L’agression de Marcel Gossio aux funérailles de Dehé Gnanhou est la provocation de trop que Jean Bonin, porte-parole du Front Populaire Ivoirien (FPI) de tendance Affi, ne peut supporter. En tout cas, il l’a fait savoir à son président Pascal Affi N’guessan dans une lettre ouverte, dimanche 5 novembre 2017. Il a menacé Affi de quitter le parti si ce dernier s’entête à vouloir se réconcilier avec le camp Sangaré, malgré le refus de ceux-ci et les humiliations qui leur font subir.
Président,
Avec cette énième agression dont a été victime le Vice-président Gossio, ne juges-tu pas que ces gens avec qui tu veux absolument faire l’unité du Parti n’ont plus rien à faire et à voir avec nous ? Quels actes de plus ou de trop doivent-ils poser pour que tu te rendes compte qu’ils ont franchi le rubicon et la porte du non-retour à la raison ?
M. le Premier Ministre,
Peut-être préfères-tu ignorer ou oublier le mal qu’ils te font. C’est ton droit. Mais au delà de ta personne ils font du mal au FPI et même à l’image d’homme de paix et de dialogue du président Gbagbo pour qui ils prétendent se battre. Du pain béni pour le RDR. Nous qui te soutenons pour ta vision d’une Côte d’Ivoire réconciliée, de dialogue, de paix et de développement, nous voulons aussi rappeler à ton bon souvenir certains faits.
En 2014 :
1 - Koffi Jean, proche de Odette Lorougnon, a agressé en plein Comité central Madeleine Eba parce qu’elle te défendait. Cela est resté sans suite judiciaire ou disciplinaire.
2 - Lida Kouassi, ex ministre, proche de Sangaré, a voulu en plein comité central agressé le Pr Abouo N’dori, parce qu’il te défendait. Cet acte est resté impuni.
3 - Koné Boubacar, Directeur de protocole du Pdt Gbagbo, a insulté en plein Comité Central Apo Agnès Aye-monnet parce qu’il n’acceptait pas sa nomination en qualité de SG du parti. Par respect pour la gente féminine, je n’ose même pas retranscrire ici la violence et la vulgarité des propos qu’il a tenus à son endroit. Cet acte est aussi resté sans suite.
En 2015 :
- aux funérailles de la mère de Gbagbo à Yopougon, toi-même tu as été molesté sous le regard approbateur et impassible de Sangaré. Tu ne leur en as pas tenu rigueur.
- à la messe de requiem de la mère de Gbagbo, des écoliers ont été montés pour bloquer ton cortège et te huer, sous les yeux complices de Danon Djédjé.
- à Divo, des jeunes se réclamant de la fronde ont agressé la vice-présidente Yvonne Delompu Bouabré Abane parce qu’elle était en tournée d’explication de crise du FPI.
- en tournée diplomatique en France, des GOR ont agressé Brigitte Kuyo et Koné Ladi Issa Sankara et ont essayé par la force d’empêcher la tenue de ta conférence.
En 2016 :
- tu t’es rendu chez Sangaré, à son domicile, pour lui souhaiter tes condoléances lors du décès de sa mère. Des jeunes surexcités sous le contrôle de Koné Boubacar ont lapidé ta délégation avec des cailloux et lancé des chaises sur toi.
- lors des législatives, plusieurs de nos candidats ont vu leurs affiches déchirées non pas par des militants du RHDP mais bien par ceux du camp Sangaré.
En 2017
- agression il y a une semaine à nouveau à Paris de Sankara Ladio sous les yeux de Koné Katinan Justin et de Akoun Laurent.
- Agression hier du vice-président Marcel Gossio lors des obsèques de Dehé Gnanhou sous le regard approbateur et impassible des responsables de la fronde.
Honorable Pascal Affi N'guessan,
Pour la paix, tu as proposé en 2014 à Sangaré, en présence de chefs et rois coutumiers Agnis et Bhétés, d’envoyer une délégation commune à la CPI pour aller demander à Gbagbo s’il avait effectivement signé une lettre de candidature à la présidence du FPI que certains lui attribuaient, il a refusé. Pourtant c’est cette lettre falsifiée qui est au cœur de la crise interne du FPI et cette mission auprès de Gbagbo aurait permis de lever tout doute.
M. le Maire, M. le Député, Président,
Pour l’unité du FPI, tu as depuis 2013 discrètement posé des actes que de nombreuses personnes ignorent :
1 - tu as créé un Groupe de Contact de haut niveau pour la réconciliation au FPI. Groupe composé entre autre de Christine Nebout Adjobi et de Amani Nguessan Michel. Sangaré a refusé à plusieurs reprises de les recevoir. Tu n’as pas pour autant baissé les bras.
2 - tu t’es rendu une 1ère fois au domicile de Sangaré pour échanger avec lui. Il a refusé de t’ouvrir sa porte.
3 - Tu t’es rendu chez Sangaré, une 2ème fois en compagnie de Sangare Issiaka, son frère cadet, à l'occasion du décès de leur mère. Même dans le deuil, il a encore refusé de te recevoir mais a reçu les condoléances du RDR.
4 - tu as, une fois de plus, en ma présence, demandé au doyen Bernard Dadié de conduire une mission de conciliation. Il t’a rapporté que Sangaré dit qu’il n’en veut pas.
5 - tu t’es rendu à Gagnoa, lors du décès de la mère de Gbagbo organisés par Sangaré, ils ont refusé, à l’église, que tu t’asseyes auprès d’eux. C’est la délégation du PDCI qui t’a fait une place près d’eux.
6 - tu n'as jamais exclu qui que ce soit du FPI, mais Sangaré et autres disent t’avoir radié du FPI lors de leur simulacre de congrès de Mama.
7 - Sangaré est membre fondateur de la CNC et du Front du Refus. Ceux-ci intègrent certains qui ont combattu Gbagbo (Doumbia Major, KKB, Anaky...) mais il refuse d'être membre de L'AFD qui regroupe ceux qui n'ont absolument rien à voir avec l'extradition de LG à la CPI tels que Sam L'africain, Tia Monnet, Konan Blé Oswald ou Norlander Blé…
8 - Ils prennent prétexte de ce que tu prônes le dialogue républicain et que tu sois parti aux élections pour te faire passer dans l’opinion publique pour un traite. Et pourtant, ce sont eux qui bénéficient des largesses du gouvernement ; lequel a notamment intimé l’ordre au sous-préfet d’Alépé de les laisser organiser leur fête illégale de la liberté du FPI.
9 - Suite à l’appel à l’unité du Pdt Gbagbo « autour » de Sangaré, tu nous as dit « même si c’est autour de Sangaré ce n’est pas le plus important. Mais déjà, il faut qu’il m’appelle pour qu’on discute des modalités de l’unité ». Il ne l’a jamais fait. Tu as mandaté des guides religieux pour aller le rencontrer afin que vous vous parliez. Il leur a promis qu’il viendrait le mercredi dernier te voir. Toi et les guides religieux vous l’avez attendu toute la journée. Non seulement il n’est pas venu mais a refusé de décrocher tous vos appels, y compris celui du doyen Abou Cissé.
Président Affi, honorable,
Pour faire la paix, il faut être deux. Manifestement, ces gens refusent l’unité. Pourquoi toi aussi tu refuses obstinément d’en tirer les conséquences évidentes qui s’imposent : acter de l’impossibilité de l’unité. Malgré tous les actes de paix posés par Houphouet Boigny et Laurent Gbagbo, tous deux n’ont jamais reçus le prix Nobel de la paix. Tu ne le recevras pas non plus.
J’ai adhéré au FPI pour croyais-je sa vision de la démocratie et son programme de gouvernement et non pour m’acoquiner avec une horde de voyous et de rancuniers. J’ai décidé de faire de nombreux sacrifices pour le FPI à cause de son programme de gouvernement et non pour faire le culte de la personnalité.
Mon Président, M. le 1er Ministre,
Crois-moi, ils sont nombreux ceux qui souhaitent une vraie opposition à Ouattara. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils cautionnent la violence qui règne au FPI. Ils sont nombreux ceux qui veulent le retour de Gbagbo mais pas forcément pour que les haineux reprennent le pouvoir. Ils sont nombreux ceux qui hésitent à te rejoindre car l’aile radicale du FPI ne les rassurent pas. Ils sont nombreux ceux qui croient en la vertu du dialogue et de la politique apaisée et qui veulent te rejoindre mais ne le feront pas tant qu’ils n’ont pas une claire lisibilité de l’orientation de ta politique interne et de tes propositions pour la Côte d’Ivoire. Or, force est de constater que tu passes plus de temps à régler la crise interne qu’à combattre la mauvaise gouvernance de Ouattara.
Président,
Qu’est-ce que tu gagnes à vouloir coûte que coûte renouer avec des gens qui font croire à des naïfs et des endoctrinés que :
- Ouattara t’a nommé chef de l’opposition alors que le statut de chef de l’opposition n’existe pas en Côte d’Ivoire,
- tu as fait enfermer tes camarades alors qu’ils y sont pour divers chefs d’accusation dont celui d’atteinte à la sûreté de l’Etat,
- tu « manges » avec Ouattara alors que, impuissant, ton allié Sam l’Africain se meurt en prison et que tes plus proches collaborateurs que sont Gossio, Benjamin Yapo Atseé, Williams Ateby ont eux encore leurs comptes gelés pendant qu’eux perçoivent, depuis 2013, leur rente viagère et jouissent de la plénitude de leur avoirs.
- le fait d’avoir négocié la libération de plus de 312 détenus politiques n’est rien.
- tu ordonnes le paiement des avocats de tous les détenus politiques n’est pas important.
Président Affi,
J’observe jusqu’au 31 décembre 2017 où tu entends ainsi nous conduire. Après cette date, j’aviserai. Il y a l’AIRD-CI de Eric Kahé, le Cri-Panafricain de Abel Naki et tant d’autres partis politiques qui méritent que je mobilise mon énergie et mon temps pour défendre à leurs côtés des idées nobles et combattre l’injustice sous toutes ses formes...
Président,
Ce n’est pas une menace encore moins un ultimatum. Cher aîné, cher ami, j’ai trop de respect pour toi pour en arriver là. C’est un cri de cœur. Je tire la sonnette d’alarme car avec cette énième agression gratuite et sans conséquence du vice-président Gossio je crois que si nous n’y prenons garde, nous risquons de nous enfoncer dans une spirale de violence, chaque jour un peu plus lâche et perfide. Je refuse cela. Je refuse que mon nom soit associé à tout ce Capharnaüm. Président, en 6 mois d’existence Macron a pris le pouvoir en France, sur un programme et non sur le nom d’un parti dont des bijoutiers disent qu’ils en détiennent les droits d’auteur en France. Trop c’est trop.
Jean Bonin
Juriste
Citoyen Ivoirien
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