Jeudi 6 août 2020.
Ci-dessous le discours intégral du chef de l'Etat
Ivoiriennes, Ivoiriens,
Mes chers compatriotes, Chers amis de la Côte d’Ivoire,
La Côte d’Ivoire célèbre, ce vendredi 7 août 2020, le 60e
anniversaire de son accession à l'Indépendance.
Cette date marque un rendez-vous important dans l'histoire
de notre pays. Elle célèbre les hommes et les femmes qui ont porté le grand
rêve de liberté pour chacun d’entre nous.
J’ai tout d’abord une pensée pour le père de la Nation
ivoirienne, notre modèle, le Président Félix Houphouët-Boigny et pour ses
compagnons qui, unis et solidaires, ont lutté et obtenu l’indépendance de notre
pays. La célébration de ce 60e anniversaire de l’indépendance de notre pays est
un hommage à leurs mémoires.
Cette célébration est aussi un hommage à toutes ces
générations d'hommes et de femmes qui ont œuvré et qui continuent d'œuvrer,
parfois au prix d’ultimes sacrifices, à la construction de notre chère Côte d’Ivoire.
Je pense, en particulier, à tous nos parents paysans, qui
font la richesse de notre pays ;
À tous nos fonctionnaires dévoués au service de l'Etat ;
À nos chefs d'entreprise et agents du secteur privé de tous
horizons, dont l'engagement et l'ingéniosité font le dynamisme de notre
économie ;
À nos enseignants de tous les niveaux, qui forment notre
jeunesse aux défis de leur temps ; À nos médecins et personnels de santé qui
veillent sur nous ;
À nos forces de défense et de sécurité qui donnent leur vie
pour protéger les nôtres ;
À tous nos Guides religieux et Chefs traditionnels, gardiens
de nos valeurs ;
À nos artistes et nos artisans qui contribuent à enrichir et
promouvoir notre culture ;
À nos jeunes qui aspirent à un bel avenir ;
À nos femmes, nos mères, nos filles et à tous nos
compatriotes qui contribuent à la vie de la Nation.
Mes chers compatriotes,
Le 7 août est aussi le moment où la Nation entière rend
hommage aux grands serviteurs de l’Etat; à tous ces bâtisseurs, illustres ou
inconnus, encore en activité ou disparus.
Je pense, notamment, à ceux qui nous ont quittés récemment :
- Au Brigadier-Chef DÉGRÉ Djédjé Simplice et à ses hommes,
tombés au champ d’honneur, lors de l’attaque du poste mixte Armée-Gendarmerie
de Kafolo, en juin 2020, en défendant notre idéal de paix et de sécurité ;
- Au Président Charles KOFFI DIBY, grand Serviteur de l’Etat
;
- Au Premier Ministre Seydou Elimane DIARRA, grand artisan
de dialogue et de consensus ;
- Au Cheick BOIKARY FOFANA et à Monseigneur Pierre-Mary
COTY, deux hommes de Dieu, défenseurs des valeurs d’amour, de tolérance et de
fraternité.
Je pense également au Premier Ministre Amadou GON COULIBALY,
Homme d’Etat et de grande compétence ; modèle de loyauté, d’ardeur au travail
et d’abnégation. L’émotion de sa disparition brutale, le mercredi 8 juillet
2020, est encore vive. Cependant, son dévouement et son amour pour la Côte
d’Ivoire ont été tels que nous devons poursuivre, avec détermination, tous les
chantiers pour lesquels il a œuvré, avec énergie, durant des années.
L’hommage national et international qui lui a été rendu est
la reconnaissance de sa valeur et des sacrifices consentis pour notre pays.
Puisse l’âme de tous nos défunts reposer en paix.
Mes chers compatriotes,
La célébration de ce 7 août 2020 devait être une occasion de
grande allégresse. Nous avions envisagé d’en faire un moment mémorable, avec un
grand défilé militaire et civil à Yamoussoukro, notre capitale politique. Un
défilé de toutes les forces vives de la Nation pour illustrer les progrès
réalisés par notre pays au cours de ces dernières années.
Malheureusement, la crise sanitaire liée à la pandémie de
coronavirus (COVID-19) a durement éprouvé la Côte d'Ivoire, à l'instar de la
quasi- totalité des pays du monde.
Face à cette réalité, nous avons décidé de limiter la
célébration de la fête de l’Indépendance 2020 à une cérémonie symbolique de
prise d’armes sur l’esplanade du Palais de la Présidence de la République.
En effet, la pandémie de coronavirus a entraîné le
ralentissement des activités économiques, des pertes d’emplois dans le secteur
privé et une baisse importante des revenus dans le secteur informel. Les
conditions de vie des ménages vulnérables se sont détériorées.
Le taux de croissance du PIB, initialement prévu à 7% en
cette année 2020 pourrait connaître une baisse importante pour ressortir à 0,8%
si la crise perdure jusqu’à la fin de l’année. Nous demeurons cependant
optimistes car les bases de notre économie sont solides.
Le Gouvernement a d’ailleurs réagi promptement avec la mise
en place d’un Plan de Riposte Sanitaire d’un montant de 95 milliards 880
millions de F CFA pour juguler la progression de la maladie et d’un Plan de
Soutien Economique, Social et Humanitaire de 1700 milliards de F CFA. Ces
plans, bien dimensionnés et adaptés à la structure de notre société, permettent
à la Côte d’Ivoire de contrôler cette pandémie et d’accompagner les populations
et les entreprises impactées par la crise.
Je voudrais, à nouveau, remercier et féliciter tout le
personnel de santé, les forces de l'ordre, les médias et toutes les bonnes
volontés qui restent mobilisés pour apporter le soutien de l'Etat à toutes les
victimes de cette pandémie.
Je m'incline devant la mémoire des disparus. Je réitère mes sincères condoléances à leurs familles.
Les chiffres récents, communiqués par le comité de veille,
présidé par le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, montrent que même
si les cas de contagion diminuent, cette maladie est encore une réalité ; la
pandémie n’est malheureusement pas terminée.
Je veux donc appeler, à nouveau, chaque Ivoirien et chaque
Ivoirienne, chaque habitant de notre pays, à la responsabilité et à la
discipline, en appliquant les gestes barrières, bien que les mesures de
restriction aient été levées. Il y va de la vie de chacun d’entre nous.
Mes chers compatriotes, Chers frères, chères sœurs,
Je voudrais témoigner ma solidarité à tous nos compatriotes
qui ont perdu des proches ou qui ont été sinistrés lors des récentes
inondations et des éboulements de terrains causés par les pluies diluviennes
qui se sont abattues sur le District d’Abidjan et certaines villes de
l’intérieur du pays.
Je salue, à nouveau, la mémoire, le courage et l’engagement
de tous nos vaillants soldats qui ont perdu leur vie, en défendant la patrie,
au cours de l’attaque du poste mixte Armée-Gendarmerie de Kafolo.
Je me félicite de l’action de l’Etat-Major Général des
Armées et de nos Forces de Défense et de Sécurité, qui a permis d’identifier et
de mettre aux arrêts les auteurs de cette attaque terroriste.
Je voudrais rassurer tous nos concitoyens que face à la
menace terroriste, le Conseil National de Sécurité reste fortement mobilisé.
Toutes les dispositions sont prises pour la sécurisation de nos frontières
terrestres, de notre espace aérien et de nos approches maritimes ainsi que pour
la protection de nos populations sur l’ensemble du territoire national.
Mes chers compatriotes, Chers frères, chères sœurs,
Ce 7 août 2020 marque la 9e année de ma gestion au service
de la Côte d'Ivoire.
Neuf années au cours desquelles nous avons travaillé sans
relâche pour placer la Côte d'Ivoire sur une trajectoire irréversible de
développement.
Nous avons ainsi pacifié tout le pays et ramené la paix et
la sécurité sur l’ensemble du territoire.
Nous avons reformé et rendu notre armée plus professionnelle
pour faire face aux défis actuels de sécurité et de lutte contre le terrorisme.
Nous avons redéployé notre administration sur l’ensemble du
territoire national, rapprochant ainsi l’Etat de nos concitoyens et des
localités les plus reculées.
Nous avons donné un statut à nos Rois et Chefs traditionnels
afin de renforcer leur rôle de médiation dans la République.
Nous avons fait de notre économie l'une des plus dynamiques
au monde, avec de bonnes politiques économiques et financières ainsi qu’une
gouvernance rigoureuse. Nous continuons de travailler pour que tous nos
concitoyens bénéficient des fruits de la croissance.
En dépit d’un contexte particulièrement difficile cette
année, nous avons poursuivi la mise en œuvre du Programme d’Actions
Prioritaires et des grands projets sociaux.
Ainsi, nous avons raccordé des millions de nos concitoyens à
l’électricité et à l'eau potable.
Nous les avons rapprochés des écoles et des Centres de santé grâce à des investissements massifs. Nous avons lancé la couverture maladie universelle.
Nous avons amélioré de manière substantielle les revenus de
nos parents paysans, augmenté les salaires des fonctionnaires et le SMIG ; nous
avons financé les projets des jeunes et des femmes, pour le bonheur de millions
de familles ivoiriennes.
Nous avons doté notre pays d'infrastructures modernes et
désenclavé des centaines de localités.
Nous avons relancé les programmes de logements sociaux pour
les familles ivoiriennes de classe moyenne et à revenus modestes. Nous avons
étendu le programme des filets sociaux qui couvre maintenant une bonne partie
du territoire national.
Toutes ces actions ont permis de faire reculer la pauvreté
de 15,6 points de pourcentage depuis 2011. Ainsi, l'Etude Régionale sur la
Pauvreté de l'UEMOA et de la Banque mondiale confirme que la Côte d'Ivoire est
passée d'un taux de pauvreté de 55,01% en 2011 à 39,4% en 2018. Ce sont donc
plus de 4 millions d’Ivoiriennes et d’Ivoiriens qui ont été sortis de la
pauvreté.
Il nous faut aussi poursuivre la dynamique de transformation
économique dont l’une des attentes fortes demeure l’emploi des jeunes et des
femmes ainsi que le développement social.
La Côte d’Ivoire doit également se projeter dans l’avenir.
C'est pourquoi, le Gouvernement s’attèle à parachever la programmation et la
planification stratégique à travers, notamment, la finalisation de l’étude
Diagnostic et Stratégie Côte d’Ivoire 2030, le Plan National de Développement
(PND 2021-2025) et le Plan d’Investissement Public (PIP 2021-2023).
Mes chers compatriotes,
Il est important que ces performances puissent se maintenir
pour les prochaines années, dans la paix et la stabilité.
Et pour la paix, nous avons amnistié la quasi- totalité des
prisonniers civils de la crise post- électorale ; la grande majorité de nos
compatriotes réfugiés ont été rapatriés en garantissant leur sécurité, et en
facilitant la réintégration dans l’administration de ceux qui étaient
fonctionnaires.
J’ai procédé ce jeudi 6 août 2020 à la signature d’un décret
accordant une grâce collective. Cette mesure de grâce bénéficiera à environ
2000 de nos concitoyens condamnés pour des infractions mineures.
Mes chers compatriotes,
L’un des défis majeurs de cette année 2020, est aussi
l’élection présidentielle du 31 octobre 2020.
Il est impératif que cette échéance électorale soit
respectée, pour ancrer la démocratie dans notre pays. Oui, la démocratie, c’est
tenir les élections aux dates inscrites dans la constitution. Le Gouvernement y
travaille depuis plusieurs mois et d’importantes étapes ont déjà été franchies.
Après la réforme de la Commission Electorale Indépendante,
la révision du Code Electoral et celle de la liste électorale, notre pays est
résolument engagé pour des élections libres, transparentes et apaisées. La
récente décision de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des peuples ne
remet pas en cause la loi instituant la CEI. A cet égard, je salue la
participation de toute l’opposition aux structures de la CEI, à la suite de
cette décision.
L’objectif du Gouvernement est que ces élections nous
permettent de refermer définitivement les pages sombres de notre histoire
récente et qu’aucun d’entre nous ne souhaite revivre.
C’est pourquoi, j’invite chaque formation politique, chaque
candidat, à également œuvrer pour atteindre cet objectif, afin que ces
élections soient un grand moment de démocratie apaisée et exemplaire.
Mes chers compatriotes,
En ce qui me concerne, j’ai, comme vous le savez, fait part,
le 5 mars dernier, à toute la Nation, devant le Parlement réuni en Congrès à
Yamoussoukro, de ma volonté, bien que la nouvelle Constitution m’y autorise, de
ne pas faire acte de candidature et de passer la main à une nouvelle
génération.
Depuis cette décision, j’avais commencé à organiser mon
départ; à prendre toutes les dispositions au plan personnel et au plan
politique.
J’avais planifié ma vie après la Présidence. J’avais
entrepris de relancer les activités de mon Institut et de créer la Fondation
Internationale ADO, dont les locaux sont en cours de finition.
J’envisageais ainsi de mettre mon expérience en matière
économique et de gouvernance au service des pays et des Institutions qui le
souhaiteraient.
Au plan politique, ma décision avait abouti à la
désignation, le 12 mars 2020, d’un candidat, chef d’équipe de cette nouvelle
génération de cadres compétents et dévoués, à même de préserver les acquis de
notre pays en matière de paix et de progrès.
Mais, comme le dit l’adage, l’Homme propose, Dieu dispose.
Les récents événements tragiques, avec le décès
du Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, laisse
un vide au niveau de l’équipe que j’avais mise en
place pour poursuivre et consolider le programme de
développement économique et social pour lequel vous m’avez fait confiance.
Par ailleurs, le calendrier très serré, à peine trois mois
avant l’élection présidentielle ; les défis auxquels nous sommes confrontés
pour le maintien de la paix, la sécurité nationale et sous régionale ainsi que
la nécessité de juguler la crise sanitaire ; le risque que tous les acquis,
après tant d’efforts et de sacrifices consentis par toute la population, soient
compromis ; le risque que notre pays recule dans bien des domaines ; tout cela
m’amène à reconsidérer ma position.
Face à ce cas de force majeure et par devoir citoyen, j'ai
décidé de répondre favorablement à l’appel de mes concitoyens me demandant
d’être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020.
Je suis donc candidat à l’élection présidentielle du 31
octobre 2020.
Je peux vous assurer que cette décision, mûrement réfléchie,
est un devoir que j’accepte dans l’intérêt supérieur de la Nation ; afin de
continuer de mettre, sans relâche, mon expérience au service de notre pays.
Compte tenu de l’importance que j’accorde à mes engagements
et à la parole donnée, cette décision représente un vrai sacrifice pour moi,
que j’assume pleinement, par amour pour mon pays.
Par cette décision, je veux aussi prendre le temps d’achever
de préparer la relève. J’entends également renforcer les actions de
rassemblement et de réconciliation de tous nos compatriotes.
Mes chers compatriotes, Chers amis de la Côte d’Ivoire,
Pour terminer, je voudrais indiquer, qu’en dépit du contexte
très particulier, la commémoration du 60e anniversaire de l’Indépendance de la
Côte d’Ivoire reste un moment fort pour notre pays.
60 ans, c’est l’âge de la sagesse et de l’accomplissement.
En 60 ans, notre pays a fait du chemin. Certes, comme dans
toute vie, il y a eu des hauts et des bas, mais nous pouvons être fiers du
chemin parcouru et confiants quant à l'avenir.
J’ai la conviction, que par l'engagement et le travail de
toutes les forces vives de la Nation, dans l'union et la paix, nous
parviendrons à bâtir pour nous-mêmes et pour nos enfants une Côte d'Ivoire
meilleure.
J’ai foi en chacun de nos concitoyens, en notre amour pour
la Côte d’Ivoire, notre beau pays.
J’ai la certitude que nous trouverons au fond de nous-mêmes
de fortes raisons de préserver, à tout prix, la paix et la stabilité de notre
pays. C’est pour moi à la fois une espérance et une très forte conviction.
Bonne fête de l’Indépendance à toutes et à tous. Vive la
République !
Vive la Côte d’Ivoire !
Que Dieu bénisse notre beau pays !
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