En pole position selon tous les sondages, le plan B de Pastef et candidat de substitution choisi par Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye reçoit une pluie de quolibets en pleine campagne électorale. « Stagiaire », « apprenti impulsif », « candidat chaperonné », « novice », « incapable » … Les moqueries s'enchaînent venant de candidats sur la ligne de départ ou de leurs sous-fifres qui, sentant le vent tourner en faveur du candidat de la coalition « DiomayePrésident », en font une cible privilégiée. Idrissa Seck est le premier à entonner ce refrain. Invité de l’émission Quartier Général de la Tfm, le leader de Rewmi décoche ses flèches assassines.
« Il nous faut un homme compétent avec un vécu pour qu'une fois à la tête de la magistrature suprême, il déroule directement son programme au lieu de quelqu'un qui viendrait en position de stage. Je sais comment fonctionne un État. Comment trouver des ressources grâce à mes relations internationales. Il ne faut pas donner un pays à un novice. La fonction de président de la République est une fonction supérieure et sérieuse. Quand on n’y est pas préparé, il y a des risques de conduire le pays dans des difficultés », lance l’ex maire de Thiès faisant allusion à Bassirou Diomaye Faye. Selon lui, les habits de Chef de l’État et de chef suprême des armées sont trop amples pour les épaules trop frêles du poulain de Ousmane Sonko.
Remixant le même disque, Boubacar Camara -pourtant ex superviseur de la campagne de Sonko en 2019- ne se gêne pas pour donner des coups sous la ceinture. Invité de Walf Tv, l’ancien directeur des Douanes pas peu fier de son CV, lâche : « Il y a des candidats qui n'ont jamais été au pouvoir et qui appellent au changement, à la rupture. Ces gens-là, il y en a qui font beaucoup de bruit, mais ce sont des incapables. Ils ne connaissent que la violence et les mauvaises paroles. C'est un risque de leur donner le pays. Ce sont des aventuriers. Ils doivent encore rester sur la touche pour apprendre. Tu peux avoir un pouvoir politique sans être capable de gérer un pays. Ils doivent aller apprendre. C'est ça la réalité ».
« Le Sénégal, ajoute-t-il, est appelé à passer d'un pays pauvre à un pays pétrolier. Et on veut donner ce pays à des jeunes qui sont encore en formation. Moi, je ne le ferai jamais. Je suis le meilleur candidat pour gérer tout ceci et permettre à ces apprentis impulsifs (Sonko et Diomaye) de mieux se préparer. Ils aiment leur pays, c'est vrai, ils ont des valeurs et ont fait des efforts, mais s'ils viennent, je leur apprendrai comment gérer un pays ».
Il imprime sa marque dès le soir de sa prise de fonction
Gardant le cap malgré toutes ces critiques, Bassirou Diomaye Faye semblait attendre le moment propice pour apporter la meilleure des réponses par des actes qui séduisent au-delà de nos frontières. Donnant ainsi une sévère claque à celles et ceux qui doutaient encore de ses capacités de présider à la destinée du pays. Dès son installation le 2 avril dernier, le nouveau Chef de l’État imprime sa marque en se mettant illico au travail. La toute première mesure émanant du tout nouveau président de la République, est tombée le soir de sa prise de fonction. Il procède sans tarder à la nomination du premier ministre : Ousmane Sonko. De mémoire de Sénégalais, jamais un Premier Ministre n’a été choisi dans un timing aussi éclair. Certes, le choix ne faisant pas l’ombre d’un doute vu le rôle central que Sonko a joué dans l’élection de Diomaye.
Plantant ainsi les geres de la rupture systémique dans tous les secteurs de l’État, le 8 avril le président adresse à l’administration sénégalaise une lettre aux relents mobilisateurs pour une administration responsable et au service exclusif des Sénégalais. Le président Diomaye invite -à travers cet appel- les fonctionnaires de l’État à souscrire au triptyque principiel « Jub, Jubbal, Jubanti » qui gouvernera son magistère et sur lequel il entend adosser la politique publique sous la marque du souverainisme.
Comme annoncé lors de sa prestation de serment, le président fraîchement installé prend une batterie de mesures allant de la révision de certains accords notamment dans le secteur de la pêche (avec l’UE), en passant par la publication des rapports des différents corps de contrôle, l’arrêt de toutes les constructions sur le littoral, la suspension des procédures domaniales et foncières sur le site de Mbour 4, la baisse des prix des denrées de première nécessité, entre autres.
Altruisme et bienveillance à l’égard de nos personnalités
Même s’il est noté un retard à l’allumage dans la mise en œuvre du fameux ‘’projet’’ vendu aux Sénégalais et qui est en phase d’étude et d’élaboration, Bassirou Diomaye Faye pose des actes qui semble rassurer en interne et réconcilie de plus en plus les Sénégalais avec la fonction de président de la République. Ceci, notamment par ses rapports avec les guides religieux, ces régulateurs sociaux qui jouent un rôle prépondérant au Sénégal. C’est d’ailleurs dans ce sillage que s’inscrit sa visite historique dans les cités religieuses de Touba et de Tivaouane (pour ne citer que celles-là) qui a eu mérite de taire les allégations de ceux qui le qualifiaient de salafiste réfractaire aux confréries.
C’est avec le même altruisme et la même bienveillance qu’il s’est illustré auprès de l’Imam ratib de la grande mosquée de Dakar, lors de la prière de l’Aïd el fitr, le 10 avril 2024. Cette marque d’humanité et de respect à l’égard des aînés a encore été rééditée à Paris où le Président a dû réaménager son agenda du reste très chargé pour rendre une visite de courtoisie à son devancier, l’ancien Président de la République Abdou Diouf.
Il redore le blason du Sénégal à l’international
Sur le plan du rayonnement du pays de la Téranga sur la scène internationale après la période critique 2021-2024, le président Diomaye Faye fait du sans faute. Le calendrier de ses visites officiels, leur timing, tout est bien calculé, mettant ainsi en avant une politique de diplomatie de bon voisinage. C’est d’ailleurs ce qui explique le choix de la République sœur de la Mauritanie comme première destination pour le président Faye qui a également privilégié les pays démocratiques. Cependant, ses visites à Conakry, à Ouaga et à Bamako où il a été chaleureusement accueilli par les régimes putschistes en place, font de Bassirou Diomaye Faye le pont (il a été désigné facilitateur lors du dernier sommet à Abuja) entre la Cedeao et ces États ‘’sécessionnistes’’ de l’organisation sous-régionale.
Politique
[100 jours] Élection de Bassirou Diomaye Faye, 3 mois après : Le costume de président de la République lui va bien !
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