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Politique

Côte d’Ivoire: quelles chances pour Laurent Gbagbo d’être réinscrit sur la liste électorale ?

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Côte d’Ivoire: quelles chances pour Laurent Gbagbo d’être réinscrit sur la liste électorale ?
La Côte d’Ivoire s’apprête à vivre des élections présidentielles en octobre 2025. L’enjeu de ce scrutin suscite, déjà à un an de l’échéance, de vifs remous au sein de l’opinion publique et de la classe politique ivoirienne.

Pour cette échéance électorale, l’ex-président Laurent Gbagbo (2000-2010), dont le nom a été retiré de la liste électorale à la suite d’une condamnation judiciaire, et investi candidat en mai 2024 par son parti, attend toujours d’être réintroduit dans le fichier électoral. Depuis 2020, l’ex-président ne figure pas sur la liste électorale révisée cette année-là, et il n’a pu ni voter, ni se porter candidat.

En 2018, il a été condamné par contumace à 20 ans de prison, avec un mandat d’arrêt international émis contre lui dans le cadre de l’affaire dite du « braquage » de l’agence nationale de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), survenu lors de la crise postélectorale de 2010-2011. À l’époque, alors qu’il était hors du territoire ivoirien, le Conseil constitutionnel avait rejeté sa candidature à la présidentielle, déposée par ses partisans. Seulement quatre candidatures avaient été validées sur les 44 dossiers soumis.


De 2020 à 2024, qu’est-ce qui a changé ?

La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) avait critiqué la Côte d’Ivoire en lui ordonnant, le 25 septembre 2020, de permettre à l’ex-président de participer à la présidentielle du 31 octobre. Elle avait demandé à l’État ivoirien de prendre toutes les mesures nécessaires pour lever immédiatement les obstacles empêchant Laurent Gbagbo de s’enregistrer sur la liste électorale afin de pouvoir concourir.

Abidjan avait toutefois accusé la CADHP de porter atteinte à la souveraineté du pays et avait retiré sa déclaration de compétence, empêchant ainsi la Cour de recevoir des requêtes d’individus et d’organisations non gouvernementales. Ce retrait faisait suite à celui initié par Guillaume Soro, avant que Gbagbo ne suive la même voie.

Pour sa part, la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé, le 31 mars 2021, l’acquittement prononcé en janvier 2019 de l’ex-président ivoirien dans le procès pour crimes contre l’humanité liés aux violences post-électorales de 2010-2011.


Les partisans de Gbagbo fondent leur demande de réintégration sur la nature politique du dossier de la BCEAO. Nombreux sont ceux qui appellent à une décision politique du président ivoirien ou du parlement pour permettre son retour sur la liste électorale. Il apparaît néanmoins évident qu’aucune de ces options ne pourrait se concrétiser sans l’aval du président Alassane Ouattara.

Condition sine qua non ?

Une situation pourrait toutefois pousser Ouattara à agir, dans le cadre de son processus de détente amorcé ces dernières années, marqué par le retour des exilés politiques et la libération de certains détenus. D’ailleurs, l’inéligibilité de Gbagbo demeure l’un des principaux facteurs ayant favorisé ce contexte, contrairement à la décision de la CPI que certains tentent d’invoquer.

Il n’est un secret pour personne qu’un affrontement entre Gbagbo et Ouattara à une élection présidentielle est ce que redoutent le plus les Ivoiriens depuis la crise de 2010-2011. Une telle confrontation pourrait être perçue comme une tentative de revanche de l’un ou l’autre camp, avec le risque de plonger à nouveau le pays dans le chaos.-

D’autant plus que Ouattara, bien qu’il ne se soit pas encore officiellement déclaré candidat, reste le potentiel candidat de son parti. Si Gbagbo n’avait pas déjà été investi par le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) et qu’un autre candidat portait les couleurs du parti, il y aurait plus de chances que ce projet ait progressé sans grande difficulté. Mais dans le contexte actuel, ses chances sont fortement réduites.

Jeu du sablier ou choc de culture ?

Depuis plus de cinq décennies, ce sont les mêmes acteurs politiques qui dominent la scène en Côte d’Ivoire. Dans un contexte africain où le pouvoir à vie est souvent ancré dans les mœurs, que ce soit au sein des institutions traditionnelles ou politiques, l’alternance en douceur au sommet des partis et de l’État demeure rare sans éviction forcée.

Pour un « rajeunissement » de la classe politique et une revitalisation démocratique en Côte d’Ivoire, un changement de paradigme s’impose. Au Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), fondé en 1946 par Félix Houphouët-Boigny, Henri Konan Bédié n’a pris la succession qu’en 1994, à la suite de son décès. Il a fallu attendre le décès de Bédié, le 1er août 2023, avant que Tidjane Thiam ne soit élu comme son successeur lors du congrès de décembre 2023.

La création en 2021 du PPA-CI est née des tensions au sein du Front populaire ivoirien (FPI), fondé en 1982 par Gbagbo et son ex-épouse Simone, entre les partisans de Gbagbo et ceux de Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre (2000-2003), pour éviter une crise interne à son retour de la CPI. Sans oublier l’aile Simone Ehivet, ex-première dame, qui a fondé son propre parti, le Mouvement des générations capables (MGC), en août 2022.

Seule l’émergence d’une nouvelle génération à la tête des principaux partis, accompagnée d’une véritable vitalité démocratique, semble être la clé pour éviter que l’histoire ne se répète en Côte d’Ivoire. « C’est pendant que le vieux seau est encore là qu’il faut en fabriquer un neuf », dit un proverbe africain.
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