Côte d’Ivoire : Kobenan Kouassi Adjoumani guetté par le syndrome Fologo

Le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, leader du mouvement « Sur les traces d’Houphouët » qu’il a récemment créé pour marquer son adhésion au parti unifié du RHDP que conteste son parti le PDCI, risque de finir comme son ex-partisan Laurent Dona Fologo, à moins de rejoindre le RDR.

Depuis quelques mois déjà, le ministre des ressources animales et halieutiques qu’il est au sein du gouvernement, Adjoumani était soupçonné de rouler pour le Rdr, particulièrement pour le président Alassane Ouattara, au détriment du PDCI et de son président Bédié, relativement à la mise en place du parti unifié du RHDP.

Ses déclarations ambigües, qui prenaient le contre-pied de la position de son PDCI par rapport au parti unifié, faisaient peser des soupçons sur un deal avec le chef de l’Etat. Toute chose qu’il confirme avec la création d’un courant au sein du PDCI, favorable à Ouattara.

Kobenan Adjoumani n’est pas le seul cadre du PDCI à pactiser avec le président de la république pour la création d’un RHDP tel que voulu par Alassane Ouattara. Cependant, il est celui, et le seul, qui s’est ouvertement démarqué en créant un mouvement, soit-il au sein du PDCI, mais qui dénote d’une rébellion contre le parti et son président.

De ce fait, depuis jeudi, Adjoumani et tous les actuels ministres militants du PDCI ont été éjectés du secrétariat exécutif du PDCI par le président Henri Bédié. Toute décision qui augure d’un lendemain incertain au sein du PDCI pour l’actuel ministre de la Production animale et des ressources halieutiques, et qui pourrait avoir des conséquences sur sa carrière politique.

L’éjection d’Adjoumani du bureau exécutif du PDCI, on la sentait venir après les mises en garde de Bédié contre tous les frondeurs. Le leader de « Sur les traces d’Houphouët » devrait en être heureux. Car pour nombre d’observateurs de la scène politique ivoirienne, il mérite simplement d’être radié du PDCI. Une radiation qui, si les choses ne changent pas, pourrait intervenir lors du prochain congrès du PDCI. Et ce sera la fin d’un homme qui, à la vérité n’arrive pas à mobiliser. Au contraire, sa trop grande « arrogance » ne fait disperser tout autour de lui.

L’histoire récente au PDCI montre que tous ceux qui se sont élevés contre les décisions du Bureau politique et de Bédié finissent dans l’isolement. Alphonse Djédjé Mady, Kouadio Konan Bertin, récemment. Un peu  plus loin, l’on a le cas d’Emile Constant Bombet. Encore que ceux-ci n'ont pas créé de mouvement comme Adjoumani. Le cas le plus grave est celui de l’ex-secrétaire général du PDCI, Laurent Dona Fologo, à qui s’apparente la situation d’Adjoumani.

Ayant marqué son opposition à Bédié, il a fini par être éjecté du PDCI pour aller créer son parti, le RPP, un parti mort-né. Depuis lors, Fologo n’a plus jamais été cet homme politique tant respecté en Côte d’Ivoire. Au contraire, il est devenu objet de raillerie et porte désormais l'étiquette de « l’homme qui sèche son habit où le soleil brille ». Un pseudonyme qu’il pourrait partagé avec Adjoumani, étant donné qu’à la réalité, c’est pour la conservation de son poste ministériel qu’il a osé s’opposer à Bédié « la boussole du PDCI », selon ses propres dires.

Kobenan Adjoumani qui n’a pas la carrure politique de Fologo encore moins son influence, ne pourra pas faire mieux avec « Sur les traces d’Houphouët ». Surtout s’il arrivait à être vomi par Ouattara au cas les rapports entre Bédié et le chef de l’Etat retrouvaient leur bonne santé du passé. La seule alternative pour lui de s’en sortir et assurer sa carrière politique avant que les choses ne tournent au vinaigre est de retourner à son parti ou rejoindre le RDR, comme l'ont fait certains cadres des partis alliés tels que Thierry Légré, Joël N’guessan, etc.