Le procès du bombardement de Bouaké qui a coûté la vie à neuf soldats français et un citoyen américain le 6 novembre 2004, lors de l’offensive de l’armée ivoirienne contre les positions rebelles, s’est ouvert le lundi 29 mars 2021. Les anciens Premiers ministres français Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et Michel Bernier sont attendus à la barre.
Ces trois ministres de Jacques Chirac sont dans le collimateur de la justice française depuis quelques années. Il est reproché à ses pions du clan Chirac d’avoir laissé filer Yuri Suchkin et Boris Smahin : les mercenaires biélorussesqui pilotaient les Sukhoi-25 de l’armée ivoirienne. Les deux pilotes avaient été interpelés par les autorités togolaises qui à leur tour avaient informé l’Élysée. Sur injonction de la France, le Togo a dû laisser partir ces aventuriers.
Alors l’État-major français évoque l’hypothèse d’une bavure de l’armée ivoirienne, mais, Me Jean Balan, avocat des victimes, accuse formellement dans son livre Crimes sans châtiment : affaire de Bouaké, un des plus grands scandales de la Ve République, les autorités françaises. Il se base sur les déclarations contradictoires et autres tergiversations des anciens membres du gouvernements français pour affirmer que « tout a été fait » par les autorités françaises pour « cacher la vérité ».
Pour rappel, le régime Gbagbo en proie à une rébellion qui avait coupé la Côte d’Ivoire en deux voulait réunifier son pays. Le 3 novembre, le président ivoirien de l’époque avait informé son homologue français de l’offensive militaire contre les positions rebelles. Le samedi 6 novembre 2004, le camp français de Bouaké a été la cible de raids aériens menés par l’avion ivoirienne. La réaction de l’Élysée ne se fit pas attendre. En riposte, l’armée française détruisit aussitôt la flottille ivoirienne. Des manifestations antifrançaises éclatèrent à Abidjan, la capitale économique.
En attendant le 12 avril 2021, jour de comparution de Dominique de Villepin, Jean-Pierre Raffarin et Michel Barnier, le procès lui suit son cours.
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