitale économique. Seules les Unes des journaux affichées dans les rues évoquent l’événement.
Devant le quartier général de Laurent Gbagbo, Attoban, la foule de la soirée a totalement disparu. La rue est envahie de déchets, tout comme les artères alentours où les partisans de l’ancien chef d’État sont restés bloqués une partie de la soirée. Dans le bâtiment qui va devenir le bureau de Laurent Gbagbo, il ne reste que quelques jeunes qui ont dormi sur place, faute de pouvoir rentrer chez eux. « On leur a mis des cartons », explique un gardien.
À quelques minutes en voiture de là, c’est aussi le calme plat devant la nouvelle résidence de l’ex-président. La grande bâtisse, fraîchement repeinte, ne laisse présager aucun signe d’activité et l’on ne distingue même pas de dispositif sécuritaire particulier. En revanche, dès que notre véhicule s’arrête, un agent en civil chargé de la sécurité vient échanger quelques mots et relever les identités. L’homme explique avoir été déjà au service du président il y a dix ans, et c’est donc avec émotion qu’il a retrouvé son ancien patron jeudi. « Le président est rentré vers 22 heures et là se repose encore ».
« C’est le Barak Obama de la Côte d’Ivoire »
Un plus loin, mais toujours à Cocody, les étudiants sont en cours. Ce jeudi, la situation est restée dans l’ensemble plutôt apaisée sur le campus Félix Houphouët-Boigny, mais un grand nombre d’étudiants expliquent avoir suivi l’événement. Si certains ne veulent pas s’exprimer et disent ne pas s’intéresser à la politique, ceux qui parlent évoquent leur émotion. « J’ai suivi le retour à la télévision, c’était la satisfaction. J’étais content qu’il rentre, c’est l’essentiel. On attendait que le fils revienne. Désormais, c’est à lui de décider ce qu’il veut faire », confie un étudiant.
Brice, lui, en est convaincu, ce retour va apporter du changement : « Quand on parle de leadership, on pense à son peuple. Cet homme-là, il a une vision pour la Côte d’Ivoire, mais aussi pour toute l’Afrique. C’est lui le Barack Obama de la Côte d’Ivoire. J’ai eu de la joie quand j’ai su qu’il était bien à l’aéroport. »
Des images qui ont aussi marqué Annabelle pour qui elles resteront gravées pour longtemps. « Il est revenu comme il était, aussi simple qu’avant, souligne-t-elle. Quand on l’a vu saluer les gens, il l’a fait avec le poing comme on fait nous. Vous imaginez ? Un président ça ne fait pas ça d’habitude. »
À un moment, le calme est troublé par un groupe de jeunes du FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire), un syndicat étudiant historique, plutôt proche de l’ancien président et connu pour ses actions parfois violentes. Ils déambulent en chantant, et même s’ils ne sont que plusieurs dizaines, ce cortège reste frappant, comme une impression que le retour de Laurent Gbagbo les a galvanisés.
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