Le chef d’état-major des armées de l’époque, le général Bentégeat, a affirmé que les boîtes noires des appareils utilisés pour le raid du 6 novembre 2004 « n’ont jamais été récupérées par un militaire français ». Mais lors de la quatrième journée du procès devant la cour d'assises de Paris, Elisabeth Capdeville, veuve de l'adjudant-chef Philippe Capdeville, a pointé une autre piste qu’elle aurait tue depuis 2006, et désigné le général Destremau, ex-commandant du Groupement tactique interarmes de Bouaké (GTIA).
« Ma cliente a expliqué que l’épouse du général Destremau, courant 2006, peu avant son départ du RICM [Régiment d'infanterie chars de marine, ndlr], lui avait déclaré comme ça rapidement, et sans autres échanges, que son mari avait les deux boîtes noires des avions dans son bureau, a expliqué jeudi Patricia Coutant, l'avocate de Mme Capdeville. Elle avait ces informations et je pense que pendant très longtemps, elle a refusé d’y croire se disant que c’était forcément faux, que ce n’était pas possible. Elle travaille dans l’armée, donc c’est très compliqué quand même de se dire que cette information est exacte. Et elle a décidé de mettre ça de côté, et pour tout vous dire, lorsqu’elle a entendu le compte rendu en début d’audience sur le déroulé des faits, le président d’audience a évoqué les boîtes noires, et à ce moment-là, ça lui est remonté et elle s’est dit : "Moi, j’ai une autre version". Et depuis le début du procès, elle ne pense plus qu’à ça. On a noté avec soin ces déclarations qui sont importantes. Elles vont être reprises à l’occasion de l’instruction d’audience dans les jours qui viennent, je pense qu’on va poser des questions à ce sujet-là. Et puis, nous verrons bien ce qu’il en ressort. Après rien n’empêche la cour d’assises d’ordonner un supplément d’informations, c’est-à-dire de nouvelles investigations, ce qui obligerait à reporter ce procès malheureusement. Mais voilà tout est possible. On peut aussi imaginer de faire comparaître madame Destremau à cette barre pour lui poser la question. »
Le 6 novembre 2004, deux chasseurs de l'armée loyaliste ivoirienne qui tentait de reprendre le contrôle du nord du pays aux rebelles ont bombardé à Bouaké un camp militaire des forces de paix françaises chargées de faire tampon entre les deux camps. Cette attaque surprise avait tué neuf soldats français et un civil américain, et fait une quarantaine de blessés.
L'enquête n'est pas parvenue à déterminer qui a donné l'ordre de bombarder les Français et pourquoi. Le général Destremau doit être entendu ce vendredi 2 avril comme témoin.
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