Touché par le décès de l’homme de droit et politique, Sery Bailly, qu’il avoue être son modèle, Geoffroy-Julien Kouao lui rend hommage.
« Adolescent, trois personnalités ont structuré ma passion et mon activisme pour la connaissance : Le drumologue Niangoran Boua, le bonssoniniste Jean Marie Adiaffi et Zacharie Sery Bailly. Voici l’origine de mon amour pour la sociologie, l’ethnologie, la philosophie et les lettres. Malheureusement ou heureusement, le droit d’abord, et la science politique, ensuite, m’ont sinon déformé du moins transformé.
Les éditoriaux politiques de Sery Bailly dans les colonnes du journal « Le jour » dans les années 90 étaient de véritables rafales intellectuelles qui déconstruisaient le culte de l’impolitique en Eburnie. Incontestablement, Sery Bailly était un intellectuel, un professionnel de la pensée, de la réflexion.
Pour vous rendre hommage, M. Sery Bailly, je convoque ici même et maintenant, trois auteurs célèbres : Jean Paul Sartre, Michel Audiard et Gilbert Choulet. L’auteur de l’être et le néant écrivait en 1943: « Un intellectuel est quelqu’un qui est fidèle à un ensemble politique et social, mais qui ne cesse de le contester ».
M. Sery Bailly, vous étiez un acteur idéologique et partisan de gauche, ce qui ne vous empêchait pas de porter des critiques sur les pratiques déconstructives de la gauche ivoirienne. Quant au cinéaste et dialoguiste parisien, il disait ceci « Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche ». On comprend pourquoi pour vous, l’inaction n’était plus une option. Le dernier auteur, Gilbert Choulet a eu, à mon avis, la phrase qui vous était le plus consubstantielle « Un intellectuel sans Humilité est un dangereux imbécile ». Votre humilité se mesurait au tombé de votre parole, à la prudence de votre démarche, à votre fascination pour la contradiction.
Sery Bailly vous étiez un modéré dans une Côte d’ivoire qui célèbre l’outrecuidance, la désinvolture et pire…….l’inculture. Sery Bailly, vous n’avez pas vécu, vous avez existé. Nuance ! Il est donc inutile de chercher parmi les morts, celui qui est immortel. Vos collègues de l’ASCAD sauront sublimer, mieux que moi, votre immortalité.
Geoffroy-Julien KOUAO. Ecrivain
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