Vendredi 27 janvier 2017, dans une interview à Ivoirematin.com au sujet des récents soulèvements de militaires et de la grève des fonctionnaires, Dr. Boga Sako Gervais, président du Fidhop, a accusé la responsabilité du Président Ouattara, qu’il a appelé à démissionner.
Que vous inspire la révolte des militaires ex-Fafn ?
La mutinerie des ex-rebelles pro-Ouattara, les 6 et 7 janvier dernier est condamnable ; et je la condamne ! Surtout parce que les populations ont été à nouveau traumatisées et terrorisées. En somme, depuis le second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010, la Côte d'Ivoire et les Ivoiriens sont pris en otage !
Les autres éléments dits ex-fds se sont joints à cette mutinerie. Pensez-vous qu'ils ont eu raison de s'y associer?
Je crois qu'il faut faire la part des choses et apporter les précisions qui s'imposent. Je ne crois pas que les ex-Forces de défense et de sécurité se soient jointes aux rebelles. Non. La seule interprétation de leurs réactions, c'est de réclamer aussi au Chef de l'État ce qui leur est aussi dû. Et de ce point de vue, ils ne sont pas les seuls. Les fonctionnaires réclament eux aussi leur dû. Vous savez les militaires, les vrais, sont aussi des fonctionnaires, donc tous se rejoignent.
Et pourtant à la fin, ils n’ont pas été récompensés à la même enseigne !
C'est justement là où le bât blesse. C'est pourquoi le pire est à venir ; c'est inévitable ! Et ce, peu importe les bouleversements dans les chaînes de commandement dans toutes les forces... Et si vous observez bien les pratiques de M. Alassane Ouattara depuis qu'il était Premier Ministre jusqu'à ce qu'il s'impose Chef de l'État par la force des armes, vous remarquerez qu'il reste le champion des injustices, des discriminations, des deux poids deux mesures au sein des populations : chez les enseignants, chez les corps habillés. C'est même lui qui est à l'origine de l'exclusion et de la xénophobie à l'égard des étrangers de la Cedeao, par l'instauration de la carte de séjour. C'est l'homme des divisions en Côte d'Ivoire !
Pourquoi le pire ? Pensez-vous qu’il existe des factions opposées dans l’armée, malgré le travail de réunification depuis la rébellion ?
Depuis le coup d'État de 99 et surtout avec la rébellion de septembre 2002, ces deux événements extrêmement graves dans lesquels le même M. Ouattara est encore cité par certains des acteurs eux-mêmes, l'armée ivoirienne est disloquée, elle est quasi morte. Pourquoi ? Parce que notre armée a perdu la caractéristique essentielle de toute armée, l'esprit républicain. Désormais, règne dans notre pays une faction d'hommes et de jeunes nordistes, qui ont décidé de se venger avec M. Alassane Ouattara et d'écraser le reste des habitants de la Côte d'Ivoire. Et au lieu de travailler à créer une vraie armée nationale, unie et républicaine, ce Chef de l'État exacerbe et aggrave le mal.
Pour remédier à cette récente crise, le président du FPI, Pascal Affi N'guessan, a appelé à un gouvernement de transition et d'union nationale. Quel est votre avis?
C'est une option parmi tant d'autres. Pour ma part, face à un constat aussi lamentable et catastrophique dans la gouvernance indigne d'un économiste devant la plus choquante des erreurs qu'aucun Chef d'État au monde n'oserait jamais commettre, en cédant à un chantage de mutins exigeant douze millions chacun, pour une dette aussi honteuse pour la République, j’inviterais M. Ouattara à tirer toutes les conséquences en rendant sa démission parce qu'il a étalé à la face du monde son incapacité à diriger le pays, parce qu'il humilie la Côte d'Ivoire. Nous n'avons plus de chef suprême des armées parce que, en cédant à ce chantage, ce n'est plus lui qui dirige le pays ; ce sont en vérité les ex-rebelles. La dernière preuve, ce sont les récentes nominations des com-zones.
Pensez-vous sincèrement que le président Ouattara va démissionner, quand son entourage affirme qu'ils seront en danger « si le pouvoir leur échappe » !
La démission est un acte de grandeur d'âme et d'esprit. Elle ne se décide pas par tout homme. L'histoire du monde est là pour nous enseigner. Cependant, les populations ont souvent poussé à la démission des dictateurs qui se croyaient indéboulonnables. Le chassé du pouvoir, après 27 ans de règne au Burkina Faso, notre très cher beau Blaise Compaoré, devenu aussi Ivoirien, est l'un des derniers exemples en Afrique. Donc, si M. Ouattara ne veut pas partir de lui-même, il y sera contraint. Et il n'aura pas le choix.
Ils pourront vous rétorquer que Laurent Gbagbo en qui vous vous reconnaissez ne l’a pas fait
Le Président n'a jamais cédé à aucun chantage; ni à celui des rebelles, à mille et une reprises, ni à celui même des fonctionnaires (je me souviens l'une de nos grèves à l'université avait duré trois mois), ni aux injonctions de la Communauté internationale. Sa seule arme fatale a toujours été le Dialogue : ce Monsieur sait expliquer les choses et convaincre, dans le respect des différences et de la dignité de chacun. Lui, c'est un Politique ! Le Président Laurent Gbagbo.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article