Le journaliste Wakili Alafé, Directeur général de
L’Intelligent d’Abidjan a apporté une réponse à l’artiste Serges Kassy qui
l’accusait de prendre parti dans l’affaire de 3e mandat du Président
de la République Alassane Ouattara.
Ci-dessous la réponse de Wakili Alafé
Je pars de trois idées simples :
1) Un journaliste, dans une presse partisane, peut appeler à
voter pour un candidat. Mais, si les journalistes du Nouveau Réveil sont
légitimes à défendre la candidature de Bédié, si les journalistes de Le temps
sont légitimes à défendre les idées du Président Laurent Gbagbo, si d’autres
journaux sont légitimes à faire de même, quel est le reproche que l’on peut
faire à L’Intelligent d’Abidjan, d’autant plus que le journal n’appelle pas
encore à voter pour tel ou tel candidat.
Et lorsque j’interviens sur les plateaux de télévision, le
patron de L’Intelligent d’Abidjan, que je suis, explique simplement pourquoi la
candidature d’Alassane Ouattara est, selon moi, constitutionnellement
recevable, comme est recevable celle du Président Bédié, tout simplement parce
la constitution adoptée en 2016 fixe de nouvelles règles.
2) Le débat sur la légitimité de la candidature d’Alassane
Ouattara doit s’inscrire dans un cadre démocratique, chacun avançant des
arguments en faveur ou contre cette candidature. C’est ce que propose
L’Intelligent d’Abidjan, dans son édition du lundi 20 août, page 6, lorsqu’il
donne la parole à un cadre RHDP (Bema
Fofana), un cadre PDCI (Kamagaté Brahima) et un membre de la société civile
(Désirée Douati). Le journal fait également un résumé des contributions sur Rfi
de Adama Bictogo, Assoa Adou et Maurice Guikahué.
Chacun s’exprime librement, un journal comme L’Intelligent
d’Abidjan n’étant que le réceptacle d’un débat contradictoire.
3) Les réseaux sociaux tendent à hystériser le débat politique
et servent de « porte-voix » haineux à toutes sortes d’individus qui prétendent
parler au nom du peuple, distillent de la haine et s’érigent en procureurs du
tribunal de l’Histoire sans aucune légitimité.?
L’artiste Serge Kassy appartient à cette cohorte d’individus
qui, intervenant dans le débat politique, hystérisent les débats, appelant à la
haine du journaliste qui leur déplaît, car ils n’ont ni l’intelligence
suffisante ni les arguments nécessaires, politiques ou juridiques, pour défendre un point de vue.
Comparons le court texte de Serge Kassy, qui m’accuse
d’avoir « appeler dramane à violer la constitution qu il s est taillée » (sic !
du Kassy dans le texte) , et la longue explication, solidement argumentée, du
Dr GUIBESSONGUI N’dation Severin, docteur en droit, avocat, qui conclut sur la
légitimité de la candidature d’Alassane Ouattara en 2020.
?Mais, Serges Kassy ne s’arrête pas à l’insulte et aux accusations, il prétend parler au nom du peuple et il convoque Ouattara devant le tribunal de l’Histoire : « je voudrais au nom des ivoiriens, lui dire, que tout ce qui en découlera de la candidature de dramane, il en sera responsable, et nous nous donnerons les moyens quelque soit le temps, de le faire comparaître devant les tribunaux, pour répondre de ses actes ». (Je cite Serge Kassy sans corriger son orthographe).
On retrouve l’accusation portée contre Wakili Alafé qui,
pour Serge Kassy, fait partie de « tous ceux qui auront encouragé dramane à
violer cette constitution ».
Être un bon artiste ne garantit pas d’être un bon
constitutionnaliste ni un fin chroniqueur politique. Argument qui revient :
Kassy prétend parler au nom du peuple. Il écrit : « le peuple ivoirien,
désormais a l œil sur vous, c est de ca il s aagit. » ?
La signature est une forme de ruse : « Juste la voix de
l’artiste ».
Cette fausse modestie ne doit pas nous faire oublier que les
artistes sont capables de manipuler des gens et les consciences au même titre
que les journalistes et les autres acteurs de l’espace public.
Serge Kassy, et c’est son droit, est un artiste engagé dont
l’œuvre se nourrit des réalités sociales ivoiriennes et africaines. Dès 2002,
il a alors 40 ans, il s'engage aux côtés de Charles Blé Goudé pour revendiquer
la souveraineté de la Côte d'Ivoire. Personne ne remet en cause sa sincérité
dans son engagement et son talent d’artiste.?
Je m’interroge simplement sur cette volonté de jeter de
l’huile sur le feu, d’attiser les haines, de jeter en pâture à la vindicte
populaire des noms de journalistes.
Faut-il rappeler que la liberté de la presse est l'un des
principes fondamentaux des systèmes démocratiques ? Faut-il rappeler que les
journalistes paient un lourd tribut pour défendre la liberté de la presse ? En
2019, 6 journalistes africains ont été tués, alors qu’ils exerçaient leur
métier.
La responsabilité du journaliste est grande face à
l’Histoire, mais la responsabilité de l’artiste est tout aussi grande.
J’invite Serge Kassy à soutenir la presse qui doit, plus que
jamais en Afrique, lutter pour son indépendance. Pour ma part, je soutiendrai
toujours l’indépendance de l’artiste, lorsqu’il chante « Mi révolté », « Sauvez
l’Afrique », « Payez vos impôts ».
Et j’applaudis à la responsabilité de l’artiste, lorsque
Serge Kassy envoie le message suivant :« Chers fans et amis, prière à vous de
prendre toutes les dispositions, pour respecter les consignes contre le corona
virus. Prenez soin de vous. Juste la voix de l’artiste. »
Il arrive parfois que la voix de l’artiste soit juste. Tout
simplement !
Juste la voix d’un modeste journaliste, qui considère que
Serges Kassy reste un aîné et un frère ivoirien, malgré tout ....
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