Depuis mardi 7 novembre 2017, le général Detoh Letoh témoigne au procès du président Laurent Gbagbo et de son ministre Charles Blé Goudé. Entre plusieurs récits des faits qu’il sait sur la crise post-électorale, le général a expliqué les raisons pour lesquelles il a fait défection dans les rangs des FDS qui défendaient « la république » avec Laurent Gbagbo pour se retrouver dans la « république du Golf » avec Alassane Ouattara.
Le général a montré sa douleur d’être traité par les partisans de Laurent Gbagbo comme un traitre, un faiblard qui a fui la lutte. Il s’est défendu d’être un fuyard, montrant ainsi qu’il fut allé au Golf malgré lui. « Je ne voulais pas envoyer mes hommes à l’abattoir », dit-il. On pouvait lire la tristesse sur le visage du général qui dit avoir tout donné pour son pays, depuis la crise de 2002, sans jamais reculer devant l’adversité quand il avait les armes pour se battre.
Il a aussi expliqué comment les hélicoptères de l’armée française ont bombardé et détruit les camps militaires ivoiriens. « Le 1er bataillon (BASA) a été attaqué par l’aviation. Si vous y arrivez, aucun bâtiment aujourd’hui, tout a été pulvérisé par l’aviation. Aucun bâtiment du BASA n’existe à cause de la déflagration. Les pilotes sont partis du Golf. Je le sais parce que les pilotes sont partis du Golf. Avant-hier j’ai dit ici que je connais deux capitaines de l’aviation française, ils sont partis du Golf et ils ont attaqué, c’était l’armée française », a-t-il raconté la gorge nouée.
Le général Detoh Letoh a également expliqué qu’ils avaient des réunions chaque matin de 9h-12h au Golf, pour faire le point de la situation sur le terrain. Des réunions avec ceux qu’ils appellent « rebelles » devant la CPI, ceux-là qui ont massacré ses éléments (« ils tuaient, je le répète, ils tuaient nos éléments », disait-il) pour qu’ils continuent de les tuer.
On imagine que cela était un moment tragique, moralement difficile à supporter pour le général que de voir ses éléments qui ont décidé de continuer la lutte se faire tuer, avec sa collaboration forcée. Et être obligé de participer à des réunions où l’on planifie la destruction des camps militaires ivoiriens par une force étrangère devrait être de l’absinthe à boire pour Detoh Letoh.
Le fait qu’il ne s’est pas gêné de révéler ce qui se passait au Golf pendant ces réunions en dit long. Il faut indiquer que de tous les généraux qui, pour une raison ou une autre, se sont retrouvés au Golf pendant la crise psot-électorale et qui ont témoigné à la CPI, Detoh Letoh est le seul qui a dit levé un coin du voile sur ce qui se faisait au Golf.
Au procès reprend vendredi 10 novembre 2017 avec l’interrogatoire de la Défense de Blé Goudé.
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